"Je te déteste comme cette phrase qui dit..." - Clara KL900

"Tu veux bien dessiner avec moi ?"

Sa voix se fait entendre dans une salle d'un cabinet d'un psychologue, en compagnie d'un jeune petit garçon qui semble ne vouloir parler à personne. Elle dépose des feuilles, des crayons, souriant. L'enfance pense attendre sans vraiment savoir qu'il est déjà plus ou moins sous le coup d'une thérapie. Alors il dessine, à l'aise de faire face au sourire bienveillant de Clara. Il la regarde un temps pourtant, en train de dessiner, finissant par en faire de même. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'il lui demande :

"Qu'est-ce que tu dessines ?"

Elle lui expliquera alors, avec douceur, lui montrant son dessin qui se veut enfantin. Ils échangent, discutent, il lui explique le sien, les peurs, les traumatismes... Les minutes passent, jusqu'à ce que vienne l'heure de partir. Elle lui dira au revoir en sachant qu'elle le reverrait probablement bientôt. Rangeant les dessins, elle se dirige vers le bureau de son propriétaire.

"Monsieur Varanti ?"
"Oui Selli ?"
"Voici les dessins du petit Jules"
"Mmmh fais-moi voir."

Elle dépose les feuilles, il observe, prend des notes, ils discutent ensemble. Aux yeux de l'homme, elle n'a vraiment d'utilité autre que celle de l'aider dans son travail. Il était parfois plus facile à certains patients de parler à un androïde, parce qu'il était impossible pour eux d'émettre le moindre jugement. Jamais il ne culpabiliserait, jamais il n'allait oser pointer du doigt des erreurs... C'était une machine et pour certaines victimes, c'était plus simple. Alors il avait fini par s'en offrir un, et il devait dire que cela facilitait une partie de son travail, rendant plus rapide la phase de mise en confiance.

Mais elle n'était que ça, une machine et il était bien placé pour le savoir. Il ne voulait pas s'attacher à elle par accident. Alors il la rangeait dans un placard de son cabinet et rentrait chez lui. Faisant bien la distinction entre le milieu professionnel et personnel. Et ça fonctionna... Pendant deux ans...

Aujourd'hui, il s'en félicite encore à qui il peut le dire. Parce que grâce à cela, Selli ne fut jamais déviante... Comment aurait-elle pu sans quitter le cabinet ? Ignorant tout de ce qui se passait à l'extérieur ? Ignorant tout des déviants et de ce qu'ils sont. Aujourd'hui encore... Elle l'ignore...

Et pour cause... Après la révolution, elle fut toujours très bien cachée. Mais les temps sont difficiles pour tout le monde, et le cabinet peine à retrouver une clientèle après la révolution. Alors oui, il y pense de plus en plus. Il ne peut plus vraiment se permettre d'utiliser Selli alors... Oui... Elle pourrait lui rapporter un peu d'argent. Elle pourrait lui être utile... Une dernière fois.

Il n'oublia pas d'effacer la mémoire de l'androïde, la réinitialiser. Elle changera bientôt de prénom, de propriétaire, et ce serait que de l'histoire ancienne... Mais là encore, il fait particulièrement attention aux choix de son futur propriétaire. Il n'est pas question de risquer que cet androïde vienne grossir les rangs des déviants. Alors quand un flic clairement anti-Androïde déviant se montre potentiellement intéressé...Il n'hésite pas.

Il a besoin d'argent et ce Gavin Reed semble être prêt à le lui donner tout en s'assurant que son KL900 ne finira pas entre les mains des déviants.