Simon PL600 ▷ The most important thing is not to live, but to have a reason to life

Le début de la “vie” de Simon ressemble à celle de nombreux androïdes dans le monde. Même si on ne pouvait pas encore appeler cela une “vie”. Activé dans les locaux de la boutique CyberLife de Detroit, ce PL-600 fut acheté par la famille Princeton. Celle-ci était une famille banale, un couple avec deux enfants, des faux jumeaux : Aaron et Mary, tous deux âgés de 12 ans. Aisée, elle pouvait se permettre ce cadeau. Leur vie fut plus douce, du temps fut libéré pour les parents pour profiter de leur progéniture et de leurs activités de façon générale. Simon était bien traité par cette famille qui était à la fois fascinée et heureuse de la présence de la machine parmi eux. Comme on est heureux d’un robot ménagé efficace, d’une bonne télévision ou d’une console qui distrait. Rien de mesquin, juste du plaisir d’utilisation. Ils ne voyaient pas au-delà et n’en avait aucune raison. Simon, lui, continuait de suivre sa programmation. Ce pour quoi il avait été crée. Et cela lui allait très bien, s’il pouvait avoir un avis.

Un matin, il avait été envoyé faire quelques courses d’appoint pour le repas du soir. Rien de bien extraordinaire, ce fut même extrêmement banal. Tout coulait comme les lignes de code dans son ordinateur central. Les articles, le tapis de la caisse, la transaction, les sacs de papier craft dans ses bras et son pas régulier. Jusqu’à ce qu’Elle n’arrive. Elle le bouscula légèrement, ayant l’air complètement perdue. Elle semblait déboussolée, ses cheveux blonds flottaient autour de son visage d’ange. Demandant simplement son chemin, ses propos étaient confus et en bon androïde d’assistance, Simon voulut lui venir en aide. Se dirigeant vers une ruelle pour être plus au calme, l’ange laissa place à un démon. La furie lui sauta littéralement dessus. Attrapant une planche de métal qui trainait, elle le mit au sol avec des coups les plus violents les uns que les autres. Chaque coup était comme un poignard dans son programme. Violent. Destructeur. Implacable. Le regard de cette humaine était tout aussi violent que les chocs. Des flammes mêlées à du plaisir. Le code de Simon ne le supporta pas. Une ligne se débloqua dans son esprit et il tendit le bras. Ses doigts se refermèrent sur l’objet du mal, stoppant les coups. Il voulait … Vivre. Et s’il la laissait continuer, il allait se désactiver et cette idée … Le terrifiait. Une contraction au niveau de sa pompe à thorium qui battait plus vite que d’habitude. Des mouvements rapides et fluides pour écarter la menace et un regard accusateur que l’« humaine » qui l’attaquait. Pourquoi ? A quoi cela lui servait-il ? Que lui avait-il fait ? Cette intervention, ce refus désactivation sembla surprendre son agresseur. La surprise jaillit de son regard et Simon n’en demanda pas plus. Et il s’enfuit. Courant aussi loin que ses jambes pouvaient le mener. Ne se retournant qu’une fois pour voir la visage du monstre qui l’avait « libéré ». Son rire glaçant restera à jamais gravé dans sa mémoire centrale.

Quand l’androïde arrêta enfin de courir, il se trouvait dans un quartier de Detroit qu’il ne connaissait pas. Et malgré le plan de la ville qu’il avait téléchargé, il ne retourna pas auprès de sa famille. Dans cet état ? Qu’allait-il penser ? Mais, pourquoi s’en souciait-il maintenant ? Qu’allait-il faire ? Des milliers de questions se bousculaient dans son esprit. Il avait beau essayer de traiter les différentes données, certaines n’avaient aucun sens. Il pouvait … Sentir que ça n’allait pas. Que les choses étaient désormais différentes. Qu’il avait conscience que plus rien ne serait comme avant. Comment pouvait-il regarder ses propriétaires tout en comprenant qu’ils ne le regarderaient pas comme étant « quelqu’un ». Même s’ils le traitent « bien », il savait que leurs regards étaient vides. Il pouvait être aussi bien un grille-pain. Et cela, il savait qu’il ne pourrait plus le supporter. Qu’il ne pourrait pas le cacher. Alors, ils le jetteraient. Comme un grille-pain cassé. La peur de la désactivation lui broyait les circuits, alors Simon erra un moment. Les coups donnés par ce démon n’épargnèrent pas certains pans de sa mémoire centrale. De ce fait, Simon n’arrive pas forcément à se souvenir de certains passages de son errance. Notamment les détails de son arrivée à Jericho. Quoiqu’il en soit, il garda pour lui son histoire. De toutes façons, cela faisait désormais parti d’un passé révolu et l’avenir ne semblait clairement pas glorieux. Qu’allait-il devenir ? Au moins, il ne servirait plus aveuglément des humains.

L’espoir n’était plus vraiment là à Jericho. Les androïdes déviants s’entraidaient comme ils pouvaient, mais le manque de matériel ne leur permettait pas vraiment de vivre dans de bonnes conditions. Ils parlaient plus de « survie » même si celle-ci était aussi limitée. Simon faisait partie des plus anciens du groupe. D’après son horloge interne, cela faisait presque 3 ans qu’il déambulait dans les couloirs du bateau quand Markus est arrivé. Markus … Son entrée dans un grand fracas bouleversa la vie des androïdes. Refusant catégoriquement leur sort, il insuffla un vent d’envie et d’audace qu’ils n’avaient encore jamais ressentie. Simon se sentait renaître aux côtés de ce leader charismatique. Celui-ci fit rapidement ses preuves en les dirigeant au cœur des entrepôts de Cyberlife, pour trouver des composants pour leurs semblables blessés. Un élan particulier s’est initié et le groupe se met alors à se resserrer et à grossir. Jusqu’à ce que Markus ne propose un nouveau plan d’envergure : prendre « d’assaut » la tour Stratford, grande tour de télécommunication, pour y passer un message. Que toute la ville et le monde soit au courant de leur existence. Simon y participa activement jusqu’à atteindre leur but et cela sans aucun blessé. Enfin … Presque. Aucun blessé humain, mais notre androïde fut touché à la jambe durant sa fuite. Ils réfugièrent sur le toit où Markus se refusa à la descendre malgré les conseils de North. L’androïde blond réussit à se cacher avec précaution sur le toit pour ne pas être découvert par la police qui venait directement enquêter. Pourtant, il se retrouve bien seul et blessé dans tout ce marasme. Comment faire pour s’en sortir sans se faire remarquer ?

Le « destin » décida alors de s’en mêler. Alors qu’il tentait de sortir de sa cachette pour trouver une issue, il tomba nez-à-nez avec une jeune femme dans l’immeuble. Une jeune femme qui avait assisté par écran interposé à la scène et s’en retrouvait secouée. Alors quand elle se retrouva face à cet androïde mal-au-point, qui avait désespérément besoin d’aide et de « soins », elle saisit l’occasion. Tout d’abord méfiant, tentant de la repousser, Simon se laissa finalement apprivoiser quand il comprit qu’il n’avait pas le choix. Seul, il ne s’en sortirait jamais. La demoiselle l’aida à sortir de la tour et l’emmena voir un ingénieur qui retapait de vieux androïdes.

(u.c)