[Flash Forward] Chic a Boom Boom ! (feat Phoenicia Collart)

Capitol Park, tard dans la soirée. Un petit air de printemps pointait le bout de son nez en cette soirée relativement animée. Au bar japonais, il y avait foule. Une affluence supérieure à la normale, où bon nombre d'humains venaient se saouler au saké en toute impunité. Et au milieu de la salle ? Erykah, en personne. Assise seule au comptoir, la blonde reluquait avec désespoir le fond de son cocktail vidé quelques instants plus tôt. Un petit plaisir auquel elle aspirait en ce samedi soir.

• Serveur ? Mon verre est vide...

Il n'était pas question pour la blonde se rester dans sa grande maison à répéter inlassablement ses pas. Depuis son entrée au Fem Fatale, rien ni personne ne s'était amusé à venir lui chercher des crosses. Elle se considérait comme l'une des meilleure dans sa spécialité. La danse contemporaine... Tout le monde n'était pas disposé à créer comme elle s'acharnait à le faire, jour après jour. Sa motivation première ? Les déviants. Et tous ces attardés de sa race prêts à tout pour les soutenir dans leur liberté. Erykah en avait la gerbe rien que d'y penser. Au final, danser lui permettait de s'imaginer en train de les fracasser avec son maillet préféré, ou sa jolie batte customisée. Chaque pas, chaque mouvement avait son importance. Personne ne pouvait se permettre de la copier, sous peine de représailles imminentes. Tel était son crédo à la blonde. Sa créativité n'était pas à vendre, ni même à donner.

Bien entendu, elle se plaisait bien à reluquer ouvertement ses collègues d'autres spécialités. Vous n'imaginiez pas le bonheur qui la consumait de voir un corps de rêve se trémousser contre la barre... Ou prendre de la hauteur sur la pôle dance. Peut-être essaierait-elle un jour ? Pour tester sa souplesse et ses muscles ? Les joies de la danse en ce vingt-et-unième siècle. Tout était permis. Et fort heureusement pour elle, son école dissociait les humains des androïdes. Elle l'avait su dès son entrée. Leurs étages n'étaient pas reliés, de peur qu'une personne mal avisée ne vienne saccager les machines en pleine grâce. Mieux encore. Un mec en costard se chargeait d'appuyer sur le bouton pour amener les danseurs à leur destination. Quelle belle prise de risques !

Ce qu'elle ignorait, c'est que les humains adeptes du Nouveau Régime pouvaient se permettre d'aller danser avec les androïdes... mais pas l'inverse. Et pas sans une fouille minutieuse de leurs antécédents. Et puis quoi encore ? Erykah ne se permettrait jamais un tel affront. Autant quitter l'Opposition et partir élever des chèvres au fin fond d'un ranch ! Tant qu'elle sera en vie, jamais elle n'acceptera un seul déviant. Jamais. Plutôt crever ! Et c'était à ça qu'elle buvait ce soir, à cette loi on ne peut plus dégueulasse qui l'obligeait à se retenir de tout casser en cet instant. De cracher au visage d'un groupe de sang bleu juste là. Et de mettre à feu et à sang ce bar pour les avoir laissés entrer.

• Serveur ? Un Bloody Mary.

Affublée d'une robe sexy, arborant un maquillage de chaudasse et son merveilleux tatouage, Erykah se contentait donc de vider sa haine dans l'alcool. Son regard de biche guettait chaque homme, chaque femme déambuler parmi les différents coins zen. Une petite idée perverse en tête ? Très certainement. Keith ne la quémandait plus en ce moment, alors il lui fallait bien se divertir autrement non ?

Là ! Une superbe brune vêtue de noir entra dans ce bar dénué d'intérêt. Voilà quelque chose qui donna à Erykah un petit papillonnement dans l'estomac. On pourrait presque percevoir un air innocent dans ce regard noir. La blonde s'amusa à la dévorer des yeux, sans se lasser ni même se priver, auscultant chaque parcelle de son corps avec une certaine minutie. Dommage pour elle... l'inconnue était à quelques sièges de son majestueux fessier. Peut-être plus tard ?

Sirotant son Bloody Mary, les jambes croisées montrant de belles courbes élancées, elle inspirait à la débauche cette pétillante danseuse contemporaine que personne ne pourrait soupçonner. D'ailleurs, ne devait-elle pas faire attention à son hygiène de vie ? Ah ! Ne la faites pas rire ! Erykah, cette femme, se priver des joies de la vie par simple obligation professionnelle ? La sulfureuse pouvait se permettre de légers écarts. Son corps bien fait et gainé était une bénédiction pour elle. Pas besoin de se soucier de ce qu'elle mangeait ou de ce qu'elle descendait... Une subtilité à laquelle elle aspirait au quotidien.

Souriant face à sa folie d'être belle et désirable, sa vision périphérique lui signala que l'inconnue guettée plus tôt était en train de se déplacer. Le siège à sa droite venait de se libérer, permettant à la brune de s'y installer, verre en main. Par principe, elle ne la calcula pas, forçant le destin à se manifester. Et après un léger silence, une voix cristalline s'échappa et manqua de faire rire Erykah.

• C’est une belle soirée, n’est-ce pas ?

Un sourire moqueur arborait ses lèvres rouges désormais. Ce type de propos nul et chiant indiquait une impression de malaise grandissant envers la demoiselle en robe noire. Quoi ? Elle n'avait jamais dragué personne ? Pourtant, Erykah ne se sentait pas gênée, pas le moins du monde. Et même si c'était à gerber, elle appréciait cette petite touche de gentillesse de sa part... et espérait en silence qu'elle ne soit pas de celles et ceux qui soutiennent les androïdes. De peur de devoir la fracasser avec sa batte. Un si joli visage...

• Ce bar est tellement populaire depuis qu’il a ouvert les portes, c’est impressionnant ! Mais je n’imaginais pas qu’il aurait autant de monde.

• J'dois avouer qu'il a un certain charme...

De quoi ? Un certain charme ? L'établissement qu'elle estimait dénué d'intérêt depuis qu'elle venait d'y mettre les pieds ? Voyons, ne soyez pas stupide. Elle ne faisait que répondre à sa réflexion. Et puis, tout est bon à prendre. Avalant son alcool d'une traite, laissant échapper un râle de satisfaction, Erykah se tourna vers l'inconnue et plongea ses iris bleus dans les siens, impatiente d'en découdre.

• Vous êtes très sexy.

Un rire lui échappa. Cette fois-ci, elle n'essaya même pas de le cacher, plaçant l'ongle de son index droit entre ses dents et tortillant une mèche bleue de l'autre main. Penchant légèrement sa tête sur le côté, la blonde tentait de séduire la brune avec ses yeux de bichette, à la limite de lui caresser la cuisse. Allumeuse !

• Erykah. J'vous paie un autre verre ?

La blonde se satisfit d'un sourire ravageur de la brune, dès l'instant où elle la qualifia de sexy. Ce qui était vrai, bien qu'elle se retenait de lui conter le fond de sa pensée de façon bien plus explicite. Leurs iris ne se décollaient pas, chacune tachant de décrypter l'autre dans un silence assez palpable. Pourtant, Erykah y mit un terme en lui dévoilant son nom, qui n'avait rien d'un secret. Genesis n'était pas de sortie ce soir, et elle avait envie de boire. En compagnie assez charmante pour l'heure. Tout dépendait de son comportement dans les instants à venir.

Un court instant, une simple poignée de secondes hasardeuses. Erykah jubila. Elle avait fait mouche. La brunette, manifestement désireuse de rester à ses côtés pour ce soir, enfila son reste d'alcool d'un trait et reposa son verre sur le comptoir, reprenant cette chasse aux sentiments au travers de ses prunelles bleues.

• Phoenicia. Je ne dirais pas non à une telle demande.

Une étincelle brillait dans ses pupilles. Phoenicia, quel merveille ! La blonde connaissait tout un pan historique de par ses études lycéennes. Cela lui rappelait la Phénicie, cette terre ancienne d'où bon nombre de marchants exotiques venaient pour vendre leurs objets exquis, à bord de leurs navires, le long de la Méditerranée. Une chose était sûre : cette fille n'était pas commune. Un nom pareil ne s'inventait pas.

La sulfureuse aurait pu s'éterniser sur sa réflexion pendant des heures, mais c'était sans compter sur cette petite attention de la brune à son égard. Une main baladeuse se posa sur son genou et remonta jusque sa cuisse avec douceur. Sans jamais cesser de la regarder. Retirant son index de ses lippes, Erykah sourit de plus belle, laissant apparaître le bout de sa langue entre ses dents. Elle tortillait sa mèche un peu plus frénétiquement, signe avant-coureur d'une envie au creux de ses reins.

• Je ne peux m’empêcher de vous trouver… très attirante, Erykah.

Attirante. Oui, elle l'était et l'a toujours été. Peut-être même plus qu'à l'accoutumée. Regardez-là ! Vêtue de cette tenue osée, ses jambes à découvert malgré ce collant, ce décolleté montrant sa peau nue et dessinant ses seins rebondis... Elle puait le sexe à des kilomètres ! Et ça ne choquait personne. Pas même Phoenicia qui ne semblait pas vouloir défaire sa main de son corps de rêve. Erykah connaissait la mélodie par cœur. C'était le moment de jouer le grand jeu.

• Serveur... Deux Blue Moon. Avec cerise.

Rendant la délicatesse à la brune, la blonde se chargea de lui ôter la main de sa cuisse, entrelaçant ses doigts au sien une petite minute. Elle ne put s'empêcher d'observer ses cuticules, limés à la perfection. À quoi cela pouvait bien lui servir ? À deviner une bonne hygiène de vie, à première vue. Délaissant enfin sa mèche bleue, et rendant ladite à sa propriétaire, elle profita d'un moment pour se recoiffer, gardant du coin de l’œil le serveur en train de s’affairer à la tâche.

Verres à cocktail prêts, il revint l'instant suivant, proposant deux Blue Moon à la demande de Erykah. Surmontés d'une cerise acérola, comme exigé. Lâchant un Merci ! de satisfaction, la blonde observa le liquide bleu océan et s'empara de l'une des cerises. Provocatrice... Il n'était pas encore question de trinquer ma belle, mais de jouer.

Sourire espiègle greffé sur ses lèvres, la sulfureuse retira le cure dent de la cerise acérola, maintenant cette dernière du bout des doigts. Le sirop embaumait ses narines d'un aphrodisiaque puissant. Ne perdant pas un instant, elle se leva de son siège et fit un pas vers Phoenicia. Impatiente, elle plaça la cerise entre ses lippes et s'approcha de la brune avec envie. Sans lui donner la possibilité de se défendre ni même de dire quoi que ce soit, la blonde vint l'embrasser avec passion, poussant la cerise avec sa langue, goûtant à la tentation si violemment désirée. Ses mains se placèrent sur les joues de Phoenicia, insistant sur cet échange qu'elle ne souhaitait partager qu'avec elle.

Autour des filles, quelques sifflets. Probablement de jaloux ou de mecs trop bourrés pour comprendre ce qui se jouait en cet instant. Erykah n'en tint pas compte, trop occupée à répandre son rouge à lèvres sur cette inconnue. Elle en fut presque désolée de devoir y mettre fin, sachant pertinemment qu'il y aurait un second round, plus tard en soirée. Reprenant sa place de tigresse sur son siège, la sulfureuse agrippa les verres à pieds et en tendit un à Phoenicia.

• Tchin !

• Tchin !

Un doux bruit de verre retentit alors, permettant à la brune et la blonde de goûter au liquide bleu qui embaumait encore la cerise acérola. Erykah avait sacrifié la sienne dans le but de séduire Phoenicia. Qu'à cela ne tienne ! Elle en reprendrait certainement une autre fois. Ce baiser échangé, ce sourire divin de celle qui serait très certainement sa plus belle distraction de la semaine... Il en fallait peu pour satisfaire la sulfureuse ce soir, forcée de constater que sa future amante semblait correspondre à certains de ses critères...

Pardon ? Erykah Mersch ? Des critères de sélection ?

Oh oui ! Elle en avait. Certes, elle se foutait de savoir si la personne qu'elle comptait choper avait une verge ou un clitoris. Tant qu'elle pouvait prendre du plaisir, tout lui convenait sauf... les androïdes. Autant se mettre une balle dans le cœur tout de suite ! Même si sa vie en dépendait, elle n'irait pas jusque là.

Tiquant involontairement sur cette vision d'horreur, la blonde but une gorgée de son Blue Moon, dévorant des yeux la brune qui semblait apprécier son choix de spiritueux. Ce petit silence après le baiser ne dura pas. Car sa belle interlocutrice avait besoin de se refaire une beauté. Contournant Erykah avec volupté, elle laissa échapper sa main sur son dos, déposant ses lèvres aux creux de son oreille droite.

• Je reviens, ça ne devrait pas prendre trop de temps.

Un rire malicieux s'empara d'elle. Phoenicia lui rendit puis, clin d’œil complice lancé, elle se retourna et s'en alla au fond de la salle. Erykah en profita pour mater son boule sans la moindre retenue. Elle cachait donc une robe sexy ? Voilà qui égayait encore un peu plus sa soirée.

Profitant de sa solitude, elle appela le serveur et lui demanda un bol de cerises acérola. Oui bon ! Elle ne pouvait pas résister à leur parfum aphrodisiaque. Et elle allait en avoir besoin, et à fortes doses. Derrière elle, un groupe d'hommes s'amusaient à la siffler. Elle ne les regarda pas, trop occupée à s'imaginer en train d'ôter la robe de la brune. Un rire nerveux s'empara d'elle, revoyant la trace de rouge laissée sur les lèvres de ce sublime cul. Un autre rire, plus violent cette fois-ci. Déformation de pensée ! Elle en rougit juste un peu, mais qu'importe.

Assoiffée, elle but son cocktail d'une traite en en demanda deux autres au serveur. Jouant avec sa mèche rose, elle entendit le bruit d'escarpins sur le côté. La belle Phoenicia revint s'asseoir à ses côtés, rafraîchie. Sa trace de rouge avait été effacée. Là non plus ce n'était pas grave. Erykah saurait s'y prendre pour la remettre à sa place.

• Pour les rares fois qu’il n’y a pas grand monde à la salle de bain…

Nouvelle phrase chiante. Ah ça, elle ne pouvait pas y couper. Tsss... Il n'y avait rien d'autre à ajouter. Et puis, elle était trop occupée à mater quelque chose de singulier. Phoenicia avait fini par retirer sa veste, laissant apparaître une robe fendue dans son dos et... un très joli mandala gravé à l'encre dans sa chair.

• Daddy’s lil monster” est-ce qu’il y a une signification à ce tatouage ? À moins que ça soit trop personnel à demander, je comprendrais.

Elles étaient sur la même longueur d'onde à ce qu'il semblait. Scrutant de nouveau le passage du serveur, elle attrapa un verre à la volée et but une belle gorgée. Daddy's... si seulement elle savait à quel point il l'avait marqué... Sa mèche rose fut délaissée à son tour.

• Oh oui, il en a une.

La sulfureuse laissa planer le suspens, terminant son cocktail de la même façon que le précédent. D'une traite. Sans bavure. Aahhh ! Elle aimait se comporter en garce, hautaine et désirable à la fois.

• Lorsque j'étais à l'université de Columbia, j'ai craqué pour un mec. Il était... spécial. Complètement timbré mais... j'sais pas... Il y avait un p'tit truc qui me plaisait chez lui.

La nostalgie s'empara d'elle sans qu'elle ne puisse le rejeter. C'était la belle époque là aussi, tous ces instants volés où elle et lui se fréquentaient en dehors des cours. Elle n'était pas amoureuse. non... mais accro à son look de motard et à son excentricité maladive.

• Jared. Un biker dans toute sa splendeur. J'me suis infligée ce tatouage pour lui. Et j'le garde en sa mémoire...

Erykah n'ira pas plus loin. Un souvenir encore douloureux qu'elle se voyait mal divulgué à cette jeune femme, aussi bonne soit-elle. Reprenant sa mèche bleue en otage, la blonde fit un signe de tête vers le mandala, tout aussi curieuse.

• Et celui-là ? Qu'est c'qu'il représente ?

À l’énonciation de ce mandala peu commun, la brune n'avait rien à dire, prétextant l'intérêt qu'avait son ex copine pour ces dessins sans la moindre gêne. Oui... Une femme n'est-ce pas ? Erykah avait très bien entendu. Phoenicia penchait donc pour la gente féminine. Ou peut-être était-elle passionnée par tout ce qui bouge ? Non, elle semblait un peu trop réservée pour ce genre d'activité. La blonde ne voudrait pas la voir partir au bras d'un charmant mâle en chasse... ou même d'un androïde !

De nouveau prise à la gorge par un dégoût profond pour ces machines sans âme, elle termina son spiritueux au calme, prenant soin de reluquer sans vergogne sa compagne d'un soir. Cette putain de robe noire lui allait si bien... qu'est-ce qui la retenait de lui enlever là ? Tout de suite ? Erykah tiqua, sentant les regards jaloux des mêmes mecs dans son dos. Leur mettre une raclée lui ferait le plus grand bien ! Et elle n'avait pas besoin de sa batte pour ce genre de bagarre.

• Université de Columbia, hein ? Tu viens donc de New-York ? Pardon… Je m’embarque trop dans des détails “personnels”.

Mais non ! Il ne fallait pas. Cette fille avait le don de remettre Erykah sur le droit chemin. Un rien pouvait la distraire et il ne fallait pas qu'elle créé de malaise dans ce bar. D'autant que la belle avait un sacré coup dans le nez ! Un Blue Moon est sensé rendre euphorique en un temps record, surtout en multipliant les doses. La sulfureuse laissa échapper un rire, manifestement satisfaite de son affaire.

•J’veux dire… Ah... Oublie ce que je dis, car je ne sais même pas ce que je radote.

Pourquoi riait-elle autant ? Parce qu.un détail venait de changer. Exit les civilités ! Phoenicia venait de la tutoyer à deux reprises, chose que Erykah avait très bien cerné. Qu'à cela ne tienne ! Le vouvoiement était tellement démodé... Secouant la tête d'un Oui outrageux, elle attrapa le verre de la brune et le termina à sa place. Elle avait la descente facile, et puis l'heure n'était plus à la discussion. Aguicheuse à souhait, elle se releva de son siège et prit les mains de la Phénicie.

• Danse avec moi.

Les rires avaient disparu. Seuls leurs iris parlaient, une couleur incitant l'autre à la suivre sur la piste de danse. C'était tentant, beaucoup trop tentant pour la blonde qui ne savait plus se tenir. Et même si la brune avait quelque chose à y redire, elle n'avait plus le contrôle de ses actes, dictés d'une main de maître par la sulfureuse, l'entrainant en toute connaissance de cause sur ce parterre ciré qui n'attendait qu'elles.


La musique japonaise s'était éclipsée, laissant place à autre chose de bien plus sensuel, une danse que Erykah affectionnait particulièrement, parce que ça lui donnait une excuse pour se mouvoir comme une simili prostituée face à la créature de rêve qu'était Phoenicia.

Mettant en évidence son décolleté plongeant, la blonde se trémoussait aisément, ondulant son corps au gré des notes, tantôt proche de la brune, tantôt prête à allumer tout ce qui bougeait autour d'elles pour la charrier juste un peu. La débauche cette femme ! On ne le dira jamais assez. Faire la fête était dans sa nature. Elle se devait de la partager, de nourrir l'envie dans les yeux de la Phénicie. L'obliger à se dévergonder en public ? Presque. Tant qu'elle y prenait du plaisir.

Erykah se sentait à merveille, seule avec la Phénicie et sa fierté d'avoir pu l'entraîner avec elle sur la piste de danse. Cet air indou lui plaisait vraiment. Son corps ondulait toujours, cherchant la proximité de la brune puis son rejet la seconde suivante. L'éternel va-et-vient du cycle de la vie. Sa partenaire mit un temps avant de se laisser aller. Jouait-elle la prudence ? Ou n'avait-elle vraiment pas l'habitude de profiter ? De toutes manières, il était trop tard pour reculer. La foule se réunissait autour d'elles, curieuse et désireuse de mater les deux merveilles qui se trémoussaient sans se soucier de ce qui les entourait.

La sulfureuse ne put s'empêcher de sourire à pleines dents. Phoenicia osait un peu plus, venant remuer son superbe cul contre son bassin, montant et descendant avec grâce sans se priver. Tantôt lui tournant le dos pour qu'elle puisse admirer son mandala et sa chute de reins, tantôt de face à s'agripper à ce regard profond. Un vrai duel de séduction se jouait là, et personne ne devait intervenir. Leurs doigts s'entrelaçaient, se détachaient, effleuraient la hanche de la blonde et l'épaule dénudée de la brune. La novice faisait tournoyer la pro, lui chuchotant qu'elle était sa déesse... c'était si beau à voir ! Pourtant, Erykah ne se sentait pas pleinement satisfaite. Il manquait quelque chose.

La musique prenait fin, laissant place à une valse rapide à laquelle la blonde ne put s'empêcher de grimacer. Hors de question de danser sur ça ! Elles n'étaient pas dans un salon chic. Se tournant vers la Phénicie, elle remarqua derrière elle une place libre pour son putain de cul. Quoi, qui a dit que c'était mal de faire une fixation sur une paire de fesses ? S'approchant de la demoiselle, elle déposa sa main au creux de sa nuque et se pencha sur son oreille gauche.

• Installe-toi sur ce fauteuil. J'reviens tout de suite.

Ses yeux pétillaient de malice. La danseuse professionnelle avait pris la relève, forçant Erykah à passer aux choses sérieuses. Mécontente de ce son on ne peut plus vieillot et démodé, elle se dirigea vers la petite régie au fond de la salle et lâcha sa demande au disc jockey.

• Change-moi ça tu veux ! Et mets-moi une Lambada.

Le ton employé ne portait pas à confusion. La sulfureuse lui avait donné un ordre clair. Qu'il dégage cette merde ! Et sur le champ ! Impatiente de montrer tout son potentiel, elle passa à côté d'un serveur doté d'un plateau à coupes de champagne. Elle s'en empara de deux et rejoignit la Phénicie, assise bien sagement sur ledit fauteuil. Remuant son boule sur la piste de nouveau libre, elle lui tendit ses bulles et posa les siennes sur la table basse avoisinante. C'était son tour de briller... La sulfureuse recula et prit place au centre de la piste.

• Profite du spectacle.

Chut... Le calme avant la tempête. Les voix se turent. Les lumières se tamisèrent. Erykah Mersch, danseuse professionnelle de renom, se tint prête pour le show. Le regard bas et les bras en l'air, elle attendit le top.


Léger roulement de tambour. Lancement de la basse et de l'accordéon. L'air suave de la Lambada commença, irradiant les muscles de la blonde, lâchant la bête assoiffée sur la piste de danse. Simple mise en jambe sur les premières notes, ses talons hauts claquaient en attendant patiemment la voix envoûtante de Loalwa Braz.


Début des hostilités. Erykah n'existait plus, pas plus que Genesis. La musique avait envahi tout son être, laissant apparaître une prêtresse du déhanché sensuel proche de la luxure. Ses pas s'animaient en rythme, sur cet air effréné et délicieux à souhait. La danseuse se courbait, se trémoussait en cadence, pliait le genou et tournoyait sans la moindre retenue. Ses yeux perçants se contentaient de retenir l'attention de la seule personne qui le méritait... la Phénicie.


C'est ça... continue. Loalwa entraînait Erykah dans un tourbillon toujours plus fort, toujours plus éreintant. Les émotions ne firent plus qu'une. Il n'y avait que la musique qui la rendait aussi vivante. Sa robe à damiers brillait de mille feux sous les projecteurs. La sulfureuse ne contrôlait plus rien, comme tenue par des fils invisibles et secouée tel un pantin articulé. Le son de ces instruments et le rythme imposé l'obligeaient à tourner, encore et encore, montrant aux yeux de tous ces cuisses dénudées et ce décolleté plongeant, menaçant de tomber à chaque instant. La magie opérait, en silence, sans que rien ni personne ne puisse l'en empêcher.

Hélas... La musique prit fin. Trois minutes trente de show sulfureux à l'unique intention de la brune, confortablement installée sur son fauteuil de velours rouge. Erykah termina sur une courbette élancée, relâchant l'ensemble de ses muscles et souriant à pleines dents. Inutile de dire à quel point elle se sentait bien ! Mais elle avait soif, et sa flûte de champagne posée non loin de la Phénicie lui faisait de l’œil.

Saluant son public, elle quitta ainsi la piste de danse sous un tonnerre d'applaudissements et de sifflets aigus. La gente masculine espérait-elle plus de sa petite personne ? Dommage pour vous messieurs. La belle n'avait d'yeux que pour une lady ce soir. Peut-être une prochaine fois ? Si le cœur l'en dit. N'écoutant que son désir de plaire, Erykah se posa sur le siège d'à côté, fixant de ses prunelles sa douce et sexy récompense de la nuit. Ses doigts attrapèrent la flûte de champagne et elle trinqua avec Phoenicia. La chaleur montait en elle, violemment.

• Mon Dieu ! C'qu'il fait chaud !

L'appel de l'alcool se fit trop pressant. La blonde ne put s'empêcher de siffler sa flûte d'une traite, sans prendre le temps de respirer ni même de savourer son champagne. Un hoquet parcourut sa gorge. C'était à prévoir ! Un fou-rire incontrôlé la submergea.

• Oups !

Plaçant une main devant ses lippes rouges, elle tenta par tous les moyens de calmer sa folie. Elle avait assez bu pour ce soir, c'est certain. Et maintenant que Phoenicia était conquise, elle se sentait pousser des ailes et... Fait chier ! Balance la vérité. Blondie n'aspirait qu'à une seule chose : la prendre. Son corps brûlait de désir pour la Phénicie. Elle avait tellement chaud, son entrejambe comprise. Ses genoux se serraient pour ne pas lui sauter dessus devant tout le monde. Erykah se faisait violence pour mieux pouvoir savourer sa victoire. Ne pas réfléchir et l'emmener chez elle. Lui ôter sa robe noire et la dévorer à volonté. L'entendre gémir et réclamer ses baisers. Plus clair encore ? Se laisser aller sous les draps et s'envoyer en l'air toute la nuit. Au diable les précautions ! Qu'est-ce que ça pouvait lui foutre ?

Son regard de tigresse fondit sur son décolleté, puis revint se planter au plus profond de ses iris. Son regard bleu avait quelque chose d'envoutant en plus du reste. Bien que son sublime cul soit le centre de ses pensées depuis qu'elle l'avait vue partir se refaire une beauté. La femme civilisée n'existait plus. Seule une grosse chaudasse trônait là, désireuse de quitter le bar dans la minute. Elle laissa la brune finir sa flûte, histoire de la rendre encore plus accessible plus tard. Puis, elle se pencha vers elle, attrapant son menton du bout des doigts.

• Et si on s'tirait d'ici ?

Son sourire disparut à la seconde où elle prononça ces mots. L'appel du sexe était le plus fort. N'attendant pas de réponse de sa part, elle lui ôta la flute de ses mains et se leva, guidant Phoenicia à ce qu'elle suive le mouvement assez rapidement. Les deux femmes récupérèrent leurs effets personnels disséminés au comptoir puis, sans se retourner, elles traversèrent le bar pour rejoindre la sortie. Des hommes les appelaient, espérant les retenir mais rien n'y fit. Erykah et Phoenicia s'en foutaient, impatientes de passer la nuit ensemble.