Nice To Meet You [PV Connor]

Il faisait un temps maussade à l'exterieur. Il y avait du vent et le temps était gris. Les passants qui défilaient devant le bar, sur la terrasse, marchaient d'un pas rapide. Dur de savoir s'il allait pleuvoir ou non ce jour-là... Nous étions le 16 février, et il devait être bientôt 18h. Pour une fois j'avais opté pour un jean bleu et non noir comme à mon habitude, pour ce qui est du haut, j'avais un t-shirt qui lui était bien noir, malgré la météo... Je ne m'étais pas rasé, non plus, gardant ainsi ma barbe de trois jours. Ma main droite était encore dans une attelle blanche. À chaque mouvement un peu trop sec, je grimaçai de douleur. Avoir une fracture déplacée, ce n'était pas rien... Mon pied gauche, quant à lui, était enroulé dans un bandage serré.

La veille, j'étais allé voir mon ancien collègue Warren, qui travaillait toujours chez Cyberlife. Cela faisait plusieurs jours que nous complotions ensemble... Hier, je lui avais confié le fruit de mes recherches, de mon travail : un virus sous forme liquide que Warren a placé dans les réserves de thirium. Les effets touchaient uniquement les androïdes, et leur donnaient la sensation de douleur. Ils voulaient être comme nous, ils allaient le devenir...
Pourtant, malgré l'excitation que j'avais en sachant que le virus était en train de se propager alors que je me trouvais dans ce bar, mon cœur n'était pas à la fête... La tête baissée sur mes quatre verres vides de whisky, posés là, alignés devant moi, sur la table. Je n'arrivais pas, malgré l'alcool, à oublier le fait que j'avais perdu l'enfant que Phoenicia portait. Mon enfant que cet androïde m'avait volé à jamais... Ma haine avait grandi à leur égard, à un point incommensurable !

Je soupirai longuement, en fermant les yeux. Lorsque je les rouvris, ce fut pour commander un énième verre du même alcool que j'appréciai tant. J'étais un habitué des lieux et le barman n'essaya pas de calmer ma soif. Il savait que ça n'allait être qu'une perte de temps s'il tentait d'intervenir... L'ivresse commençait à s'emparer de moi. Je remerciai le barman qui m'apporta ma nouvelle commande puis il repartit près d'une autre table. Je saisis déjà le verre de whisky, et je le regardai, pensif.

Mon regard passait de mon cinquième verre de whisky, à la fenêtre, devant moi. J'avais bien vu un type debout, qui fixait la porte. Il semblait planté là, avec un air neutre. On aurait clairement dit qu'il attendait que quelqu'un sorte... Ou qu'on vienne lui ouvrir la porte ou... Oui, j'essayai d'imaginer les mille et une raisons qui le poussait à rester planté là, les bras ballants, le long du corps. Avec l'alcool qui commençait à faire des siennes, à savoir, me faire tourner la tête et me désinhiber de tout, je ne reconnus pas l'androïde, pourtant assez célèbre de détroit. En effet, j'aurai dû être en mesure de savoir qu'il s'agissait ni plus ni moins que de l'acolyte du type qui m'avait plus ou moins causé les quelques hématomes que mon corps avait... Le partenaire de Hank Anderson... Je clignai rapidement des yeux, tandis que celui que je prenais pour un humain, car non, je n'avais pas encore vu sa diode, entra dans l'établissement.
Je baissai la tête pour fixer une nouvelle fois mon verre toujours plein, tandis que mon oreille ne pouvait s'empêcher d'écouter l'échange qu'il y avait entre le barman et le nouvel arrivant. J'eus un rictus en entendant le propriétaire ds lieu, remettre en place le potentiel client qui, fixait toutes les personnes présentes à tour de rôle. Le type sans émotion visible, s'excusa puis... Hein? Il s'avança jusqu'à ma table ? Mon poignet se mit à tournoyer, faisant danser l'alcool que contenait le verre que je n'avais pas lâché. J'arquai un sourcil puis, releva enfin la tête pour regarder le type dans les yeux. Qu'est-ce qu'il me voulait ? Une photo ? La réponse ne se fit pas tarder et dans un rictus, je lui répondis sans même un bonjour :

"Que j'arrête de boire ? Écoute mon gars. Celui qui parviendra à un tel exploit, n'est pas encore né !"

Il enchaina en me parlant du taux d'alcool que contenait mon sang et ma respiration qui était soit disant irrégulière. Comment diable est ce qu'il pouvait savoir ça?.. Et merde... Malgré mon état d'ivresse, mon cerveau, dans un moment de lucidité, comprit enfin à qui j'avais affaire... Un de ses androïdes... Je soupirai en levant les yeux en l'air, prenant un air agacé avant de reposer mon attention sur lui. Non aucun humain ne serait en mesure de m'arrêter de boire... Alors une poupée gonflable... Pardon, un androïde, encore moins ! Quoi qu'il avait une esthétique assez intéressante, oui, je devais bien l'admettre... De plus, il ne devait pas être très ancien, je n'y avais jamais travaillé dessus lorsque j'étais employé à Cyberlife...
J'enchainai ensuite sans le quitter du regard, comme si j'attendais une réaction suite à ce que je m'apprêtai à dire :

"Je mets ma vie en danger tous les jours... Je suis armurier... Ho, je ne travaille pas aujourd'hui, rassure-toi..."

Non, il n'y avait aucun risque pour que je tire sur qui que ce soit ce jour-là, ni ici, ni à la boutique, ni même à l'opposition. Et puis mon poignet en attelle parlait de lui-même ; je ne pouvais pas vraiment utiliser ma main droite. J'étais en arrêt de travail pour quelques jours.
Je portai le verre de whisky à mes lèvres, ignorant la mise en garde de l'androïde, buvant quelques gorgées avant de le reposer sur la table. C'était moi, ou il faisait chaud ?

"Tu vas passer la journée debout à me regarder?.."

Enchainais-je après un instant, comprenant qu'il ne voulait pas s'en aller de si tôt.