[Terminée]Patient & Psychologist, first meeting. [ft. Jay Winchester]

Je ne sais pas ce qui m'a pris quand j'ai dit cette phrase tout haut. La spontanéité n'était pas dans mes habitudes, et je n'avais jamais abordé un sujet de ce genre auparavant. Je sentais la gêne me monter à la figure, ce n'était pas agréable du tout. J'ai souri maladroitement, en essayant de prouver que tout allait bien, malgré que je commençais à avoir de légers vertiges. La réaction de Phoenicia n'était pas celle que j'attendais. Je priais pour qu'elle ne me juge pas et qu'elle ignore mon… commentaire. Je ne m'étais pas délacé aussi loin pour parler de mes « problèmes » sentimentaux avec mon coloc, j'étais ici pour calmer mon anxiété sociale. Deux choses différentes. Pourtant, la situation à la maison m'angoissait aussi…

J'écoutais les paroles de la psychologue à propos de mon affirmation. Elle dit que c'était normal. Me voilà rassuré, j'étais sûrement dans une situation très commune. J'acquiesçais à son énumération ; c'est vrai, nous vivions ensemble, oui-oui, je l'avais sauvé d'une mort certaine, certainement, que du quality time en visionnant un classique du cinéma. À bien y penser, c'était très plausible si j'avais développé une sorte d'attachement sentimental envers lui. De plus qu'il avait toujours été là pour moi, qu'il était mon confident et mon meilleur ami. Mais je n'arrivais pas à me convaincre, en fait. Est-ce que je confondais vraiment sentiments romantiques avec superficialité ? Je n'avais pas vraiment eu beaucoup d'expérience dans ce domaine, jamais éprouvé autant d'attachement et de compassion pour quelqu'un. Cependant, une partie de mon être me criait que c'était beaucoup plus que superficiel. C'était embarrassant, dans quel plat je m'étais mis les pieds cette fois-ci. Et malheureusement pour Ian, il était coincé dans cette situation ambigus.

Phoenicia se redressa sur son fauteuil et repris : « À moins que de votre point de vue, c'est que ça soit mal de ressentir une telle émotion ? » J'étais confu, oui. Je cherchais mes mots pour répondre à la question.

« Je ne pense pas que ce soit mal, mais ce n'est pas vraiment bien, non plus. J'ai l'impression que c'est… déplacé. »

J'ai particulièrement mis l'emphase sur le mot « déplacé. » Phoenicia allait sûrement comprendre que de « bien apprécier Ian » me troublait davantage et que la nature de mes sentiments était peut-être autre chose que simplement insignifiant. Justement, la psychologue repris la parole et sa question était très directe. J'étais très étonné. J'avais l'impression que tous mes membres étaient pétrifiés. La question était beaucoup trop directe. Phoenicia ne passait pas par quatre chemins. Elle était aussi très directe. Qu'est-ce que je ressentais envers Ian ? Du réconfort, de l'empathie, de l'affection. Qu'est-ce qui m'effraie ? Que les choses deviennent différentes. Est-ce que j'appréciais Ian bien plus qu'un ami ? Pas de doute, sinon ça ne m'embarrasserait pas autant. Est-ce que Phoenicia s'égarait ? Non pas du tout, je n'avais pas été assez subtil pour cacher ce sujet que je détestais. J'ai simplement hoché la tête. Cependant, je savais pertinemment qu'elle attendait une réponse de ma part. Avant que j'aie pu prononcer un mot, elle reprit la parole. « L'Amitié et l'amour… une ligne si fine et si difficile à discerner. » Je ne pouvais qu'acquiescer cette affirmation, cependant, je ne savais pas si je ressentais de « l'amour » pour Ian. Le sentiment était fort, mais était-ce de l'amour ?

« Je... ne sais pas trop. J'apprécie beaucoup Ian, c'est vrai. On a vécu beaucoup de choses ensemble, on se connait bien. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas assez d'être simplement amis… »

Ça ne fonctionnait pas. Je ne crois pas que je serais capable d'en dire plus. C'était beaucoup trop formel ici. Je me sentais obligé de répondre d'une certaine façon, obligé agir comme cela, etc. Ce serait beaucoup mieux dans un endroit décontracté, malgré qu'aurevoir le professionnalisme.

« Vous ne recevez sûrement pas de requêtes de ce genre de la part de vos patients… je m'emmêle dans mes mots, vous êtes très jolie, vous recevez sûrement plusieurs requêtes de ce genre, en fait… Mais pouvions nous poursuivre la conversation dans un endroit plus décontracté, comme un resto ou un lounge ? C'est très bien ici, j'aime bien la déco, les toiles, le bureau et tout, mais je crois que j'aimerais bien parler de… ça dans un endroit moins « officiel. Ici c'est très… trop professionnel ? » Pourquoi je trébuchais toujours dans mes mots comme ceci… J'espère qu'elle ne croyait pas que j'étais un pervers… Je repris la parole. « Je sais que ça contredit votre travail, mais j'aimerais simplement avoir l'impression d'avoir quelqu'un à qui parler franchement. Si vous le voulez bien. Et si vous n'avez pas d'autres patients. » Je me laissais deux secondes de silence. « Je suis désolé pour cette requête… étrange. J'ai envie de parler, en dehors du professionnalisme. »