Une nuit calme... Ou pas?.. [LIBRE]

Mes volets n'étaient pas accrochés et la lueur de la lune éclairait ma chambre presque comme en plein jour. Cette pièce n'était pas très grande. Il y avait un lit double, une commode et une armoire. Les murs eux, étaient peint en blanc. Non, je n'étais pas du genre à décoré exessivement ma maison...

Je devenais cinglé ! Je n'en pouvais plus. Impossible de dormir sans que mon esprit ne se perde sur le visage d'une jeune femme... Deux fois. Je ne l'avais vu que deux foutues fois dans ma vie. Et les deux fois on eut ce moment intime... J'avais beau me tourner et retourner dans mon lit, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Phoenicia. Qu'est-ce qu'elle m'avait fait ? Si elle avait été une sorcière, je l'aurais accusé d'avoir utilisé un philtre d'amour ou je ne sais pas quoi, sur moi... Merde ! Je m'assis dans mon lit, seul dans le noir.
Cela faisait deux jours que j'avais reçu un message. Mais je n'y avais pas répondu...

Il devait être minuit ou pas loin. Je me levai, j'étais en simple boxer noir. Je pris une clope sur ma table de nuit ainsi que mon vieux briquet blanc. Je me dirigeai ensuite vers le petit balcon qu'il y avait à la fenêtre de ma chambre. Il donnait sur la rue. À cette heure-ci, il n'y avait personne. J'allumai ma cigarette puis la mis à ma bouche tout en regardant la beauté de la nuit. Le ciel était dégagé et c'était la pleine lune, en revanche, il faisait un peu frais...
Je tirai une première taffe. J'étais en train de tomber amoureux d'une nana qui en plus de m'espionner, m'a carrément mit en joue avec ma propre arme...
Je tournai la tête pour lancer un regard noir à mon Smith et Wesson posé sur ma commode.
Pourquoi je ne lui ai pas tiré dessus lorsqu'elle m'a rendu mon flingue?.. Sérieusement, est ce que je devenais fou ? Enfin, je veux dire, plus fou encore que je ne le suis déjà?.. Une nouvelle taffe envahie mes poumons noircis. Je retournai dans la chambre, avant de prendre un jean noir et un t-shirt également noir. Ne m'en voulez pas, si les couleurs ne m'inspirent pas.
Comme par réflexe, je pris mon arme que je fixai à ma ceinture, puis ouvrit mon armoire et y pris ma veste en cuire.
Il fallait que je me change les idées. Je suis quelqu'un de solitaire. Je n'ai pas d'attache... Alors pourquoi Elle?
Je cogna mon front contre un des murs, soupirant longuement. Sérieusement Jake, tu n'es plus toi !

Je franchis la porte d'entrée, puis m'engouffra dans la rue, sans oublier ma cigarette, qui fumait toujours au bout de mes doigts.
A l'évidence, je ne croiserais personne ce soir... Me dis-je en sifflotant.

J'avais eu le temps de finir ma cigarette et d'en prendre une seconde dans la foulée. Oui, j'avais un véritable souci avec ça... Et avec l'alcool aussi, ho et le sexe. Je l'admets, j'étais dépendant à pas mal de choses finalement... Et vous voulez savoir ? Je m'en fous ! C'est ma vie et j'en suis le seule chef d'orchestre. Je la dirigeais comme je voulais... Enfin... Non, quelque chose m'empêchait de vivre comme je le souhaiterais. Je dis quelque chose, mais c'est plutôt quelqu'un. Cette fille.
Tout en marchant, je glissais ma main libre, celle qui ne tenait pas ma cigarette, dans la poche de ma veste en jean. Du bout des doigts, je sentais mon téléphone. Je ne lui avais toujours pas répondu... Vu l'heure, cela ne servirait à rien de le faire maintenant.
Je jetais mon mégot au loin. Avant de venir cogner le mur le plus proche.
Arrête de penser à Elle, Jake!
Merde. Voilà que je m'étais égratigné la main. Je secouai cette dernière par réflexe, avant de reprendre ma promenade.

J'étais content de ne pas avoir mis de pull sous ma veste, ce soir-là. Il ne faisait pas froid. Je relevai la tête et vis, éclairé par un lampadaire, une chauve-souris, venir se nourrir de papillon de nuit. Je souris en coin. Je trouvais ses animaux fascinants...
J'allais m'arrêter pour l'observer quand j'entendis au loin quelque chose marteler le sol. Des chaussures. Les bruits de pas se rapprochaient de moi. Forcément, le son faisait penser à une femme. Je plissai les yeux pour mieux distinguer la forme qui s'avançait vers moi.
Au fur et à mesure que la personne s'approchait, je me demandais si le destin, ou la vie se foutait de moi.
Je ne rêvais pas. C'était Elle. La raison de mes insomnies. Elle était là, devant moi. Phoenicia. Elle allait forcément me toucher un mot à propos de son message auquel je n'ai pas pris la peine de répondre... Elle l'avait sûrement mal pris ?

La jeune femme me salua. Sur le moment, j'eu l'impression qu'elle faisait sa timide. Je penchai la tête sur le côté, avant de lui répondre.

"Salut... Oui je... Je vais bien merci et toi ? Ha ? Tu m'as laissé un message ?"

Je fis mine de regarder mon téléphone.

"Je suis vraiment désolé, je n'ai pas fait attention... Il faut dire qu'avec le boulot et tout ça, je n'ai plus de temps pour moi."

Je me demandais si elle allait croire à mes mots. J'étais assez convainquant quand même...
Puis elle me demanda si moi aussi, je n'arrivais pas à trouver le sommeil.

"Non. Ca fait quelque temps déjà... Ca va passer, c'est sûr. Il m'arrive d'avoir des phases d'insomnies comme ça..."

Je n'allais quand même pas lui dire qu'elle était la raison à tout ça.

"Et toi. Pourquoi tu n'es pas dans ton lit, jolie demoiselle, toute seule dans les rues de Détroit ?"

Je marquai un temps avant de répondre en plaisantant.

"Je ne dis pas que tu as décidé de venir m'espionner dans mon sommeil maintenant ?"

Depuis que Phoenicia s'était arrêtée juste devant moi, je n'arrivais plus à la quitter des yeux. J'avais besoin d'elle. Maintenant, je le savais. Mais il ne fallait pas. C'était trop risqué, autant pour moi que pour elle. Avec l'opposition et tout les risques qui en étaient liés, enfin, je ne voulais pas lui attirer d'ennui. C'était déjà bien assez compliqué de m'occuper de moi, alors si je devais aussi veiller sur elle, je n'ose pas imaginer la charge que cela serait...
Comme un droguait, je me mit à chercher une nouvelle cigarette d'une main tremblante. La jeune femme me faisait perdre tous mes moyens...
Je soupirai avant d'enfin réussir à allumer ma cigarette, que je portai à ma bouche. D'un geste, je lui proposai également une clope. J'ignorais si elle fumait ou non. C'était certainement la première fois de ma vie que j'en proposais une à qui que ce soit.
Je rangeais ensuite mon paquet tout en prenant un premier taf.
J'encrassais mes poumons, mais mon cœur lui, continuait de battre, et ce, de plus en plus fort dans ma poitrine. Ça en été presque douloureux. Je découvrais ce nouveau sentiment avec un nœud à l'estomac. J'avais peur de ce mot ; "Amour". Au fond, qu'est-ce qu'il signifiait ? À mon sens, il n'était ni plus ni moins que le synonyme de "Douleur". L'amour n'existe pas sans douleur. Mais pourtant... Quand je la regardait, Douleur se changeait en Douceur...
Je me serais bien foutu une gifle, mais cela aurait semblé assez étrange. Non ?
Je soufflai un nuage de fumée, l'envoyant sur le côté pour que Phoeni ne se le prenne pas.
Tout en soufflant le nuage, elle me répondit que oui, elle allait mieux. Bon s'était déjà ça. Puis elle comprit pourquoi je n'avais pas répondu à son message.
Bon, concrètement, je l'avais bien entendu, mais elle n'était pas sensé le savoir. Pourtant sur son visage, j'aperçu une légère moue, qui l'a rendit mignonne. Jake, arrête ! Tu ne vas pas devenir comme ses personnes qui s'attendissent en regardant des vidéos de chatons sur Internet !
Elle m'expliqua ensuite pourquoi elle était sortie à cette heure si tardive. Apparemment, c'était à cause de ses patients un peu "particuliers"? Je voulais bien la croire. Elle devait croiser de ses cas ! Elle avait besoin de se changer les idées. C'était aussi pour cette raison que je me retrouvais là... Me changer les idées... Essayer de l'oublier le temps de quelques heures. Le destin se foutait de moi... Comment ne plus penser à elle, si elle apparaissait à chaque coin de rue ?
Elle me tira de mes pensées lorsqu'elle m'avoua avoir tout supprimer. Toutes ses recherches à mon sujet. Devrais-je vraiment la croire sur parole. Non. J'étais comme ça. J'aurais toujours ce doute en moi. Ce n'était pas rien, ce qu'elle avait apprit...
Mais je souris en coin, avant de lui répondre :

"Merci. J'aurais un peu moins le sentiment de m'être fait épier..."

Mouai.. À d'autres ! J'aurais toujours cette sensation hélas.
Elle enchaîna par une petite plaisanterie qui eut le don de me faire sourire. J'avançais d'un pas vers elle. La jeune femme avait rebondi sur mes mots au sujet de m'espionner pendant mon sommeil.

"Dans ce cas... Je te faciliterais la tâche en laissant ma porte ouverte le soir..."

Je lui fit un clin d'œil, aguicheur. Je la regardais de haut en bas. J'aurais clairement pu passer pour un pervers à ses yeux, mais qu'importe. Elle savait que je la désirais, à quoi bon mentir sur ça...
Elle admit ensuite que la nuit, la ville n'était pas sûr. Et encore moins pour une jeune femme seule, et non-armée !

Il y eu un moment de silence. J'avoue, je ne savais pas quoi dire. Cet instant me parut être interminable. J'en profitais pour meubler ce laps de temps en inspirant un nouveau nuage de fumée.
J'entrouvris la bouche pour briser le silence qui devenait pesant, mais Phoenicia me devança. Je ne savais plus ou me mettre... Elle était en train de se livrer à moi. Me dire ses sentiments me concernant. Elle devenait plus précise dans ses dires... Elle ne me regardait plus dans les yeux. Son regard était baissé. Était-elle gênée ? Elle ? Après ce qu'elle m'avait fait les deux nuits passés ensemble ? Je souris en coin, me remémorant ses moments...
Une question me bloquai. Que sommes-nous l'un pour l'autre. Mon cerveau se mit à réfléchir à cent à l'heure.
Étions-nous une histoire d'un soir, ou plus?..

"Je... Je l'ignore. J'avoue ressentir un truc pour toi. Je ne saurais te dire ce que c'est."

Je marqua une pause avant de reprendre de plus bel :

"La seule chose dont je suis certain, c'est que j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose. Le simple fait de te savoir là... Ce soir..."

Je grimaçais sans terminer ma phrase.

"Tu as envahis mes pensées... Je n'arrive plus à dormir."

Voilà que je me livrais à elle. J'eu la sensation de me libérer d'un poids tandis que mon regard se reposa dans le sien.
Qu'allait-elle me répondre ?
Je lançais mon mégot au loin. Voilà... Je n'avais plus de cigarettes... Plus de moyen de me détendre et me calmer, sous la main. Excepté Elle...

J'avais l'impression d'être l'un de ses personnages tout droit sorti d'un vieux film américain des années soixante, du genre West Side Story, les chansons en moins.
Visiblement, l'actrice de cette scène ne fumait pas... Soit, je rangeais mon paquet de cigarette dans ma poche.
Elle m'avait regardé attentivement pendant tout notre échange. Elle buvait mes paroles. Au bout d'un moment, une voix intérieure se mit à parler. Vous savez de quoi je parle... Mais si, ce petit diablotin et cet angelot posés sur chacune de vos épaules et qui livrent un combat contre... Et bien contre nous. Le combat qui faisait rage en moi à cet instant, pouvait facilement se résumer par l'angelot qui me disait : "Phoenix... Si tu l'aimes, abandonne là. Les Opposants, s'ils venaient à découvrir que Phoenicia avait fouillé dans ton passé, elle deviendrait leur cible. Elle serait une énième victime parmi les autres."
Je secouai machinalement la tête pour tenter de faire taire ses petites voix. Ne me dites pas que je devenais schizophrène en plus de ça... L'autre voix, celle que j'avais envie d'écouter, celle du diable, répondait à la première : "Moins elle en saura et mieux ce sera... Pourquoi l'Opposition découvrirait-elle l'existence de cette petite psychologue?.. Si tu ne dis rien à propos de ses recherches te concernant, il ne t'arrivera rien".
Je ne la quittais pas des yeux. Phoenicia s'était rapprochée de moi et venait de poser sa main, toute chaude, contre ma joue. S'était si doux. Je dus fermer les yeux pour apprécier d'avantage le contact de sa peau contre la mienne. Lorsque je rouvris les yeux, la petite voix de l'ange reprit alors que je regardais la belle, au fond des yeux : "Tôt ou tard, elle découvrira ce qu'elle ignore encore de ton passé... Et tu la perdras."
Cette simple pensée me meurtrit. Pour me raccrocher à la réalité, je dus poser ma main sur celle de Phoenicia. Elle était là. Elle n'allait pas s'en aller. Il fallait que je m'en persuade, j'en avais besoin...

"Je ne veux pas te perdre"...

Murmurais-je alors enfin. C'était à la fois, la réponse que je donnais à ma conscience pour faire taire cette querelle intérieure, mais aussi pour Phoenicia en guise d'aveu. L'intonation de ma voix ne pouvait pas être prise pour un éventuel mensonge. J'étais sérieux et ma voix fut légèrement vacillante.
J'entrouvris mes lèvres lorsqu'elle me raconta que je hantais ses pensées, à chaque instant. C'était réciproque... Elle avait eu peur que je me sois fait descendre ou du moins tirer dessus par un client qui aurait perdu la tête, à mon travail.

L'ange réapparut sur mon épaule. Il me criait : "Avoue lui! Avoue que tu ne t'ai jamais fait tirer dessus à ton travail, enfin pas à l'armurerie du moins !"
Le muscle de ma mâchoire se mit à sautiller. Mon autre travail hein... L'opposition.
Est ce que j'aurais ce qu'il faut pour lui dire un jour?.. Ce que je faisais réellement.

Phoenicia ne pouvait pas se douter une seule seconde du combat qui était en train de se dérouler en moi. J'avais l'impression que mon crâne allait exploser. Je dus souffler doucement entre mes lèvres pour réussir à me calmer et ainsi éviter la migraine que je sentais poindre. Mais ce qui fonctionna réellement pour cesser tout ça, fut ses lèvres sur les miennes. Tout s'évapora. Je n'avais plus ses voix en tête, je n'étais plus dans la ruelle, ni même à Détroit. J'étais juste avec elle. Par instinct, ou peut-être par réel besoin, je la retins quelques secondes de plus pour prolonger ce baiser qui n'avait jamais eut d'égale de par sa douceur.

Lorsqu'elle mit un terme à cet échange, je sentis une infime partie de mon cœur s'arracher à ma poitrine. Elle venait de prendre une partie de moi.
M'avait-elle "endommagé"? Je clignais légèrement des yeux. ou on contraire, tentait-elle de "me réparer?"
Elle murmura mon nom. Douce mélodie au creux de mon oreille.
Elle me demanda si on allait trop vite. Je secouai la tête négativement. Je ne voulais que la jeune femme pense une telle chose. Je ne voulais pas qu'elle ai peur.

"On va à notre rythme... Tout simplement. Ce n'est pas une question de rapidité..."

Je lui arrangeai une mèche de cheveux que je callai derrière son oreille.

"Mais si c'est que tu désires... Alors on ira plus doucement."

Je baissai les yeux, légèrement frustré. Je me sentais tellement bien avec elle... Mais à la fois... J'étais bloqué. Je ne pouvais rien lui dire de moi.

Sans la regarder dans les yeux, ce fut à mon tour de m'abandonner aux révélations.

"Je vais être honnête avec toi..."

Commençais-je. Allais-je parler de l'Opposition?.. Des meurtres?.. J'entrouvris mes lèvres, me ravisai, avant de parler.

"Je n'ai jamais eu de relation sérieuse avant... Et j'ai vraiment envie que ça le devienne entre nous..."

Je soupirais de nouveau, incapable de parler de mon travail secret. Au moins ce que je venais de lui dire était tout aussi vrai.

L'ange et le démon hurlèrent alors à l'unisson : "Dis lui qui tu es Phoenix!" Mais ma voix intérieure était plus puissante qu'eux. Je hurlais un "Jamais" aussi fort que malgré tout, inaudible.  

La proximité qu'il y avait entre nous deux corps me fit légèrement tourner la tête. À cet instant, j'avais la sensation que nos deux cœurs battaient à l'unisson. Oui, je désirais cette femme, je la voulais pour moi seul ! Il faut le reconnaître, je suis quelqu'un de très possessif, et pourtant, je ne suis pas du genre, fidèle à proprement parler... J'aime avoir plusieurs partenaires intimes, homme ou femme, cela m'était égale... Mais elle... Elle allait au-delà de ce petit jeu. J'avais des sentiments... Merde, même à force de tourner dans ma tête, j'avais encore du mal à l'entendre.

Après qu'elle se soit reculé d'un pas, je remarquai que la jeune femme commençait à avoir froid. Je pris l'initiative de retirer mon cuir pour le lui mettre sur ses épaules sans même lui demander son avis. Ce geste fut probablement le plus spontané de ma vie, après mon interposition pour me prendre la balle dans l'épaule durant l'une de mes missions concernant l'Opposition. Je grimaçai un peu.
S'était il y a quelques mois à peine et la sensation de douleur me parcourait encore de temps à autre. Ce n'était pas réellement de la douleur, mais plus une mauvaise sensation. Je n'aimais pas qu'on touche à cette vieille blessure. D'autant plus que mon corps n'avait pas encore entièrement cicatrisé en profondeur. Imaginez-vous prendre une balle. Croyez-moi, il faut du temps pour se rétablir complètement, je vous parle par expérience...
Bien que la fraîcheur s'était installée, (Oui en hiver qu'est ce qu'on croit ? Il fait froid ce n'est pas une surprise.), mon t-shirt noir, que j'avais sur mes côtes, me suffisait largement. Je n'étais pas un homme de nature frileuse. Au contraire. Je préférais avoir l'hiver à l'été. Mais ça ce n'est qu'un détail de ma vie dont tout le monde se moque, c'est pourquoi on va revenir à notre scène.

On venait d'échanger un baiser. Il me fit le plus grand bien et m'apaisa même quelque peu. Quand ses lèvres se posaient sur les miennes, j'avais cette sensation que, tout ce qui se trouvait autour de nous s'arrêtait. Que tout disparaissait, qu'il ne restait finalement que... Nous. Le retour à la réalité fut douloureux. D'autant plus que mes "amis" ange et diable avaient fait leur retour sur mes épaules à mon grand dam...

J'avais tellement envie de la ramener chez moi, ou mieux, chez elle. (Pour qu'elle évite notamment de fouiller dans mes affaires. J'avais dû enlever tout ce qui concernait mon passé et qui se trouvait au grenier, pour y mettre dans une grosse malle fermée par un cadenas à code, dans un coin de ma cave.). En temps normal, j'aurais juste descendu cette personne trop curieuse, mais avec Phoenicia... Pourquoi je l'avais laissé s'en aller ? Si elle avait eu de mauvaises intentions à mon égard, je... Ho et puis merde ! Ce n'avait pas été le cas !
J'avais conscience que je prenais des risques inconsidérés par sa faute. Mais je m'en moquais. Je prenais des risques tous les jours après tout. Alors en avoir un peu plus n'allait pas vraiment changer grand chose à ma vie. "Tu aurais du la tuer..." L'ange me tapait sur le système. Je me grattais machinalement l'épaule sur laquelle je l'imaginais, pour le faire disparaître.
Phoenicia reprit la parole.
Elle me remercia de mon honnêteté et...
Je souris en coin lorsqu'elle dit, désirer du sérieux dans notre relation. Mais mon sourire s'effaça lorsqu'elle m'enlaça pour ponctuer sa phrase. Je ne m'y attendais pas. En réalité, l'affection, je ne connaissais pas tant que ça, hormis celle des escorte-girls de temps à autre, mais s'était bien différent... Ce fut lorsque je la sentis frissonner malgré ma veste sur elle, que je l'enlaçai à mon tour, frictionnant en douceur son dos pour la maintenir au chaud tout contre moi, comme je le pouvais. Très vite, je me sentis de nouveau seul avec elle, oubliant tout le reste. Mais hélas, ce fut cet instant qu'elle choisit pour briser ce moment. Je la laissais s'en aller, desserrant mes bras qui enlaçaient son petit corps.

Elle reprit la parole. Elle semblait gênée, je pus même remarquer que ses jours avaient rosi plus qu'à leur habitude.
Mes yeux se plantèrent dans les siens. Pourquoi s'excuser pour une chose qu'on ne doit pas se reprocher ? Elle me faisait penser à une enfant par moment...
Pire, elle me demanda si ce geste m'avait dérangé. Je fronçai les sourcils en l'entendant. De nouveau mon visage paru se refermer.

"Ne pense pas un seul instant, ce que tu viens de dire."

Sans le vouloir, ma voix était devenue ferme, comme si je lui avais donné un ordre.

"Si tu as besoin d'être prise dans mes bras, tu n'as pas à me le demander. Jamais. Fais-le. Est ce que je t'effraie à ce point, pour ne pas oser ou même t'excuser pour l'avoir fait ?"

J'arquai un sourcil, attendant sa réponse.
Elle enchaîna après par la question que je voulais tant entendre. Mais... Quelque chose me stoppa. J'allais accepter, mais, j'eu la sensation que nos soirées étaient maudites. Les deux seules qu'on a passées ensemble éraient magique en soit... Mais les lendemains eux... J'hésitai avant de lui répondre, d'une voix désolée.

"Je préfère rester dehors. Si tu as trop froid, tu peux garder ma veste."

Dis-je simplement. Je tenais à ce vêtement, mais elle en avait clairement plus besoin que moi.

"J'ai encore besoin de rester là... On peut dire que c'est en quelque sorte mon yoga à moi. Me détendre, penser à autre chose... Toutes ses conneries quoi."

J'espérai qu'elle ne m'en veuille pas...