[FB/-10 days] I just want to protect you | Meredith

Nous n'étions jamais retournés à Detroit depuis cette nuit-là. Depuis la nuit de la révolte androïde. Même si nous avions appris par les médias que mes congénères avaient réussi, ils avaient gagné leur liberté et des droits. Je mentirais si je disais que l'idée d'y retourner ne m'avait jamais traversé l'esprit. Seulement j'avais tant de mauvais souvenirs reliés à cette ville. Alors que le Canada avait signé le début de ma vie. Je n'ai jamais regretté de ne pas y être retournée. Même si à une date particulière j'avais envie de m'y rendre, pour me recueillir sur la tombe de celle qui était une mère à mes yeux.

Malgré tout je n'aurais jamais pensé réellement revenir à Detroit, pour plus que les quelques heures que j'avais imaginées. Ta mère espérait que ce ne serait qu'un aller-retour rapide, de quelques jours peut-être. Seulement j'avais l'impression qu'on allait rester à Detroit bien plus que quelques jours ou quelques semaines. Il allait falloir que l'on reste un bon moment, je m'y préparais. Tu m'avais expliqué que tu devais demander ton pardon militaire auprès du gouvernement, j'étais décidée à me rendre au ministère des affaires androïdes pour appuyer ta demande. J'étais certaine que Markus avait la possibilité d'obtenir ton pardon. Et j'étais déterminée à insister tous les jours en me rendant sur place si c'était nécessaire.

Tu me sortais de mes pensées lorsque tu prenais la parole pour dire qu'on aurait dû rester dans le bois. Il est vrai que cet endroit allait énormément me manquer, pour être honnête c'était déjà un peu le cas. L'avantage c'est que ce serait un soulagement lorsque l'on pourra rentrer à la maison. Tu faisais le bon choix en retournant à Detroit, j'en étais certaine. Surtout que cette requête n'était pas la seule raison de ce retour. Tu m'avais parlé de ta fille, ou plutôt mentionné ta fille. Alors que j'ignorais encore son existence il y a quelques jours. C'est drôle, je ne m'en serais pas doutée si tu n'avais rien dit. J'avoue que j'étais curieuse de voir la petite, je ne pouvais qu'imaginer à quel point elle devait être adorable. J'avais beaucoup de questions, mais je n'osais pas les poser, je ne voulais pas t'embêter, puis j'aurais certainement les réponses assez tôt.

"Non, au contraire on aurait sans doute dû venir plus tôt."

Après un instant, tu répondais que tu pouvais encore arrêter la voiture et que je n'aurais qu'à prendre le premier bus pour rentrer. Je secouais la tête, non je voulais t'accompagner. J'avais décidé de t'accompagner, j'avais sans doute même un peu imposé ma présence sans vraiment le vouloir d'ailleurs. Et puis c'était l'occasion également pour moi d'obtenir de vrais papiers.

"Non, je reste avec toi." Je marquais une pause. "Tout ira bien."

Nous n'étions plus très loin maintenant de Detroit, une petite demi-heure tout au plus, et nous étions visiblement arrivés à destination en attendant. Ton frère nous attendait déjà sur le porche, devant la maison de ta famille. Tu me demandais si j'étais certaine que c'est ce que je voulais. Je hochais la tête.

"Oui, absolument certaine." Je te souriais.

Je te regardais sortir de la voiture pour rejoindre ton frère puis je quittais la voiture à mon tour. Prenant avec moi le reste de nos bagages. Il n'y en avait pas beaucoup, puisque pour ma part je ne possédais pas beaucoup d'affaires. L'avantage d'être une androïde, je n'avais pas besoin de grand chose. Je souriais et je m'avançais finalement vers toi puis ton frère pour le saluer et me présenter.
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C'était une sensation réellement étrange de revenir ici, à Detroit, aux Etat-Unis. Nous avions mis tellement d'efforts, nous avions eu tellement de mal, à quitter le pays. Lorsque ce soir-là nous avions finalement enfin traversé la frontière, je ne pensais jamais revenir ici. Le Canada avait été une véritable libération. Pour la première fois depuis longtemps, je m'étais en sécurité, heureuse même par moments. Je m'étais sentie vivante. Là-bas j'avais appris à vivre et non plus à simplement survivre. J'aurais pu vivre ma vie au Canada, sans jamais remettre les pieds aux Etats-Unis, même si mon peuple avait gagné leurs droits. Detroit serait toujours dotée d'une aura sombre, tant de drame ont eu lieu là-bas, tant de morts, tant de violence. La ville en resterait marquée à tout jamais, du moins à mes yeux. Pourtant avant toutes ces horreurs, j'avais été heureuse, il y a longtemps, avec Carla. Et c'est là-bas que je t'ai rencontré. Est-ce qu'au final cette ville ne m'aurait pas donnée autant qu'elle m'a pris ?

Malgré tout, je n'étais pas très emballée à l'idée d'y retourner, j'étais angoissée, inquiète. Je savais bien que tu risquais ta vie en venant ici. Je comprenais les raisons qui te poussaient à revenir. Bien que je ne trouvais aucune excuse valable pour refuser ton pardon, j'étais terrorisée à l'idée qu'ils le fassent. Une chimère angoissante que mon esprit continuait de souffler quand bien même je savais que ce ne serait pas logique que cela arrive. Je me jurais de trouver Markus, d'aller le voir en personne et de lui expliquer la situation. J'étais certaine qu'il pourrait t'aider, que lui pourrait assurer que tu obtiennes ton pardon. Tu avais sauvé trois vies ce soir-là en te retournant contre tes congénères, n'était-ce pas la moindre des choses de te laisser vivre ta vie paisiblement après ça ?

Tu me donnait la possibilité -ou plutôt tu voulais- de faire demi-tour, que je prenne le premier bus pour rentrer. C'était mal me connaître. Il était absolument hors de question que je t'abandonne. Et puis, j'avais trouvé comme excuse que maintenant, avec les droits accordés aux androïdes, je pourrais en profiter pour obtenir de vrais papiers. Désormais arrivés, je te suivais hors de la voiture alors que tu allais saluer ton frère. Restant légèrement en arrière, laissant entendre un "bonjour" timide et un signe de tête accompagné d'un sourire poli. Il était visiblement ravi de te voir. Je restais un peu en retrait, ne voulant pas déranger, pendant que vous discutiez. J'ai été surprise lorsqu'il mentionnait de m'emmener au restaurant, était-ce vraiment de moi dont il parlait ? Puisqu'il s'approchait de moi j'en ai conclu que oui. Il ne devait pas savoir que je suis une androïde et je ne savais pas si je devais le dire, ou non. J'ai été gênée par son geste et je n'ai pas vraiment su comment réagir, j'ai tourné la tête vers toi comme une comédienne se tournant vers son souffleur.

"Enchantée, Ben." Je souriais.

Tu lui conseillais alors, en blaguant, de s'éloigner avant que Lexie -que je devinais être sa femme ou au moins sa compagne- ne lui arrache la tête. Chose que Ben fit immédiatement et reportait justement son attention sur celle que je devinais être Lexie. Il lui disait qu'il allait falloir qu'elle rajoute une place à table. Mmh, finalement il allait vraiment falloir lui dire que je ne mange pas, avant qu'ils ne préparent de la nourriture pour moi, ce serait tellement dommage de gaspiller et ça m'embêterait. Ben nous invitais à le suivre sans nous laisser le temps de préciser son erreur. Avant de le suivre, tu t'es retourné vers moi, pour me dire de te promettre que je ne vais pas te juger après ça.

"Tu crains que je prenne peur après un repas de famille ?" Je souriais, un peu amusée à l'idée que tu puisses t'inquiéter de ce que je pourrais penser de ta famille. "Très bien, je le promets. Mais je promets aussi de ne pas refuser si ton frère décide de sortir de vieux albums photos de famille."

Pour être honnête, j'étais un peu curieuse de voir ce genre d'albums et d'entendre de potentielles anecdotes qui iraient avec les photos. J'ai toujours été une adulte, l'enfance et les potentielles bêtises, l'adolescence et la crise d'adolescence, je n'avais rien connu de tout ça. Alors oui, j'étais curieuse de savoir quel genre d'enfant ou d'ado tu avais été et un peu déçue de n'avoir rien pour me comparer. Tu m'avertissais ensuite du fait que ton frère allait exagérer et penser qu'il y avait quelque chose entre nous. Tu me conseillais de l'ignorer, que c'était mieux pour ma santé mentale. Je hochais la tête.

"Tout se passera bien." Et puis j'ajoutais, puisque l'occasion se présentait et que j'y pensais. "Enfin, tu devrais tout de même leur dire que je ne mange pas avant qu'ils prévoient des parts pour moi." J'affichais un sourire gênée.

Je te suivais alors dans l'entrée de la maison familiale et je suivais ton exemple en déposant les sacs que je transportais. Un petit garçon (ton neveu?) est arrivé en courant et s'est arrêté net dans sa course, nous fixant tous les deux. Naturellement je lui ai souri en lui faisant un signe de la main, mais cela n'a pas suffit à le rassurer et il s'est vite jeté dans les bras de sa mère. Oui, c'était bien ton neveu. Il était visiblement un peu effrayé d'avoir une inconnue dans sa maison. Tu reprenais la parole pour dire que tu misais cinquante dollars sur le fait qu'il allait m'aimer en une heure.

"D'accord, alors pari tenu."
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Nous étions dans le salon lorsque soudainement tu paraissais te sentir mal, vraiment très mal. Tu respirais plus vite, beaucoup plus vite. Je reconnaissais malheureusement les signes, une crise de panique en approche. Naturellement je m'inquiétais, surtout lorsque tu fis accidentellement tomber une lampe en voulant prendre appui dessus. Je me suis rapprochée, j'ai posé une main sur ton bras. J'aurais voulu faire plus, pouvoir réussir à calmer tout ça en un instant, te prendre dans mes bras jusqu'à ce que cela aille mieux. Seulement vu la situation il valait sans doute mieux éviter.

"Mitch, tout va bien ?"

L'ampoule de la lampe n'a pas résisté au choc et s'est brisée. La compagne de ton frère est rapidement revenue dans le salon pour voir ce qu'il se passait, alertée par le bruit. Elle te demandait si ça va, visiblement aussi inquiète. Puis tu es rapidement parti sans dire un mot, nous laissant toutes les deux seules. J'avais voulu te suivre, mais la réflexion de ta belle-soeur m'a arrêtée net tant j'ai été surprise. Est-ce que j'avais vraiment bien entendu ? Je n'aimais pas ça, elle semblait inquiète il y a encore dix secondes et voilà qu'elle se permettait ensuite de juger avec une telle froideur ? Je restais abasourdie. Je la trouvais soudainement bien méchante à ton égard. C'était une réflexion déplacée, méchante, qui n'avait pas lieu d'être. J'ai préféré ne rien répondre, je n'étais pas chez moi et de toute façon déclencher une dispute ne mènerait nulle part. Lorsqu'elle s'est plaint de devoir nettoyer ça j'ai finalement pris la parole.

"C'est inutile, ne vous embêtez pas. Je vais nettoyer." Je marquais une pause, réalisant que je n'avais rien sous la main pour nettoyer. "Vous pouvez simplement m'apporter le nécessaire ?"

Je ne sais pas si elle m'a vraiment écoutée, tant elle est repartie vite. Ce qui ne me choquait pas plus que cela, j'avais légèrement l'habitude d'être ignorée, ce n'était pas nouveau. Je souriais à son fils pour le rassurer, il observait en retrait, n'osant probablement pas s'approcher. Je ne voulais pas lui forcer la main alors j'ai simplement attendu une minute le temps de voir sa mère revenir équipée pour ramasser les débris.

"Laissez, je vais le faire ne vous en faites pas."

J'aurais sûrement dû lui sourire pour appuyer ma requête mais je ne pouvais me résoudre à lui sourire après ce qu'elle avait dit. J'ai simplement pris de quoi nettoyer les débris de la lampe, m'assurant de ne rien laisser pour que personne ne puisse se blesser. Je suis allée la rejoindre dans la cuisine pour tout jeter et lui rendre les affaires. Bien que je n'étais pas à l'aise à l'idée de vagabonder dans la maison toute seule, je suis quand même partie de la cuisine pour tenter de te rejoindre. Je suivais le couloir que tu avais emprunté. Suivie de loin par ton neveu, qui devait se demander ce que je faisais. J'ai ouvert délicatement une porte, mais je me suis visiblement trompée de porte car elle donnait sur le sous-sol. La lumière était éteinte, ce qui était assez pour deviner que tu n'étais pas descendu. Puis, qu'est-ce que tu pourrais faire dans le sous-sol de toute façon ? J'ai refermé la porte sans bruit. Je me suis retournée vers ton neveu pour lui sourire.

"Je crois que je me suis un peu trompée de porte." Je marquais une pause. "Tu ne saurais pas où Mitch a pu aller, toi ?" Je continuais de lui sourire.

Je ne m'attendais pas à la réponse que l'enfant m'a donnée.

"Le méchant ?"

C'était une assez mauvaise surprise, mais je tâchais de ne rien montrer. Même si cette réponse me surprenait et me peinait énormément. Je me suis approchée et en restant à distance je me suis accroupie pour me mettre à sa hauteur.

"Oh... Pourquoi tu le surnommes comme ça ? Tu trouves qu'il a l'air méchant ?"

Il a semblé hésiter un instant, mais il a tout de même répondu.

"Maman dit toujours qu'il est méchant oncle Mitch, qu'il fait de la peine à maman et qu'il fait du mal à papa."

Alors sa mère n'appréciait vraiment pas Mitch... J'avais beaucoup de mal à comprendre pourquoi. Etait-ce à cause du Canada ? Parce que Mitch avait pris l'identité de son frère ? Ou bien avait-elle une raison plus précise pour si peu l'estimé ? Elle devait avoir peur pour son mari, mais là encore cela me paraissait exagéré. La famille n'est-elle pas censée passer avant tout ? Même la belle-famille ? Je prenais note de me méfier de cette femme. Je hochais brièvement la tête à trois reprises. Cela me brisait le coeur, mais j'étais sûre que le petit garçon allait vite changer d'avis et voir que tu n'étais pas méchant comme le pensait sa mère.

"Il n'est pas méchant tu sais, ta maman est peut-être en colère mais je suis sûre que tout va bien se passer. Tu verras, Mitch est vraiment très gentil."

Je me relevais finalement et j'allais cette fois toquer à la seconde porte, au lieu d'ouvrir directement cette fois au risque de me tromper une seconde fois. Seulement au moment où j'allais toquer une première fois ton frère nous appelait à table. Je me suis tournée vers ton neveu qui observait toujours.

"Tu devrais y aller, on arrive dans deux petites minutes."

Puis finalement je frappais à la porte de la salle de bain.

"Mitchy ? Tu es là ? Est-ce que tout va bien ?"
By Halloween sur Never-Utopia

La discussion avec ton jeune neveu m'avait brisé le coeur. Cela m'attristait énormément qu'il puisse te considérer comme étant un "méchant". Un terrible portrait qu'il tenait de sa mère, qui ne t'appréciait visiblement pas du tout. Je comprenais qu'elle puisse être inquiète pour son mari, je savais bien qu'il prenait lui aussi des risques en te laissant utiliser son identité au Canada... Seulement je ne comprenais tout de même pas pourquoi elle semblait tant te porter en si mauvaise estime. La famille n'était-elle pas censée passer avant tout le reste ? J'allais avoir beaucoup de mal à apprécier ta belle-soeur, son comportement venait sans doute d'installer une méfiance définitive envers elle. En tout cas je savais que ton neveu changerait vite d'avis, qu'il verrait bien assez vite que tu n'étais pas méchant comme il le croyait.

Finalement ton frère signalait que le repas était prêt et je me décidais à frapper, en espérant être tombée sur la bonne porte cette fois-ci. Je n'avais pas spécialement envie que l'on pense que je fouillais la maison. Tu ouvrais alors la porte, affichant un léger sourire mais sincère, tu m'expliquais que tu avais besoin d'une seconde. Je te souriais, remarquant que tu t'étais rasé et que tu avais coupé tes cheveux aussi.

"Je comprends."

Tu ajoutais alors que je m'entends bien avec le petit Dominik. Je ne sais pas si "bien" était vraiment le mot, je restais une étrange inconnue qui se trouvait dans sa maison. Nul doute que ma présence devait le rendre un peu inconfortable, voir lui faire peur. Cependant cela semblait au moins être sur la bonne voie. Il a l'air d'être un petit garçon adorable. J'espérais bien m'entendre avec lui et j'espérais que ce serait pareil pour toi.

Maintenant c'était l'heure du repas, si ton frère nous appelait c'est que tout était prêt. Mince. Je culpabilisais déjà à l'idée de gaspiller de la nourriture, puisque je serais bien incapable de manger même si je le voulais. CyberLife avait clairement oublié ce petit détail. En même temps, ils n'imaginaient sans doute pas que leurs androïdes auraient besoin de jouer la comédie en prétendant être humains. Tu reprenais la parole pour dire qu'on allait devoir trouver une excuse rapidement.

"Tu peux leur dire, ça ne me dérange pas. Fait ce que tu penses être le mieux et je suivrais." Je te souriais, un peu gênée.

Je ne voyais pas de problème qui empêcherait de leur dire ce que j'étais, mais je n'avais peut-être pas assez d'imagination tout simplement. Alors je préférais suivre ta décision, on pouvait leur dire ou trouver une autre excuse. Tu me prenais alors la main pour m'entraîner dans la cuisine. Lorsque nous sommes arrivés dans la pièce, tout le monde était déjà installé à table. Tu semblais légèrement surpris du repas qui se trouvait sur la table, des spaghettis. Tu parlais alors de ton père, t'étonnant qu'il ait donné la recette, puis tu ajoutais, en blaguant sûrement?, qu'il avait dit qu'il l'emporterait dans sa tombe. Ton frère, fier de lui, blagueur, te disais de deviner qui était le fils préféré maintenant. Cela me faisait sourire, j'aurais pu rire si j'oserais mais je me retenais. J'ai été surprise lorsque tu tirais ma chaise pour que je puisse m'asseoir.

"Oh... Merci."

J'ai l'impression que je ne m'y habituerais jamais. Sans doute à cause de mes derniers propriétaires, j'avais bien du mal à comprendre le fait que l'on pouvait me traiter comme une humaine. Comme une vraie personne. Pourtant, Carla, cette femme que je considérais comme ma mère, m'avait toujours bien traitée avant que sa fille et mes derniers maîtres après elle, ne prennent le relais. Mon trouble était rapidement chassé grâce à toi et ton frère, qui continuait de te taquiner. Etrangement à vous deux vous arriviez à me mettre à l'aise, malgré la méfiance qui s'installait entre moi et ta belle-soeur. Tout s'arrangerais peut-être lorsque j'aurais trouvé Markus ? En tout cas, je ne savais tout de même pas vraiment comment réagir, ou quoi répondre. Je me tournais souvent vers toi comme une comédienne ayant oublié son texte se tournerait vers son souffleur. Je ne pus retenir un rire, bien que bref, lorsque tu donnais un coup de coude à ton frère en lui disant d'arrêter de m'embêter. Une vraie famille, c'était le sentiment qui se dégageait de vous deux.

"Je crois que nous allons passer une belle soirée."

Je souriais et j'adressais un sourire en particulier à la jeune femme dans l'espoir d'apaiser les tensions qu'il pouvait y avoir entre elle et toi. J'aurais aimé qu'elle comprenne qu'on ne voulait pas causer de problèmes, que l'on allait vite tout réglé. J'irais au Ministère des Affaires Androïdes demain pour essayer de parler à Markus. Bien que je me doutais que la tâche était plus facile à dire qu'à faire.

Le souper fut vite terminé et tu n'as cessé de te chamailler avec ton frère. C'est étrange, c'était plutôt apaisant de vous entendre vous taquiner de cette façon. C'était comme si pendant un instant on pouvait oublier tout le reste. ll fallait profiter de ces moments, ils étaient rares et précieux. Je m'en voulais de ne pas avoir pu manger. Tu avais heureusement trouvé une excuse en expliquant que l'on avait déjà mangé sur la route. Ce qui rajoutait une dose de culpabilité car du coup tu t'empêchais de manger aussi. Les joies des androïdes. J'espérais que personne n'avait remarqué que je n'avais rien mangé du tout. Ta belle-soeur l'avait peut-être remarqué et peut-être que cela l'avait blessée car elle avait coupé court pour rapidement s'éclipser. J'ai absolument voulu aider à débarrasser la table et à faire la vaisselle. Je me serais bien chargée de tout le nettoyage moi-même mais je n'étais pas chez moi, de ce fait je doutais que ce soit très approprié. Ben en avait profité pour m'indiquer où se trouvait l'album de photos de famille et me dire que je pouvais le regarder si je le désirais. Je mentirais si je disais que je n'étais pas tentée et pas curieuse de découvrir les photos qui s'y trouvaient. Je risquais probablement de céder à la tentation si l'occasion se présentait. J'imagine que ce serait mon petit secret ?

Plus tard nous sommes finalement montés dans la chambre d'invité. Et là tu devais certainement regretter l'excuse que tu avais trouvée pour expliquer le fait que je ne mangerais pas. Puisque ton estomac quémandait à manger. Je m'en voulais de t'avoir privé d'un repas, que tu appréciais beaucoup qui plus est. Il y avait peut-être la possibilité que je puisse me rendre discrètement dans la cuisine pour récupérer quelque chose à manger ? Tu prenais justement la parole, me disant que j'avais survécu à une soirée chez les Olszewski et tu me demandais si je pensais pouvoir survivre à la prochaine.

"Dit de cette manière on dirait presque que c'était un moyen pour nous torturer." Je riais brièvement puis je reprenais. "Je suis sûre que la prochaine soirée se passera très bien et que non, ils ne vont pas m'adopter et t'envoyer dans la niche du chien mais... Si toi tu veux survivre à la prochaine il va falloir que tu manges." Je marquais une pause, puis j'ajoutais. "Tu veux que j'essaie d'aller chercher quelque chose à manger dans la cuisine ?"

Ton frère semblait énormément tenir à toi, ça ne faisait même aucun doute. Et ce malgré l'animosité à ton égard qui animait sa femme. C'était sans nul doute quelqu'un de bien, quelqu'un de gentil. Et je me persuadais que tout irait parfaitement bien une fois que Markus aura fait le nécessaire. Tu semblais alors sur le point de me dire quelque chose, mais tu n'avais pas l'air de savoir comment le dire. Peut-être que tu voulais parler de ce qu'il s'était passé tout à l'heure ? Seulement tu rattrapais ta phrase pour dire que tu n'étais pas épuisé du tout. Je n'insistais pas. Je devinais que c'était peut-être le fait de revenir ici, à Detroit, de voir ton neveu si méfiant qui t'avait mis dans cet état. Je comprenais et tu savais que j'étais là, même si on n'en parlait pas. J'avais appris que nous n'avons pas toujours besoin de parler pour se comprendre. Et que parfois les mots ne suffisent tout simplement pas.

"Mmh, bien sûr si tu le dis. Même si j'ai l'impression que tu t'endormirais bien avant la moitié du film." Je souriais.
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