Danger Zone [Feat. Hank & Hunter]

La journée m'a vraiment parue interminable. Elle a été particulièrement longue, comme si elle ne voulait pas se terminer. C'était presque à se demander s'il n'y avait pas des super-héros qui s'amusaient à ralentir la planète pour que le temps ralentisse et qu'ils puissent stopper un super-villain. Quoi ? J'ai vu ça dans une vieille série télé ! Franchement, cela semblait défier toute logique, je ne comprenais pas qu'une journée puisse me paraître aussi longue. Même quand je m'ennuie le temps passe plus vite ! Sans doute parce que la journée au travail a été plutôt pénible.

C'était le jour de la semaine où la fille du patron faisait l'inventaire. Autrement dit, le jour où elle passait son temps à vagabonder dans l'entrepôt en faisant semblant de s'activer sur une tablette et à nous surveiller. Certains employés disaient qu'elle était payée à ne rien faire. J'admets que parfois elle donnait cette impression là. Quand elle restait scotchée à l'ordinateur de son bureau sans raison particulière ou bien, comme aujourd'hui, qu'elle s'amusait à nous surveiller et à nous faire part de ses commentaires ou de soit-disant "conseils". Chaque parole qu'elle prononçait sonnait comme une pique. J'étais content de n'avoir qu'un contrat à durée déterminée. Je ne comptais vraiment pas travailler ici indéfiniment ! Et je serais ravi de ne plus la voir, Lacey. Lacey, un nom tout en douceur, ce qui faisait l'effet d'une mauvaise blague. Sérieusement, qui irait appeler un Pitbull "Titi" ?

Heureusement les autres employés, mes collègues, étaient sympas. On discutait pas mal, autant pendant les pauses que pendant les heures de travail, enfin autant qu'on pouvait sans se faire taper sur les doigts. Lily, une collègue, ne semblait pas dans son assiette aujourd'hui. Elle avait l'air d'avoir l'esprit ailleurs. Elle qui d'habitude est d'un naturel joyeuse. Et avec Lacey la fille du patron sur notre dos toute la journée, ça n'a pas du arranger les choses. Le soir venu, je lui avais proposé d'aller faire un tour, pour lui remonter un peu le moral. Lily m'a parlé d'un bar, prétextant qu'ils faisaient aussi les meilleurs burgers de la ville selon elle. J'acceptais et un autre collègue, Wes, c'est joint à nous.

La soirée s'était déroulée dans la bonne humeur, Lily avait pu parler un peu de ce qui la tracassait, des soucis familiaux et Wes avait réussi à lui remonter le moral. On avait discuté de pas mal de choses, des petits boulots qu'on avait pu avoir, Dieu sait que j'en ai eu beaucoup. On a même fait des paris, sur le fait que Lily n'arriverait jamais à finir son burger vu la taille de ce dernier ! Pourtant elle l'a fait, j'espérais qu'elle n'allait pas être malade cette nuit ou demain. Bien que ça lui ferait une bonne excuse pour ne pas aller bosser. Moi je n'avais pas vraiment droit aux congés maladie, c'est légèrement injuste !

Il était assez tard, lorsque Lily et Wes décidaient de repartir. Nous n'avions pas vu l'heure passer. Wes a décidé de reconduire Lily chez elle, ils sont donc partis tous les deux, moi je suis resté. J'avais aperçu quelqu'un que je connaissais, enfin que j'avais déjà croisé. Au temps où je travaillais dans une pizzeria comme livreur. Et on avait une connaissance en commun. Je pensais aller rapidement le saluer, quelqu'un m'a dit une fois que j'avais besoin de me faire des amis. Je me suis levé, un peu trop brutalement peut-être et j'ai percuté quelqu'un. Un androïde plus précisément, avec un bras robotique, à découvert je veux dire. Un peu comme ce gars dans Captain America. J'ai tourné la tête vers lui pour m'excuser, son regard était froid, vide de toute émotion. ça m'a fait froid dans le dos, une sensation contre toute logique d'ailleurs.

"Désolé." Je me force à afficher un sourire désolé. "Sympa le bras, on dirait le copain de Captain America." J'essaie de rire mais quelque chose cloche, je veux partir, maintenant.
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Le temps était vite passé, il était bien plus tard que je ne le croyais lorsque Lily et Wes sont finalement partis. J'étais resté dans le but d'aller saluer quelqu'un que je connaissais, enfin connaissait c'était peut-être un bien grand mot, disons croisé plusieurs fois. J'ai sans doute dû me lever de ma chaise et me retourner trop brutalement, puisque j'ai percuté quelqu'un. Surprenant quand on y pense, il n'y avait pas eu beaucoup de mouvement durant la soirée. Etrange, sans doute tout simplement la faute à pas de chance. Je m'excuse, puis j'essaie de faire un peu d'humour pour détendre l'atmosphère. Mentionnant Captain America, puisque j'avais bien remarqué le bras qu'il possédait, à découvert, qui rappelait étrangement le meilleur ami de ce super-héro. En y repensant, même physiquement il lui ressemblait, de loin on pourrait presque les confondre. C'est presque drôle ça.

L'androïde me répondait simplement que ce n'est rien, à mes excuses, avant de reprendre la parole après mon petit commentaire. Son créateur est fan, il m'explique qu'il possède beaucoup de comics, certains qu'il n'a pas lu et d'autre qu'il lit en boucle. Il ajoute qu'il ne le comprend pas sur ce point. J'étais un peu surpris par le terme employé, "son créateur", je doute qu'une personne lambda aurait les capacités pour concevoir un androïde soi-même et je doute aussi que CyberLife ait vendu des kits pour ça. Ce terme employé et cette espèce d'aura froide qu'il dégageait, sans compter le sourire, qui n'exprimais pas la moindre émotion, même s'il semblait essayé de donner l'illusion du contraire. Un sourire totalement vide. C'était légèrement inquiétant. Je devine alors au moins qu'il n'est pas un déviant et je me questionne. Est-ce que moi aussi j'avais l'air aussi froid avant ? Enfin bref, peu importe. Quelque chose clochait, même si en soit rien ne semblait clairement l'indiquer. C'était plutôt un genre... De pressentiment ? D'intuition ? Oui, en quelque sorte, c'est ce qui s'en rapproche le plus du moins. Sans raison apparente, j'étais sur mes gardes, comme si un message d'avertissement invisible avait été lancé. Je préfère ne rien laisser paraître et je tente de répondre le plus normalement possible.

"Je peux le comprendre, tout le monde aime les super-héros. Enfin, presque tout le monde."

Peut-être que ça n'a strictement rien à voir avec une intuition, que je me fais simplement des films. Il faut dire que c'est un peu ma spécialité ces derniers temps. Je regarde sûrement beaucoup trop la télévision. Et puis il faut aussi admettre que depuis l'apparition de l'Opposition tout le monde est sur le qui-vive. C'est parfois presque de la paranoïa. Mais vous me direz, c'est comme ça qu'on reste en vie. Seulement le fait qu'un homme s'était déplacé pour se rapprocher lorsque j'avais bousculé M.Super-héro ne m'inspirait rien de bon. La tension hostile qui régnait n'était peut-être pas que le fruit de mon imagination. C'était peut-être mieux de simplement partir maintenant. J'aurais le temps de sympathiser plus tard après tout. Sans doute dans un meilleur contexte. Je ne prends pas la peine d'ajouter quoique ce soit, je tourne les talons pour partir.
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