Coups de feu dans la nuit [PV Ben ST200] FLASH-BACK

On était le 30 octobre 2039.
Si on se fiait à ma montre, fixée à mon poignet droit, vingt-trois heures allaient sonner. J'étais vêtu d'un pull, d'un jean, et d'un bonnet et un sac à dos le tout, noir. Ho, j'oubliais, j'avais aussi mon arme, mon Smith et Wesson, fixé à ma ceinture.
Le noir, c'était probablement l'une des seules "couleurs" que j'appréciais... Mais revenons plutôt à nos moutons, vous voulez bien ?
Un vent froid s'était levé. Je me trouvais devant l'un des entrepôts de la grande firme Cyberlife. Vous connaissez ? Mais oui forcément...
Qui ne connaît pas "Cyberlife"! Pfff Et dire que j'y ai travaillé, chez eux. Durant 16 longues années vous imaginez? Et vous savez ce qui s'est passé ? Un beau jour, un foutu androïde est rentré dans MON bureau, et m'a foutu à la porte pour pouvoir mieux me voler MON travail ! J'ai été remplacé par un tas de ferraille.
Depuis, je m'étais bien vengé, mais... J'avais encore ce goût amer en voyant quoi que ce soit qui me ramenais à mon ancienne vie tranquille.
Je secouai la tête pour me ramener au présent.
Je cherchais du regard mes collègues que je devais rejoindre. Ha ! Là ! Je franchis le portail pour me diriger vers Ethan. Il faisait au moins une tête de moins que moi.
Une fois à sa hauteur, je reconnus Aaron et Noah. On était quatre ce soir-là... Quatre pour voler le maximum de pièces détachées et éventuellement quelques litres de Lithium.
Le bâtiment était immense, mais le stock à piller était dans la pièce de droite. L'équipe avait été informée en amont.
Les trois hommes et moi-même, entrâmes dans la dite pièce. Il faisait sombre. Trop sombre. Noah alluma sa lampe torche pour que l'on puisse mieux y voir.
Bingo ! C'était le jackpot ! On échangea quelques regards victorieux avant de remplir de pièces détachées, nos sacs à dos respectifs. J'allais enfin fermer le mien quand mon regard se posa sur une ombre. Dehors. D'un signe de tête Ethan, nous indiquâmes qu'il fallait sortir. On obéit. Il était le chef du groupe ce soir... Une fois à l'extérieur... Rien. Il n'y avait personne.

"On a ce qu'il faut... On peut y a..."

Avait commencé Aaron. Mais il fut coupé avant d'avoir pu terminer sa phrase.

"Personne ne bouge d'ici... C'est bien clair ?"

Nous quatre, nous retournons vers la voix. Il s'agissait d'un homme, un mètre quatre-vingt à vue de nez... Mais ce n'est pas ce qui me marqua le plus. Non. Dans sa main, il tenait un Kel-Tec PF. Cette arme n'était pas toute jeune puisqu'elle datait de 2006... Elle avait fait ses preuves au sein des vigiles et autres forces de l'ordre... Veuillez m'excuser... Les armes sont devenues ma nouvelle passion, si bien que j'ai monté ma propre armurerie en ville... Mais je m'égare.
Ce type avait ce pistolet braqué sur nous !
Il fallait qu'on déguerpisse d'ici... Vite ! Mais si on se mettait à détalé comme des lapins, le vigile allait nous abattre.. J'allais intervenir avec mon arme, mais Ethan bougea plus rapidement que moi. En l'espace d'une fraction de seconde, je vis tout ce qui allait se passer.
Le vigile allait faire face à notre chef, au vu de l'inclinaison de son bras, notre ennemi allait viser la tête pour être sûr de ne pas le rater.
Mon reflex fut celui-là : je m'interposai alors qu'un tir retenti.
La douleur fut bien présente. Si vive que j'étais à l'agonie. Tout tourna autour de moi et je m'écroulai sur le côté. Un autre tir se fit entendre, puis le corps du vigile, sans vie, tomba face à moi.
J'entendis de la précipitation autour de moi.
J'avais mal à l'épaule. La gauche. Est ce que mon cœur avait été touché? Non... Puisque j'étais capable de penser... De repentir les choses... D'avoir mal... J'esquissai un faible sourire. Je venais de sauver Ethan... La balle qui devait le toucher à la tête, m'a eu à l'épaule... Il avait bien une tête de moins que moi, finalement...
Alors que j'étais perdu dans mes pensées, je sentis des bras me saisir pour me relever. Un liquide chaud glissait le long de mon corps. Mon sang.
Je fus emmené vers l'extérieur, passant par le portail. Une fois dans la ruelle, je réussis à me dégager de leur emprise qui se voulait bénéfique.

"Phoenix, qu'est ce que tu fou ?"

Me gueula Ethan à l'oreille, tandis que je m'adossai au mur le plus proche, alors que mon visage était crispé par la douleur.

"Partez..."

Je venais de lui donner un ordre. Moi ? Il faut croire que oui... Tout en lançant mon arme à Aaron, je n'en aurais plus besoin, j'enchaînais par un :

"Dégagez!.."

Le groupe comprit ce que je faisais. Je leur faisais gagner du temps. Temps qu'ils ne perdraient pas à essayer de trainer un homme, sans doute déjà perdu. Je m'étais dévoué pour pouvoir les sauver... Il fallait qu'ils s'en aillent.
Chose qu'ils firent en silence, se dispensant dans les autres rues.
Une fois sûr que personne ne puisse me voir, je gémis de douleur, tout en me laissant glisser contre le mur. Je perdais beaucoup de sang. Je fermai les yeux quelques instants, guettant la sirène d'une voiture de patrouille... Avec les tirs échangés, les habitants environnants n'allaient pas tarder à appeler la police...

Cela faisait maintenant plusieurs minutes que j'étais assis là, à même le bitume. Tout tournait autour de moi, à moins que ce ne soit qu'une simple sensation liée au fait que j'étais en train de perdre pas mal de ce liquide de vie qu'on appellerait plus communément du sang. Ma main droite était venue se plaquer contre ma blessure, cherchant à stopper l'hémorragie. Naturellement, je ne restai pas stoïque face à ça. Mon visage s'était crispé et mes lèvres gémissaient quelques sons d'agonie. Ce fut au moment où je fermai les yeux que j'entendis des petits bruis, devenir de plus en plus fort à mes oreilles. Lorsque je rouvris mes yeux, ils se posèrent sur une silhouette. Sur le moment, je crus à un policier. Je me pensais mort.
Mais à mesure ou la personne avançait, je distinguais plus de détails. Non. Pas d'uniforme. Juste un passant... Je plissais les yeux pour me forcer à voir clairement, (je ne portais que rarement mes lunettes et c'était un tort, je vous l'accorde) je reconnus le modèl... ST200. Un androïde. Je clignai rapidement plusieurs fois, tandis qu'il s'accroupit face à moi. Il me détaillait, et plus particulièrement ma blessure. Qui ne l'aurait pas fait ? L'androïde brisa le silence qui devenait quasiment posthume pour me demander si je l'entendais. J'entrouvris mes lèvres, mais au lieu d'une réponse claire et audible, ce fut un petit son plus ou moins rauque qui en sortie. J'avais la bouche si sèche... Pour lui répondre plus clairement, je hochai la tête en signe d'acquiescement tandis que les sirènes au loin commençaient à se faire entendre. On resta ainsi pendant quelques secondes tout au plus, mais ce laps de temps me parut être une éternité. Il déchira un morceau de son haut pour finalement en faire un garrot de fortune. Dès que le tissu entra en contact avec la plaie, je me mis à grimacer, serrant les poings jusqu'à ce que la douleur se calme très légèrement. Je réussis à ravaler ma salive pour répondre au ST200 qui me demandait si j'étais capable de me relever, mais il mit le geste à mes paroles qui pour le coup, restèrent silencieuses. Il me releva en me maintenant avec mon bras valide. Je pris appui sur ses épaules pour me hisser sur mes pieds tandis qu'il m'aidait en me tirant vers le haut. Une fois, debout, je titubai légèrement, mais il me retint de justesse.

"Merci..."

Murmurais-je, sincèrement, sans vraiment être certain de ce qu'il se passait autour de moi. Je ne sus pas vraiment par comment on était arrivé devant un immeuble, m'étais-je évanouis, ou avais eu un simple trou de mémoire ? Dur de le savoir. L'important était que je savais que je me trouvais dans un appartement, et non en cellule ou je ne sais pas où... L'androïde m'attira jusque dans sa salle de bain. Mes pas n'étaient plus coordonnés et ce n'était pas à cause de l'alcool pour une fois... Une fois la lumière allumée, il me demanda de ne pas bouger, qu'il allait m'aider. Au point ou j'en étais, je ne pouvais que lui faire confiance, il m'avait sorti de la ruelle... Moi, un homme blessé et qu'il ne connaissait pas.
De deux choses l'une, soit cette machine était complètement folle, soit, ses intentions étaient véritablement de me venir en aide. Au vu de l'état de mes esprits à ce moment précis, je préférais aller à la simplicité et me persuader que ses intentions étaient bénéfiques. Je me consolais en me disant que c'était bien une trousse de secours qu'il était en train d'ouvrir sous mon nez.
Je dus m'adosser, debout contre le mur pour être sur de ne pas trop bouger pendant qu'il pratiquait les premiers soins. Il commençait par découper mon t-shirt dévoilant une blessure qui avait arrêté plus ou moins de saigner. Ce fut l'instant que je choisis pour briser à mon tour le silence qui était devenu presque trop pesant articulant entre les dents, à cause de la douleur :

"Pourquoi... Est-ce que vous m'aidez ?"

Évidemment, il n'y avait ni reproche, ni aine ni la moindre amertume dans ma voix. Il s'agissait d'une pure intérogation venant de ma part. La curiosité, l'un de mes pires défauts sans doute (avec la luxure et le fait que je sois un gros fumeur doublé d'un adorateur de certaines boissons alcoolisées).
Une forte douleur me gagna. Tout mon corps se crispa l'espace d'un instant alors qu'un petit bruit métalique se fit entendre. Il venait enfin de retirer la balle. Je pus enfin de me détendre légèrement. La partie boucherie des soins, était passée...
L'androïde s'attaqua désormé à la désinfection de la plaie. Très vite, cette dernière arrêta enfin de saigner. Puis arriva le moment du bandage. Je ne pouvais pas avoir mon mot à redire puisqu'il s'était bien débrouillé.
Sans perdre de temps, il me tendit dans la foulée, un verre d'eau ainsi qu'un anti-douleur. Je ne réfléchis pas longtemps et m'exécutai en avalant le comprimé. Je lui retendis ensuite le verre vide.

"Je. Je vous dois une fière chandelle."

Je n'étais pas quelqu'un de bien, non, mais j'avais le mérite d'être franc. Ce fut à cet instant que je me rendis compte d'une chose. Je ne m'étais pas présenté à la machine. On avait été pas mal occupé, il fallait le reconnaitre.

"Je m'appelle Jake, Jake Price."

Je souris en coin tout en lui tendant mollement ma main droite pour le saluer. Avec le sang que j'avais perdu, il me faudrait un peu de temps pour reprendre mes forces.