Revenge - One Shot

Ce jour la, il faisait froid sur Detroit. Nous étions le 15 février. La pluie tambourinait contre les vitres de la maison et le vent soufflait en chantant sa complainte morbide. La bombe avait explosé quelques jours plus tôt. J'étais satisfait de ça, oui, mais quelque chose était mort dans l'explosion, une part de moi... Le bébé de celle que j'aimais, portait, avait été assassiné avant même d'avoir vu le jour... Avant même que de n'avoir pu le prendre dans mes bras... Depuis ce jour, j'avais disparu de la circulation. Je m'étais enfermé ici, l'intérieur de ma maison, au sous-sol. Je n'avais plus donné de signe de vie à qui que ce soit.
Assis à un bureau au fond de la pièce, une bouteille de Jack Da' posé à ma droite et une cigarette au bec, je travaillais comme un forcené. Vous vous demandez sans doute ce que je faisais exactement ? Et bien, je vais vous le dire...

Les cernes clairement dessinés sous mes yeux, cela faisait au moins deux nuits que je n'avais pas dormi. J'étais exténué, mais mes efforts étaient concluants... J'étais en train de créer quelque chose qui allait me permettre de me venger de cette atroce perte ainsi que de la douleur qu'avait enduré Phoenicia... En plus de ma bouteille d'alcool, il y avait sur mon bureau, plusieurs fioles contenant une sorte de liquide bleuâtre. Non, ce n'était pas du thirium. Toutes ses années passées au sein de Cyberlife, n'avaient pas été vaines.

J'avais commencé au pied de l'échelle et chaque échelon gravit m'avait fait acquérir de nouvelles connaissances toujours plus pointues concernant les androïdes... Et aujourd'hui, ces connaissances allaient se retourner contre eux !
Je me révélai et fis quelque pas sur ma droite pour prendre une petite mallette noire, je l'ouvris et déposai dans le comportement matelassé les quelques fioles puis je refermai avec précaution, le tout.

Je grattai ma barbe naissante, en souriant sadiquement. Ils allaient payer, tous autant qu'ils étaient !
Prenant la mallette de ma main gauche, puisque la droite était dans une attelle, je remontai au rez-de-chaussée en boitant. Mon pied gauche était encore douloureux.
Je pris mon téléphone portable et contactai un taxi, puisque j'étais dans l'incapacité de prendre le volant au vu de mon état.
J'attendis quelques longues minutes avant de voir le véhicule se garer devant mon allée. Je sortis, fermai à clef la maison puis entrai dans le taxi.

Je lançai alors un nom d'adresse, dans un quartier voisin, une maison en réalité, le tout sans porter la moindre attention au chauffeur. J'avais toujours le nez sur mon téléphone portable, tapant un message à Warren, un ancien collègue en qui j'avais la plus grande des confiances, un des rares d'ailleurs... C'était chez lui que j'étais en train de me rendre "Je suis en route, j'ai le paquet..." Je cliquai sur envoyer.


Le paysage défilait et enfin, j'arrivai. Je tendis un billet au chauffeur sans dire quoi que ce soit, puis je récupérai la mallette et sorti pour aller jusqu'à l'entrée de la maison, m'appuyant le moins possible sur mon pied gauche. J'allai frapper à la porte, mais cette dernière s'ouvrit et je découvris un visage familier.

"Warren..."

"Entre, je t'en pris"

Me répondit mon ami. Il avait la quarantaine et les cheveux commençaient à être un beau mélange de poivre et sel. Je m'exécutai et entrai, il ferma derrière nous. L'homme me proposa de m'asseoir sur une chaise à la table, il s'installa face à moi. La maison était petite, la décoration épurée et il n'y avait quasiment pas de meuble.
Warren était le seul qui avait manifestait son mécontentement face à mon renvoi de Cyberlife, il y avait de ça maintenant trois ans... Lui non plus n'appréciait pas les androïdes et là était notre point commun.

"J'ai achevé mes recherches, et le virus est opérationnel..."

J'ouvris la mallette devant lui. Warren sourit en me répondant :

"Ils veulent être humains, ils le seront vraiment grâce à toi..."

"Quand est-ce que tu peux le faire ?"

"Cet après-midi. J'injecterai comme convenu, le virus dans le thirium..."

"Parfait... Une fois les premiers cas infectés, ils le propageront par le biais du contact. Pour ce faire, ils devront désactiver leur peau."

Je venais de créer un virus qui permettait aux androïdes de ressentir la douleur... Et il allait prendre effer, rapidement... Tout allait fonctionner selon mon plan... Ma vengeance était en route... Je me levai déjà.

"Tu ne bois rien ?"

Oui, il me connaissait bien.

"Je dois retourner chez moi, s'il te faut des réserves, il faut qu'elles soient prêtes.."

Il hocha la tête d'un air entendu, puis il m'accompagna jusqu'à la porte. La, je le remerciai une dernière fois avant de retourner auprès du taxi.

"Ramenez-moi chez moi.."

De nouveau, je ne prêtai pas attention au chauffeur. Je fermai les yeux en passant ma main non blessée, dans mes cheveux pour les recoiffer maladroitement vers l'arrière. J'avais fait tout ça, seul... Mes choix, ma vengeance.