[Flash-back] Are You Serious ? (pv Diki/Jake)

J'avais pris ma douche, m'étais habillé comme à mon habitude à savoir, t-shirt, pantallon et pull noir. Je me plaçai ensuite devant le miroir de ma salle de bain, pris ma tondeuse et rasai ma barbe avec le petit sabot, pour avoir un effet de barbe de trois jours, sans que ça fasse trop fournit. Je tournai la tête à gauche, à droite pour m'assurer que l'ensemble était harmonieux, prenant soin d'éviter ma cicatrice. J'avais reçu cette dernière, deux jours plus, elle partait du coin extérieur de mon œil et allait presque jusqu'à la commissure de mes lèvres. C'était encore bien douloureux... D'ailleurs, lorsque j'eus fini de me raser, j'entrepris de continuer les soins sur cette satanée plaie. Une fois cela fait, je me coiffai en mettant mes cheveux en arrière. Parfait.

J'étais prêt, enfin à un détail près... J'aurais voulu prendre l'arme que je stockai ici, mais... Je dus la confier à Phoenicia deux jours plus tôt. Mon cœur se serra dans ma poitrine. La jeune femme avait découvert qui j'étais réellement en me suivant alors que j'étais sous l'identité de Phoenix. Elle m'avait vu commettre un meurtre, elle m'avait reconnu, ma carrure, la cigarette que je fumai... Et dire que j'avais failli mettre fin à ma vie, ce jour-là... Heureusement que j'avais changé d'avis au dernier moment. J'avais même jeté l'arme à terre, mais avec le choc, le tir parti... Par chance, la balle se logea dans le mur derrière moi... Avant de me quitter, Phoenicia avait récupéré le flingue, pour éviter toute bêtise.
Voilà pourquoi je me retrouvai sans rien, comme un con. Je soupirai. Il m'en fallait une. C'était ma marque, mon truc. Non, je n'allais pas l'utiliser contre moi, mes idées suicidaires m'étaient passé depuis, merci.

Tout en ressassant ses derniers moments de ma vie, je me dirigeai vers ma chambre, m'assis sur le rebord du lit et mit mes bottes de motard, noires. Je me relevai ensuite et descendis au rez-de-chaussée, pour mettre ma veste en cuir, également noire, qui était suspendue à côté de la porte d'entrée. Oui la couleur, ce n'était pas franchement mon truc et puis, je n'avais pas l'esprit joyeux, dira t-on, venant fraichement de me séparer de la femme que j'aimais et qui attendait mon enfant, de surcroit. Je pris ensuite mes clefs de voiture, posées sur le petit meuble de l'entrée. Je sortis pour verrouillai la porte, puis je montai dans ma voiture que je démarrai d'un quart de tour, alors que je m'allumai une cigarette.

Dans un premier temps, je m'arrêtai à mon armurerie pour récupérer l'arme que je cachai sous le comptoir. Je la fixai à ma ceinture, me sentant immédiatement un peu mieux. Je repris ensuite la route...


À une centaine de mètres du QG, je mis mon masque sur le visage. Je garai mon véhicule puis entrai dans le bâtiment. Je devais rejoindre Elektra dans la pièce de l'aile nord, tout au fond du couloir. Elle voulait me parler de quelque chose d'urgent...

Un nouveau nuage de fumée s'échappa entre mes lèvres. Je venais de terminer ma cigarette, mes poumons avaient beau être noirci comme du charbon, mon envie d'en reprendre une était forte. Cependant, je réussis à me freiner, je savais que la femme que j'allais rejoindre n'était pas du genre à fumer...
J'arpentai donc le couloir qui menait à la pièce du rendez-vous de l'aille nord. En tête, j'avais une musique qui tournait en boucle dans ma voiture, "Highway To Hell". Que voulez-vous j'aimais le rock, le bon, le vieux! Mes pensées étaient tournées vers Phoenicia, je lui avais dit de partir... Que je ne savais pas si on allait pouvoir se remettre ensemble... Que le bébé serait mieux sans moi... J'en avais un pincement au cœur, mais c'était ce qu'il fallait faire. On avait pris la bonne décision...
Et dire qu'il y a deux jours à peine, j'avais failli passer à l'acte en voulant me tirer une balle en pleine tête... Le plus cruel la dedans : même le destin ne voulait pas de ma mort puisque lorsque j'avais jeté l'arme et que la balle partie enfin, ce fut que pour se planter dans le mur derrière moi...

Je soupirai en secouant la tête, chassant ses pensées noires. Je devais me faire violence pour garder en tête qu'à présent, seule l'Opposition comptait !
J'arrivai enfin devant la porte de la fameuse salle. Une voix derrrière, gromelait en disant qu'il fallait se dépécher. Oula... J'étais pourtant, comme à mon habitude, bien à l'heure. Je me demandai si Elektra n'était pas du genre à venir bien trop en avance, finalement... Qu'importe, car, au moment où j'ouvris, elle se jeta sur moi... Ou plutôt sur la porte, qu'elle referma dans un claquement. Bien, elle semblait être de mauvais poil, je me demandai si elle n'avait pas commencé sa mauvaise période du mois... Croisant les bras, elle se posa face à moi. Son regard en disait long alors qu'elle n'avait pas encore ouvert la bouche. Et dès qu'elle le fit, ce fut pour me dire de ne pas y aller. Quoi? Où? Ho....

"Bonjour Elektra, moi aussi, je suis heureux de te voir..."

J'avais articulé ses mots de ma voix grave quoi qu'un tantinet cassée.

"Laisse-moi deviner... Tu parles de la soirée prévue pour la fin du mois ?"

Je la regardai droit dans les yeux, sans manquer d'aplomb. Si elle pensait m'intimider ainsi, elle avait tort...

"Te fous pas de ma gueule" ... Voici les mots que la jeune femme venait de me dire... Et bien ! Si je m'attendais à me faire remonter les bretelles ce jour-là. Je soupirai longuement. Après ce que j'avais vécu l'avant veille, ma patience risquait d'avoir moins de limite qu'à mon habitude. Je relevai la tête, lui montrant que j'étais prêt à encaisser ses paroles. En réalité, j'attendais simplement qu'elle finisse pour pouvoir enfin l'ouvrir à mon tour. Elle me confirma que ce rendez-vous dans cette pièce, était bien pour discuter de la soirée, ou de cette "putain de soirée" si je devais réemployer ses thermes... Les doigts de ma main gauche caressèrent le sommet de mon paquet de cigarettes rangée dans la poche de ma veste. Quelque chose au fond de moi, me disait que j'en aurais besoin... Ce fut à ce moment que le ton de la voix de l'opposante, monta en décibels. En réalité, elle me criait littéralement dessus !
Je n'aimais pas ça... Pas du tout. Je fronçai les sourcils alors qu'elle rajouta le détail secret de cette soirée piégée... La bombe. Ce mot raisonna presque dans la pièce.
C'était le bon moment de m'en rallumer une ! Je sorti la cigarette et l'allumai avant de la porter à mes lèvres. Après avoir soufflé un premier nuage de fumée, les yeux fermés, je finis par lui répondre.

"Ça n'engage que moi. On a le choix de participer ou non, tu connais le mien, et je suis au regret de te dire que ce que tu penses ne me fera pas changer d'avis..."

J'avais prit la même voix qu'un peu plus tôt. Non, je ne lui criai pas dessus, étonnant d'ailleurs pour une personne telle que moi... En réalité, je trouvais même étrange de la voir s'inquiéter autant.

"Tu sais que l'Opposition passe en priorité pour moi. Alors, pourquoi est ce que tu ne comprends pas mon choix ? Il est évident pourtant. Il se passera ce qu'il se passera, mais si on ne prend pas de risque, on n'avancera pas, tu comprends ?"

Pour ponctuer ma phrase, je pris une nouvelle taffe tandis qu'elle remarquait la marque sur mon visage. Merde ! De ma main libre, je réajustai mon masque qui ne pouvait pas cacher intégralement la plaie qui descendait trop bas vers mes lèvres.

"Rien, un type que je devais abattre et qui a choisit de ne pas se laisser faire..."

C'est sûr que résumer ainsi, la cicatrice paraissait tout de suite plus infime...

"Pourquoi tu réagis comme ça à ma décision ? Je ne serais pas le seul à y aller, pourtant..."

Je la regardai droit dans les yeux, à présent, c'était moi qui attendais une réponse...

En réalité, j'avais sorti une cigarette dans l'unique but de m'aider à me détendre. J'étais à fleur de peau, même si ça ne se voyait pas vraiment. Comme on était en train de faire une joute de regard, pour savoir lequel de nous deux allait tomber le premier, Elektra avait put remarquer que quelque chose clochait dans mon regard. En effet, mes yeux étaient comme vides, cela me faisait paraitre absent. Je ne pouvais pas lui dire qu'une partie de moi était restée avec Phoenicia... Je semblais être une coquille vide, malgré le fait que je n'avais plus de tendance suicidaire depuis deux jours...
Ce fut cette unique pensée qui me fit détourner les yeux de l'opposante. Je pris une nouvelle inspiration sur mon poison qu'était la cigarette puis expira en secouant la tête. La jeune femme qui était face à moi, me plaisait, et voilà comment je le lui montrais... Quel idiot. Alors que je m'adossai contre le mur près de la porte, j'écoutai ses réponses. Et, même si elle ne semblaient pas être totalement claires, je commençais à comprendre ce qu'elle voulais me dire... Je ne pensais pas me faire trop d'idée et le fait qu'elle ai du mal à me répondre franchement, ne faisait qu'appuyer mes doutes.
Pourquoi réagissait-elle comme ça, Avais-je vraiment envie de l'entendre dire?

"Oui."

Court et simple. Ma réponse n'avait pas traîné. J'en profitai pour écraser sous ma botte de motard, la cigarette que je venai de terminer. Ce fut à cet instant que nos regards se croisèrent de nouveau. C'est alors que je vis quelque chose briller dans ses yeux, une larme. Merde...

"Tu tiens à moi, à ce point-là ?"

Touché par cette réaction inattendue, je ne pus m'empêcher de sourire. Je ne l'avais pas fait depuis quelques jours à présent. J'hésitai quelques secondes en la voyant dans cet état, puis fini par m'avancer vers elle, tendant la main dans le but de sécher cette larme, causée par ma faute.

"Oui"... Elle aussi se mettait aux réponses concises maintenant. Je laissai mon bras retomber le long de mon corps en l'entendant prononcer ce petit mot. Donc elle avait des sentiments réels à mon égard. Et bien... Je ne m'attendais pas vraiment à ça. Je pensais que c'était à sens unique, c'est vrai... C'est alors que je vis ses beaux yeux se remplirent de larmes avant de tourner la tête. Cherchait-elle à me dissimuler ses pleurs ?
J'avais quitté une relation pour en retrouver une autre qui était en train d'éclater au grand jour, là, devant mes yeux. Je ne savais plus quoi penser... Oui, je l'aimai bien... C'était même plus que ça, finalement. Ce détail qui n'était pas des moindre, je le compris dès que je la vis essuyer ses pleurs, causés par la faute, d'un revers de bras. Elle prit ensuite ses distances avec moi. Je m'assurai que mon masque était toujours en place, puis je croisai les bras.

"Ne te mets pas dans un état pareil pour moi... S'il te plaît... Si j'ai accepté de rejoindre l'opposition, c'est aussi parce que je connais les ris.."

Elle me coupa pour me redemander de ne pas y aller. Cette fois-ci, elle avait troqué ses cris de rage, contre une voix plus posée. Je secouai malgré tout, la tête. Elle n'avait pas compris mon degré d'implication que j'offrais aux opposants. Si elle refusait de l'accepter, je n'y pouvais rien. Je serrai les poings. Je m'en voulais déjà alors que je n'avais pas encore prononcé la moindre phrase :

"Ma décision est prise. POINT !"

Mon dernier mot était assez clair. Je voulais clôturer cet échange. Elle avait beau être une forte tête, l'était bien pire que ça... Ça y est, l'envie de nicotine revenait à la charge. J'ignorai malgré toute cette tentation. Pour tenter de me calmer, j'enchainai d'une voix plus calme :

"Je ne veux pas te blesser, et si c'est le cas, j'en suis désolé... Tu as cas t'éloigner de moi, toi aussi..."

Merde... Emporté par mes émotions négatives qui s'accumulaient et m'étouffaient, et celles positives auxquelles je ne m'attendais pas, je m'aperçus que trop tard que j'en avais déjà trop dit. Je serrai d'avantage mes poings, tandis que ma cicatrice me brulait le visage.

"Je t'aime beaucoup, tu sais..."

L'homme que j'étais et qui ne disait jamais rien en ce qui concernait ses sentiments, venait de faire tomber le masque, au sens littéral bien évidemment. Pourtant, son entêtement à vouloir me faire changer d'avis, me tapait sur le système... Je croisai les bras pour cacher mes poings serrés qui commençaient à trembler suite à mon manque de patience légendaire.
Je me demandai bien ce qu'elle allait répondre à ma dernière phrase, ou comment elle allait réagir...

"Mais... Mon choix est fait, on ne m'a pas forcé la main. La seule chose que tu dois faire maintenant, c'est de l'accepter, ou d'en faire simplement abstraction, le temps que ça se fasse... S'il te plait."

Évidemment, je n'étais pas idiot. Je savais éperdument qu'une bombe qui explosait, faisait indéniablement des victimes ... Je devais juste faire attention à ne pas en faire parti. La notion de peur m'avait totalement abandonné, seule l'excitation, ce semblant d'adrénaline m'habitait à présent depuis deux jours, allez savoir pourquoi...
Je regardai Elektra attentivement, elle ne bougeait pas. Pire même lorsque je vins me livrer à elle, rien ! Elle n'eu pas la moindre réaction... J'avais l'impression d'avoir perdu un moment pour me taire. Ce fut à cet instant qu'elle gagna au jeu du regard qu'on faisait depuis tout à l'heure, puisque je détournai le mien, en soupirant. L'ambiance était devenue soudainement glaciale, dans cette pièce...

Finalement, c'était peut-être cela qui me fit changer de ton... J'avais vu son regard se poser sur mes poings serrés, que je finis par cacher en croisant les bras. Elle savait donc que la colère était en train de me gagner. Elle commençait à me connaitre. Pourtant, j'arrivais à garder le contrôle, je m'en sortais plutôt bien.
Pourtant, quand enfin, je lui demandai d'ignorer mes choix, elle préféra contourner la question en me disant de faire comme je le voulais, avant de s'approcher d'un pas lent vers moi et de m'embrasser sur la joue. Ce moment était tendre... La tendresse, je ne savais même pas qu'elle en était capable...
J'entrouvris les lèvres pour lui parler, mais déjà elle avait fait demi-tour, pour s'en aller... J'avais remarqué son pas plus rapide.

Je l'avais blessé, je le savais. Je soupirai tout en m'adossant au mur, gardant les bras croisés. Si la bombe ne me tue pas, ce sera elle qui s'en chargera... Pensais-je alors, esquissant un faible sourire.