Catherina Macgrey - Un café pour soigner un coeur brisé

Une fine pluie s'abat dans la ville de Detroit tandis que Catherina regardait d'un air pensant le paysage qui s'offre à elle depuis la fenêtre du restaurant auquel elle travaille.
Elle avait l'air mélancolique, presque triste. Cela ne lui ressemblait pas; d'habitude elle est tellement joyeuse et énergique, s'investissant corps et âme pour donner le sourire à ses clients. Cependant, cela lui arrivait de perdre son visage éclatant pour mettre un plus terne, plus triste, plus dur.
Elle repensait à son passé, à sa mère surtout.

Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu de nouvelles d'elle, et ça l'attristait. Elle se demandait si elle allait mieux, si elle pouvait enfin sortir de ce trou qu'est l'hôpital psychiatrique. Pour la retrouver. Après tout, c'était bien elle qui l'avait nourrie, éduquée et aimée.
Catherina repensait à sa ville natale, à New York. Une ville bruyante, polluée mais avec des amis, de l'ambiance et des câlins chaleureux. Avant elle vivait avec sa mère et son père. Une petite famille de trois sans vraiment de soucis. La jeune fille serra le poing en repensant à son père.

Ils étaient heureux... Elle se souvint des après-midis d'été à jouer au football avec ses amies et son père ou à faire de la peinture jusqu'à en mettre même sur le mur.

Ils étaient unis... Elle se souvint des matins d'hiver à boire des tasses de chocolat chaud en regardant une bonne série avec sa mère.

Ils étaient inséparables... Elle se souvint des soirées d'automne à essayer d'écraser le plus de feuilles mortes possible dans l'espoir de faire un bruit satisfaisant.

Ils étaient fiers... Elle se souvint des déjeuners de printemps, un beau pic-nique à trois avec des boîtes de bento à côté d'un arbre en cerisier.

Ils étaient...une famille.

Catherina baissa les yeux, comme intimidée par la prestance du paysage gris de Detroit. Elle soupira en se grattant nerveusement son cuir chevelu et en reprenant le fil de ses pensées.

Oui, ils étaient une famille jusqu'à ce que son père s'éprit d'une androïde. Un modèle A400 si elle s'en souvient bien, fabriqué pour aider à faire le ménage et aider sa famille. Au fond, elle n'en voulait pas à son père d'avoir aimé une autre personne. Après tout, cette androïde était belle, douce, gentille, à l'écoute et s'occupait bien d'elle. Personne ne pouvait vraiment nier ce charme qu'elle dégageait et la petite Catherina de l'époque n'était pas dupe.
Cependant, elle ne comprenait pas pourquoi il s'était enfui sans laisser de trace. Sans explication. Juste un message sur un bout de papier froissé laissé négligemment sur la table basse du salon avec écrit "désolé".
Au début, elle avait pensé que c'était un enlèvement. En effet, l’androïde avait disparue elle aussi et ce n'était vraiment pas le caractère de son père de faire une escapade en amoureux. Après quelques recherches fait par la police, il fallait se rendre à l'évidence. Il a laissé sa famille, sa femme et sa fille. Et ça, elle ne pouvait pas accepter.

La brunette soupira, réalisant qu'elle ne se souvint même plus du visage de son père. En même temps, ces événements se sont passés il y a longtemps déjà. Et plus le temps passe, plus les chances de survie de sa mère étaient faibles.

Elle ne pouvait pas vivre sans lui. C'était juste impossible, comme un programme qui ne peut pas s'enlever. Ils avaient passés tellement de temps ensemble, vécus tellement de choses que c'était comme priver de l'oxygène.
Au début, sa mère essayait de sortir de cette dépression en essayant de nouvelles choses comme le yoga, le dessin ou la peinture, mais Catherina savait au fond d'elle que c'était plus pour rassurer sa fille que se guérir elle même.
Puis, s'en était trop. Elle n'avait plus les ressources nécessaires pour se protéger, pour changer. Elle ne pouvait plus supporter cette réalité. Une nuit, elle a essayé de prendre beaucoup de médicaments pour...

Catherina ne pouvait pas verbaliser ce mot sans que quelques larmes apparaissent sur son visage. C'était encore un sujet sensible qui l'a mettait dans toutes ses états et causait parfois des crises d'angoisses assez marqués. Elle ne s'interdisait pas de pleurer, mais elle préférerait le faire dans sa maison, loin des relations sociales et du monde.

Peu de temps après cette événement, sa mère a été prise en charge par l'ambulance, puis par l'hôpital psychiatrique, voyant que cette tentative n'a rien réveillé en elle. Il fallait que des professionnels soient là pour elle. Il fallait qu'elle reprenne sa vie entre ses mains. Il fallait qu'elle vive indépendamment de son amour. Sa mère travaille, elle essaye de s'en sortir. Et Catherina sait que petit à petit, elle y arrivera.

Cette événement l'a aussi fait prendre conscience de son but, de sa mission, de sa destinée.

Donner le sourire aux gens, peu importe la raison, peu importe le contexte. Donner rien qu'un brin de bonheur dans ce monde triste et fatigué. Car elle sait que le moindre étincelle de bonheur peut changer la journée d'un homme, peut être même changer sa vie. Juste l'écouter parler des problèmes d'un client devant une tasse de café chaud peut réparer son cœur et envisager un beau projet d'avenir. C'est tout ce qu'elle espère, rien de plus, rien de moins.
Et elle aimait bien le café, elle voulait d'ailleurs diriger son petit magasin de barista. La raison de cette passion pour le café est que son père en préparait souvent quand elle était petite.
Catherina fit un petit sourire en ricanant. La vie est ironique, n'est-ce-pas? Enfin, on vit avec.

Quand Catherina a atteint ses dix-huit ans, elle a migré à Detroit, LA ville tendance qui pourrait attirer beaucoup de monde, et donc faire beaucoup d'affaire. Depuis, la clientèle à doublée depuis la Libération des androïdes, ce qui l’arrange bien.
Elle se leva en pensant qu'elle avait de la chance de s'être faite embauchée à Wine and Bread, étant même barista pour remplacer le personnel. La brunette s'étira, puis un beau sourire se fendit sur ses lèvres. Allez, ça va bientôt être l'heure de l'ouverture du restaurant.