No no it's not a date, what do you mean by date? [ft Ian]

Ian lui avait dit de choisir le restaurant. Malgré qu'il ait toujours habité Détroit, il avait rarement sorti pour dîner. Il fît signe à l'androïde de patienter un instant, le temps de consulter sa tablette et de lancer le GPS à la recherche d'un restaurant. Son attention se porta sur un petit resto sur la Hart-Plaza, non loin de chez lui. D'après les commentaires des consommateurs, l'emplacement était sympathique et l'ambiance était décontractée. Parfait, il n'aurait pas besoin de changer son accoutrement; il était bien dans son shirt de Jurassic Park et son pantalon délavé. Et si par une quelconque malchance il s'avérait à pleuvoir, son habit ne sera pas ruiné. Jay regarda à l'extérieur. Heureusement, le ciel était sec. Pour le moment.

« J'ai trouvé quelque chose! C'est tout près, mais je conseille de prendre un taxi pour s'y rendre! Pourrais-tu en appeler un, s'il-te-plait? »

Comment refuser avec le sourire qu'il affichait présentement? Il attrapa deux imperméables, un pour Ian et un pour lui, avec le temps gris à l'extérieur, c'était à prévoir. Le jeune homme les garda sous le bras; aucune raison de les porter pour le moment avec ce ciel éclairci. Le taxi ne tarda pas à se pointer et de se garer devant la maison sur Lafayette street. Tout juste avant de sortir, Jay attrapa Sunny, lui déposa un petit baisé sur le bout du museau, pour ensuite libérer l'animal de son emprise.

« Sunny, je compte sur toi pour garder la maison! Bye, je t'aime! »

Il lui envoya la main et se dirigea à l'extérieur, où le véhicule les attendait. Jay aurait préféré adresser ses paroles à quelqu'un d'autre qu'à un chat, mais pour l'instant, il s'en contenterait. Ils embarquèrent dans le taxi autonome, entra l'adresse du restaurant dans le tableau de bord et appuya sa main pour faire avancer le véhicule. Le trajet était court, une dizaine de minutes, peut-être vingt. Une musique populaire donnait un peu d'ambiance pour les faire patienter, mais Jay mît fin à la mélodie. Il préférait parler à l'androïde qui se trouvait à ses côtés plutôt que d'écouter le band. Ses derniers temps, il était très occupés avec les cas qui se multipliaient au CyberHospital ainsi que sa petite entreprise chez lui, les moments de discussion avec Ian se faisait un peu plus rare, malgré qu'ils se voyaient à chaque jours.

« Alors ses boulots? Tu as trouvé quelque chose de sympa? »

Et il était vraiment intéressé à connaître un peu plus la vie d'indépendance de Ian. Il lui souhaitait de découvrir le monde, de se trouver des hobbys, se faire des amis, d'avoir des interactions humaines, de multiplier ses expériences… BON, il s'égarait un peu. Est-ce qu'il avait trouvé quelqu'un de précieux à ses yeux? Si oui, Ian gardait sa relation secrète. Jay eut un pincement au cœur lorsqu'il imagina son androïde avec une autre personne. Est-ce normal d'avoir mal lorsqu'on imaginait son ami en couple? Il n'avait pas eu mal quand Mike, son meilleur ami, lui avait présenté sa fréquentation. Mais avec Ian, c'était différent. Jay l'avais choisi parmi tant d'autre model. Il lui avait donné un toit, il l'avait considéré comme son égaux. Il entretenait de belle conversation avec lui, ils écoutaient des films ensemble jusqu'à l'aube. Leur relation était très différente de se qu'il maintenait avec Mike. Il en avait davantage de souvenir avec Ian. Son ami qui lui avait démontré de l'affection. Son ami qui l'avait défendu. Son ami qui avait toujours été présent pour lui. En pensant à tout ça, l'informaticien regardait l'androïde, en tentant de le déchiffrer. C'est vrai que Ian agissait étrangement depuis quelque temps. Jay était sûr qu'il lui cachait certaine chose. Mais c'était ça être humain, oui? Il n'avait plus besoin de tout dire. Ian ne lui appartenait pas. Pendant un instant, il croyait que le déviant allait partir et avoir sa propre habitation, pour avoir une vraie vie. Il voulait lui poser la question, mais il ne savait pas trop comment aborder le sujet. Il se prît une note mentale.

Le véhicule s'arrêta dans une rue connexe à la plaza. Ils étaient rendus à destination. Jay fût le premier à sortir du taxi. Heureusement il ne pleuvait pas. Peut-être qu'aujourd'hui n'allait pas être qu'une journée de malchance. Ils continuèrent à pied jusqu'à la devanture de l'établissement. Effectivement, il s'agissait d'un joli petit restaurant.

Dans le véhicule autonome, Jay se renseigna sur la nouvelle vie de l'androïde. Ce dernier ne semblait pas vraiment apprécier les petits boulots qu'il accumulait, du moins, il en était incertain. C'était dommage, la vie était faite pour être aimé, pas pour être gâché. Cependant, Ian accumulait les expériences, ça lui permettait de développer entièrement sa personnalité. Il devait passer par les petits boulots pour savoir ce qu'il appréciait et qu'est-ce qui ne l'allumait pas. Il fût d'ailleurs plus que surpris lorsque celui-ci lui avoua qu'il aimerait une carrière en t'en que… Pompier? Pompier, c'était un noble métier. Sauver des vies, aider la population, etc. Mais qui pouvait être assez risqué aussi. Et s'il décidait d'être pompier volontaire, Jay avait l'impression qu'ils allaient se perdre de vue. Ça signifierait aussi que le déviant devra porter l'uniforme, et il n'était étrangement pas contre ce fait.

« Pompier, c'est bien! »

Il doit avouer qu'il ne savait pas trop quoi répondre. Jay avait toujours été une personne qui s'éloignait du danger, il préférait de loin rester sur son ordinateur, dans sa petite zone de confort. Peut-être que l'androïde le pensait trop ennuyant et voulais de l'action dans sa vie. C'est vrai que Jay n'osait jamais rien, mais était-il prêt à foncer dans l'inconnu? Ian, en revanche, avait survécu Jericho et la manifestation de Markus. Ce sont des actions assez dangereuses. Et il l'avait défendu aussi, le soir, après une petite fête. Après maintes réflexions, Ian serait bien dans ce domaine.

Jay remarqua ensuite que le déviant fixait le vide, troublé. Il lui effleura la main doucement pour lui dire qu'il compatissait et que tout allait bien maintenant. Ian ne sembla pas avoir remarqué ce geste, sûrement perdu dans le passé. Le jeune informaticien retira sa main lorsque le taxi se stationna. Bien sûr, il recommencerait si Ian avait encore besoin d'un peu plus d'appui, mais avec la mine qu'il affichait, il avait sûrement repris ses forces. Arrivé au restaurant, il y avait un peu d'attente. Jay n'était pas très bon pour les « small talk », en exemple lorsqu'il avait tenté de faire la conversation durant le trajet, il ne pouvait que se donner un A pour l'effort. Mais c'est Ian qui prit parole le premier, cette fois-ci. Il le regarda lorsqu'il sentît le regard de l'androïde sur lui. La question étonna Jay, pendant une fraction de seconde. Il voulait savoir pourquoi il l'avait choisi, lui, plutôt qu'un autre à la boutique de Cyberlife. C'est vrai, ils n'en avaient jamais parlé jusqu'à maintenant. Était-ce de l'inquiétude, de l'anxiété, ou bien simplement une curiosité que Ian éprouvait? Jay chercha ses mots, pas certain de comment répondre sans créer de malentendu ou de malaise. Il déplaça son regard droit devant lui pour chercher sa réponse. Ian remarqua sans doute sa détresse, car le déviant poursuivi avec une plaisanterie. Avant de répondre, Jay reposa son regard sur lui en riant.

« Comment refuser un androïde à trois cents dollars? »

Il aimait l'initiative de Ian pour détendre l'atmosphère, la plaisanterie avait fait son effet. Jay pensa davantage à la vraie question. « Pourquoi lui ». Comment répondre sans paraitre égoïste? Et pourquoi Ian soulignait les mots « modèles féminins »? Est-ce que c'était une question à double sens, car il voulait avoir une copine et était curieux de savoir quelle était la réaction de Jay face à ça? À bien y penser, Ian se sentait sûrement seul. Avant Sunny, du moins.

« Je t'ai choisi pour plusieurs raisons, mais pour répondre à ta question; esthétiquement parlant, tu étais franchement le plus beau de la gamme, modèles féminins et masculins confondus. »

C'était étrange dire ça à haute voix. Bien que ce fût la réalité? Les êtres humains aimaient ce qui était esthétiquement beau. Et Jay n'était pas une exception. Alors, la vraie réponse à la question serait du genre « car tu étais mon type ». Mais cette réplique était assez embarrassante.

« Pourquoi cette question? Tu aurais voulu que je t'offre un modèle féminin? »

Ils laissèrent passer quelques personnes qui sortaient du restaurant.

Ian remarqua sûrement l'hésitation dans sa voix lorsqu'il avait donné sa (très) courte opinion sur le fait qu'il voulait être pompier. "Ça n'a pas vraiment l'air de te plaire comme idée pourtant." lui dit l'androïde. Ce n'était pas que Jay n'était pas d'accord à l'idée, non, pompier c'était très bien, mais ça voulait dire moins de temps libre et plus risque. Jay ne pouvait s'enlever les images de Ian quand il s'était mis dans des situations dites « dangereuses ». Il n'aimait pas ça, mais il était qui pour décider ? Si quelque chose de malheureux arrivait, Jay pourrait toujours le réparer. Si ce n'était pas trop grave. Il était beaucoup trop mélangé pour faire un choix éclairé présentement.

« Non non t'inquiète, ce n'est rien. Tu es courageux, c'est tout. Moi, je ne serais jamais capable de faire un métier comme ça! Je préfère aider le monde dans mon confort, faut croire. »

Il lui retourna son sourire, un peu désolé de sa réponse. Il aurait aimé l'appuyer davantage, mais il avait de la difficulté à voir le positif. Il ne pensait pas clairement pour le moment. Jay s'attendait à quoi, du coup? Que Ian voudrait être coiffeur? Réceptionniste? Créateur de mots entrecroisés? Jardinier? C'était sûrement des boulots trop ennuyant pour Ian. Cette androïde avait un trop bon cœur. Trop pur dans le monde où ils vivent actuellement.

Lorsqu'ils attendirent qu'une place se libère dans le restaurant, Ian le questionna sur le pourquoi il l'avait choisis lui en particulier. Jay lui avoua que ce n'était qu'une question d'esthétique, mis à part les programmes et les nouvelles fonctions pour les AX400. C'est vrai, l'informaticien voulait avoir un beau modèle qui était agréable au regard. Cyberlife avait déjà déclaré qu'il ne faisait pas d'androïde au physique parfait, pour ressembler aux êtres humains, toutefois, Jay croyait que celui qui était à ses côtés l'était. Damn you Cyberlife and your false statement. Jay aperçut la LED changer du bleu au jaune lorsque l'androïde reçu le « compliment. » Soit il enregistra la donnée, soit qu'il ne savait pas trop quelle émotion démontrer. L'avait-il embarrassé en répondant franchement à la question ?

Jay lui demanda ensuite s'il avait voulu avoir un modèle féminin, puisqu'il avait déclaré que ces modèles étaient « vraiment mignonnes. » Finalement, Ian lui avait répondu que non, car il était seulement curieux de savoir. Pourtant, Jay détecta qu'il y avait sûrement un peu plus que de la simple « curiosité ». En fait, c'est ce qu'il pensa. Il arqua un sourcil en enchaînant son autre question, en attendant la réaction de l'androïde.

« Un modèle masculin alors ? »

Joueur, il appuya l'emphase sur le mot « masculin. » Après tout, Ian avait sûrement un petit penchant pour la gentes masculine, si sa mémoire ne lui mentait pas. Jay était curieux d'entendre ce qu'il avait à dire sur le sujet. Un sourire en coin se dessina sur le coin de ses lèvres.

La serveuse vint les accueillir et leur demanda de la suivre, pour enfin leur assigner une place libre. La table n'était pas très grande, mais acceptable pour deux personnes, et était située près d'un mur. La dame attendît qu'ils s'installent avant de distribuer leurs menus devant eux. Deux menus. C'était sûrement par politesse, car elle avait certainement remarqué la LED sur la tempe de Ian. C'était peut-être ça l'égalité ; même s'ils savaient que les androïdes ne se nourrissaient pas, on faisait « semblant » que oui. Odd. La serveuse quitta la table pour leur laisser quelques minutes pour faire leur choix. Jay hésita, il ne savait pas trop quoi mangé. Alors, quand la serveuse revint prendre la commande, il demanda le mets végétarien du jour.

« Je suis désolé que tu sois obligé de me regarder manger, surtout au restaurant comme ça. J'aimerais être solidaire et ne rien diner. Je te remercie d'être avec moi. »

On arriva avec son plat et une miche de pain. Ce n'était plus la même dame qui servait, mais une jeune fille d'une petite vingtième. Jay reconnaissa rapidement son visage. Malgrer que son visage n'était pas unique, ses yeux eux l'était. Elle était venue à son bureau à quelques reprises. Il la salua et lorsqu'elle le reconnus, elle afficha un large sourire. Ils n'eurent pas vraiment le temps de se parler, mais elle promît qu'elle allait revenir lorsque qu'elle sera en pause. Elle salua Ian aussi avant de repartir servire un couple.

Jay n'aimait pas vraiment où la conversation les menaient. Il avait l'impression de tenter de décourager Ian sur le fait qu'il voulait travailler dans les soins et les secours. Pourtant, c'était tout autre. Oui bien sûr, une image continuelle de Ian, blessé au niveau du sternum, le hantait, mais que pouvait-il faire ? Le danger n'était pas pour lui, son opinion ne devrait pas affecter le jugement des autres, Ian inclus. Le jeune homme encouragea son ami en lui posant une main sur l'épaule.

« Fait ce qui te comble ! Et si tu veux être pompier, alors lance-toi ! Je t'encouragerais peu importe ce que tu choisis, vie au maximum ! »

En espérant que son encouragement lui remontera le moral et l'incitera à poursuivre ses rêves.

Dans le restaurant, Ian lui demanda de lui expliquer son choix à la boutique de Cyberlife. La question avait débord était un peu embarrassante, mais il avait tout de même choisi de dire la vérité, le plus sérieusement possible. Jay n'avait pas de raison de cacher sa décision, même si sa réponse semblait être égoïste. Il n'a pas eu à hésiter trop longtemps, Jay savait tout simplement que c'était « CE » modèle qu'il voulait. Bon, c'est vrai qu'il voulait originalement une Chloe, mais il était très heureux présentement que ce modèle avait été discontinué ; il n'aurait jamais pus rencontrer Ian et vivre de belles expériences. Il appréciait beaucoup l'androïde, il devait se l'avouer. Jay lui demanda aussi s'il avait voulu une copine androïde. Ian désapprouva. Un copain alors ? Ian, sur un ton amusé, lui avoua que non, qu'il n'avait pas besoin de compagnie, mais que si Jay le désirait, il pouvait en accueillir un. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Jay était un peu confus, à dire vrai. Est-ce que l'androïde venait d'avouer qu'il voulait habiter seul, sans lui ? Oui, Jay était quelqu'un de solitaire, mais il ne se voyait pas vivre sans lui. Sa pensée le fît légèrement rougir. Il chassa son embarrassement avec une image plus négative ; ils devront faire chemin à part, tôt ou tard, c'était un fait. Ian allait avoir sa petite vie à lui, il n'était plus obligé de rester avec Jay. Et avec l'argent qu'il récoltait avec ses boulots, cette possibilité arrivera sûrement plus tôt qu'il le pensait. Il afficha un sourire moqueur en direction du déviant.

« Tu n'as pas besoin de compagnie… Je souhaite alors que je ne te gêne pas dans ta solitude ! »

Il regretta un peu ses paroles ; il ne voulait pas entendre Ian dire qu'il le gênait. Jay avait toujours été quelqu'un de gentil et attentionné avec lui. Il aimait passer du bon temps ensemble devant la télévision, même si ce n'était pas une activité très… active.

Une fois leur table assignée et les menus distribués, il remarqua que l'androïde feuilletait la carte aussi. Sa diode avait pris une couleur dorée, Jay se demanda qu'est-ce que Ian avait à l'esprit. Regardait-il les prix ? Ça semblait être abordable. La serveuse revient prendre les commandes, enfin, la commande, et reparti aussitôt. Jay en profita pour se faire pardonner et de remercier le déviant. Ian n'était certainement pas obligé de faire tout ça. C'était généreux de sa part. L'androïde précisa que ça ne le dérangeait pas que Jay mange devant lui. Bon, à la maison non plus, ça ne le gênait pas vraiment, mais ils étaient dans un restaurant, c'était différent, si ? Ensuite, en surprenant Jay, Ian le remercia à son tour. « C'est moi qui devrais te remercier, d'avoir accepté mon invitation. Je trouvais que c'était une bonne idée de sortir pour une fois, de changer un peu nos habitudes. » Jay savait qu'il ne devait pas répondre en flirtant, mais c'était plus fort que lui. Et si Ian le prenait mal, il avait seulement à dire que c'était pour plaisanter ; comme à chaque fois qu'il tentait de flirter avec lui d'ailleurs…

« Comment refuser quand on est aussi parfait que toi ? Mais tu as raison, on devrait changer cette habitude et sortir plus souvent, la compagnie est très agréable. »

Il laissa un petit rire incertain s'échapper, pour excuser ses paroles. Est-ce que c'était trop ? Jay ne voulait pas créer de malaise, mais faut croire qu'habituellement il était un expert en ce qui concernait les « moment gênant. » Jay commença à manger sa nourriture.

Lorsque Ian lui avoua que c'était « grâce à lui qu'il n'avait pas besoin de compagnie », Jay ne s'est pas retenu pour afficher un sourire. C'était très maladroit, est-ce que l'androïde voulait vraiment dire ces mots ? Car avec cette phrase, tout portait à croire que Ian était devenue quelqu'un de solitaire, comme Jay. Bon, ce n'était pas mal, mais ce n'était certainement pas bien non plus ! Du moins, peut-être que ses paroles voulaient signifier autre chose, comme par exemple ; « je ne veux personne d'autre quoi toi » et blah blah blah. Mais ce serait trop beau, un scénario digne d'un drame sentimental. Jay continua à lui sourire pendant qu'il écoutait le déviant se reprendre. « J'aurais besoin de compagnie si toi et Sunny n'étiez pas là et si je devais pas passer mon temps libre à rattraper vos bêtises. » Jay rit, quelle bonne blague ! Il le savait bien que ce n'était qu'une plaisanterie ; il ne faisait jamais de bêtises ! … si ? En fait, si on le comparait à Sunny, c'est elle la grande rebelle ! Nombre de fois que Jay avait aperçus Sunny miauler devant une porte close et, lorsque Ian arrivait pour la lui ouvrir, elle repartait dans le sens inverse ! Et combien de fois il l'avait vu pousser des trucs qui étaient rangé sur son bureau ? Pas Ian, Sunny ! Bien que la pensée de Ian qui se comportait comme un chat était une image comique !

« Oh ? Mes bêtises ? Et tu crois que tu es un ange ? Je n'ai pas besoin de personne d'autre, tu prends toutes mon attention ! »

Et il ria de plus belle, oh qu'il aimait blaguer ! Bien que finalement, ce n'était pas une plaisanterie. Ian occupait toute son attention, même lorsqu'il partait travailler. Ian n'était pas « un ange » car il rendait Jay confus, incertain, insécure. Bien sûr, l'androïde le faisait inconsciemment, mais ça rongeait Jay de l'intérieur. Mais bon, il pouvait vivre dans ses conditions, si ?

Leur table leur fût attribué et leur (son) repas aussi. La conversation n'était que des « excuse-moi, merci, je te pardonne, merci, t'as de beaux yeux tu sais, merci, haha ». Bon, ce n'était pas vraiment les mêmes mots, mais l'essentiel était là. Jay se sentait particulièrement joueur, et il était ravi que Ian le suive dans son élan de flirt. « Oh tu sais, tu es pas mal non plus. » Même s'il ne faisait que « jouer », Jay ne put s'empêcher d'apprécier le compliment. Le jeune homme, en sortant ses talents d'acting, mis une main devant son visage pour « cacher sa gêne ».

« Tu me trouves simplement "pas mal" ? » dit-il innocemment, en le regardant dans les yeux.

Une chose qui était bien quand ils « faisaient semblant » de flirté, c'est qu'il pouvait dire ce qu'il voulait sans qu'il y ait de malentendu. Et le sourire de Ian était très très bien aussi. Un sourire enjôleur digne d'Hollywood, il pouvait même viser l'Oscar s'il le voulait, car ça semblait très naturel ! Les androïdes avaient vraiment tout pour eux. Ensuite, Ian lui offrit de sortir plus souvent, et de revenir ici. Cette idée n'était pas trop mal, mais était-ce qu'un coup de comédie ? Il en était incertain, mais Jay resta en mode flirt. Il lui fît un clin d'œil.

« Je vote que ça en devienne une habitude alors ! Mais t'inquiète, il n'y a pas que le resto que je souhaite ! »

Combien de temps ce petit jeu pouvait durer ? Toute la vie, Jay espérait. Du moins, toute sa vie. Jay finit son plat, qui était d'ailleurs délicieux, mes compliments au chef. Ses pensées voguaient dans son esprit. Sa vie. Présentement, Ian et Jay semblaient avoir le même âge, fin vingtaine, jeune trentaine. Mais qu'est-ce qui allait arriver lorsque Jay allait vieillir ? Qu'est-ce que Ian ferait après son décès ? L'informaticien savait que les androïdes pouvaient vivre longtemps (du moins, naturellement), mais pas les êtres de chair. Il n'aimait pas quand son anxiété faisait surface comme ça, mais il devait poser la question à Ian. Pour qu'il le rassure. Le jeune homme gardait toujours le sourire, cependant, ce sourire était moins joyeux.

« Maintenant, c'est moi qui ai une question. Qu'est-ce que tu comptes faire lorsque je ne serais plus là ? Je veux dire, quand je serai mort ? »

Oh oui Ian, tu es un ange. Bien sûr que tu l'es. Surtout en le disant comme ça, avec tes joues rosées, sûrement causé par la gêne et ta diode qui s'agitait depuis un moment. Jay était encore perdu dans ses pensées. Il l'était souvent aujourd'hui, d'ailleurs. Ce petit androïde avait un pouvoir sur les pensées de Jay, et il ne s'en doutait sûrement pas.

« Si tu le dis, ça doit être vrai alors. La perfection est inaccessible. Tu l'es toi aussi ? »

Sur ses paroles, il lui envoya un clin d'œil. C'était maintenant à Ian de décider comment interpréter cette phrase. Enfin, il ne pouvait pas nier qu'il n'était pas « accessible », car il savait tout aussi bien que lui que l'androïde avait refusé leur relation et qu'aux dernières nouvelles, Ian n'avait personne en vue. S'il appréciait quelqu'un, le déviant lui en aurait parlé, c'est à ça que servent les amis. Demain, il lui posera la question, car un doute commençait à se créer dans sa tête. Jay savait que les androïdes devenues déviants avaient certaines difficultés avec leurs émotions. Il pourrait tenter de l'aider du mieux que ses connaissances lui permettaient.

Une fois la conversation entamée autour de la table, l'ambiance était très enjôleuse. De nature assez réservée, Jay en oublia qu'ils flirtaient en public. L'impression qu'ils étaient seuls lui donnait le courage de dire à Ian ce qu'il avait en tête. Bien sûr, Ian ne se doutait sûrement pas que ses propos étaient véridiques. Enfin, si l'androïde le savait, il ne le laissait pas paraitre et ne se gênait pas pour entrer dans ce petit jeu avec lui. Ian le remercia d'avoir accepté son invitation et l'interpellé lui avoua qu'il n'aurait pas pu refuser une telle demande venant de quelqu'un d'aussi parfait. Ian enchaîna que Jay n'était pas mal non plus. Simplement pas mal ? Non, pas simplement. Oh Jay aimait cela, recevoir des compliments, même si ceux-ci n'étaient sûrement que futilités. L'informaticien aurait voulu que l'androïde élabore plus sur son raisonnement, mais sa réplique était très bien. Jay pouvait insinuer ce qu'il voulait. Et il s'insinua que Ian le trouvait canon. C'était vraiment pas mal.

Jay lui avoua ensuite qu'il voulait sortir plus souvent avec lui. Il glissa mot qu'il souhaitait autre chose que le restaurant, petite phrase à double sens. Bien sûr, sa dernière affirmation n'avait pas échappé à l'androïde, il semblait surpris qu'il n'y ait pas seulement le restaurant que Jay voulait. Et Ian lui posa la question. « Quoi d'autres alors. » Sa question le prît de court. Oh s'il savait tout ce qu'il souhaitait, son ami en sera sûrement rouge d'embarras ! Il ne pouvait pas vraiment lui dire tout ce qu'il voulait, en pensant qu'il n'y aura pas de répercussion, car ils étaient encore simplement un jeu. Jay pouvait cependant parler du premier sens de sa phrase : un autre emplacement que le restaurant. Il avait tant de choses qu'ils pouvaient faire ensemble, autre que de regarder la télévision ou jouer à des jeux vidéo. Le jeune homme ne s'en plaignait pas, il aimait bien passer des heures dans le confort de son salon, avec Ian. Mais pourquoi s'empêcher de faire des activités hors de chez soi ?

« Tu veux savoir ce que je souhaite ? » Jay fixa un point invisible pour aider à faire son énumération. « Je ne sais pas ; faire des activités, allez au théâtre, faire des promenades, allez à des galas, un baisé sous la pluie après un bon moment au resto. » Il se mît à rire à cette dernière énoncée ; il pleuvait à l'extérieur.

Jay avait presque fini sa nourriture lorsqu'il commença à sentir l'anxiété envahir son corps. Ce n'était pas le moment. Pourquoi son esprit s'est permis de penser à la vie de Ian après le décès de Jay ? Ce n'était pas un sujet de conversation pour le restaurant ! Ce n'était VRAIMENT pas le bon moment, ni le bon endroit. Mais il ne puit s'empêcher de poser la question à l'androïde. Jay savait que ses pensées n'allaient pas partir aussi facilement. Est-ce que Ian allait garder leur maison et y vivre avec sa petite famille ? Jay aimerait bien connaître la future petite famille. Il espérait qu'il serait toujours en vie pour les rencontrer. Ian déposa une main sur la sienne. Merci, il en avait besoin pour revenir sur terre. Le déviant prit la parole pour venir à son secours. Il avait toujours les bons mots lorsque Jay était en détresse. Quoi que l'androïde ne répondît aucunement à sa question, ça ne semblait pas déranger Jay le moindre du monde. Il se mît à rire sous les efforts de Ian.

« Oh je ne suis pas certain que je veuille paraître dans les Guinness World Records avec la tronche que j'aurai ! » Il rit de plus bel, sincère.

Son appétit commença à revenir et il ne voulait pas vraiment gâcher son diner. Il inspira pour calmer les petites émotions négatives qui n'étaient pas encore parties et entrepris d'empoigner sa fourchette. La main de Ian était toujours sur la sienne. L'avait-il remarqué ? À moins qu'il jugeât que Jay n'était pas encore tout à fait stable et avait besoin d'un peu plus de support ? Le jeune homme lui sourit.

« Puis-je reprendre ma main ? » il se permit une pause avant de continuer doucement. « Je te promets que lorsque j'aurais fini de manger, tu pourras la réclamer. »

Une bonne petite plaisanterie pour faire revenir cette bonne atmosphère joviale.

Ian était très évasif dans ses réponses. Peut-être avait-il peur de donner une mauvaise réponse et rendre les choses ambigus. Jay ne savait pas trop quoi en pensé, alors il se contenta de sourire. Il pourrait tenter de comprendre ce que sa réponse pouvait dire, mais plus tard.

Jay lui énuméra ensuite les activités qu'il souhaitait éventuellement faire et glissa qu'il aimerait bien un baisé, plus précisément sous la pluie après un bon resto. Le jeune homme attendait sa réaction ; allait-il est plus gêné ou plus sûr de lui ? Car n'oublions pas, Ian pourrait toujours croire que ça faisait partie du jeu, n'est-ce pas ? Enfin… Même Jay n'était plus totalement sûr si ce qu'il avait dit en faisait partie, maintenant. Contre toutes attentes, Ian lui répondit par l'affirmatif. Venait-il de… accepter sa proposition ? « Ça peut s'arranger, on organisera tout ça, » avait-il dit. Jay resta stupéfié pendant trois secondes. Qu'est-ce que le déviant insinuait lorsqu'il a dit « tout ça ». Jay se posa sérieusement la question s'il s'agissait encore du jeu ou non. Et malheureusement, il ne pouvait pas le savoir à moins de lui demander. Mais Jay était trop intimidé présentement pour l'interroger sur le sujet. Cependant, Ian n'avait pas rejeté l'idée, alors il pouvait s'en contenter. Il pourrait l'agacer avec cette affirmation à l'avenir. Il se prit des notes.

Trois secondes sans réaction de la part de Jay, c’était long. Ian commençait sûrement à se poser des questions. Le jeune homme devrait penser à dire quelque chose avant que ça devienne encore plus embarrassant. Devrait-il lui dire une réplique, changer de sujet de conversation, l’ignorer ou préparer son crayon pour faire un « x » dans sa bucket-list ? Non, il devrait opter pour quelque chose de court.

« Oh, je vois »

Non, trop court ! Et en plus, ça ne voulait rien dire.

« Tu veux qu’on commence par quoi, alors ? » Jay lui lassa le temps de réfléchir avant de continuer, pour enlever tout malentendu. « Le théâtre ? »

Bien sûr, l’option la plus accessible présentement n’était pas le théâtre, mais ils savaient très bien que choix le plus évident n’était pas réalisable.

Jay lui demanda alors qu'est-ce que le déviant ferait dans plusieurs décennies. Le jeune homme ne voulait pas trop en parler, surtout pas au restaurant, mais ses paroles ont été plus fort que lui et il avait posé la question malgré tout. Ian trouva les mots juste et réussis à le calmer assez rapidement. Il en était très reconnaissant. Jay n'était pas du genre à vouloir de l'attention et avoir de l'anxiété dans un endroit public pouvait attirer les regards. Justement, il crût voir le couple voisin leur lancer des regards désapprobateurs. Jay espérait qu'il ne leur gâchait pas leur diner… Il se reconcentra sur Ian, et Jay espérait aussi qu'il ne gâchait pas leur sortie. Il se mît à rire quand il lui avoua qu'il n'était pas très intéressé à faire le record du monde ; pas question que le monde voit sa vieille face ! Mais Ian, aussi gentil qu'à son habitude, lui dit d'un ton amusé qu'il serait très bien. Le jeune homme en doutait, mais il n'aimait pas trop contredire son ami, alors il se contenta de rire à son tour.

« J'espère ne pas te décevoir avec le contraire ! »

Jay constata que le déviant avait toujours sa main posée sur la sienne, alors il lui en fît part. Il eut un pincement au cœur lorsque Ian la retira rapidement. Il conclut que l'androïde ne voulait pas trop de contact physique avec lui. Bon, dommage… Le jeune homme profita de sa main libre pour agripper sa fourchette et continuer son repas. Il ne tarda pas à finir son assiette et leur serveuse, la jolie androïde, reviens desservir leur table en leur demandant si la nourriture était bien. Jay acquiesça et lui dit qu'il allait revenir pour sûr. La jeune femme repartir en cuisine avec assiette et verre. Jay se retourna vers Ian.

« Alors, chez moi ou chez toi ? » Jay devrait vraiment revisiter ses phrases de flirts. Il se reprit : « Donc, nous retournons chez nous ou… ? »

Jay lui laissa le choix. La soirée était encore jeune, ils pouvaient continuer à discuter tranquillement ici (ou peut-être dans un autre endroit ?) ou revenir dans le confort de chez soi. Il n'avait pas vraiment de préférence, la compagnie était bonne et il savait que la « compagnie » allait le suivre. Jay se souvenait des paroles que le déviant lui avait dit avant de quitter la maison.

Il n’y avait pas plus vague que tes réponses. Je me demandais si tu le faisais exprès. Quand j’y repense, ce n’était pas nouveaux. Tu étais plutôt évasif depuis la nuit d’une certaine manifestation et malheureusement, notre relation avait bien changé depuis l'événement. Mais c’était normal, après tout. Tu te forgeais une personnalité propre à toi, tu n’étais plus obligé de donner des réponses directes et mécanique, c’est bien ce que tu voulais me faire comprendre, si ? Étais-tu inquiet d’être franc avec moi, de peur que je sois déçu par la vérité ? Je ne savais pas trop quoi en pensé, cependant, je ne t’en voulais pas du tout. En fait, je trouvais ton comportement très amusant, quoique parfois décevant, t'entendre esquiver toutes mes questions en tentant de répondre le plus évasif possible. Je me demandais jusqu’où pouvais-tu détourner mes questions. Tu étais un pro, en fait !  

Lorsque j’ai énuméré mes choix d’activité, j’avoue ne pas avoir opté pour la subtilité en mentionnant le baisé sous la pluie. Je voulais voir ta réaction. Comment allais-tu réagir face à quelque chose d’aussi directe. Je ne crois pas avoir été aussi spontané dans mes affirmations, vivement l’ambiance du « jeu ». De plus, ce jeu me donnait une échappatoire si tout allait mal. Finalement, c’est moi qui ai été surpris lorsque tu me répondais qu’on pourrait arranger tout ça. Je restais sans voix pendant quelques secondes. Je ne savais pas trop quoi pensé de cette affirmation. Pourquoi ne refusais-tu simplement pas mes flirts ? Je suis sûr que tu aimais me voir me noyer dans l’embarra. Merci bro.

Ma réponse fût très maladroite ; « oh je vois », ça ne voulait rien dire du tout ! J'essayais de rester en contrôle de la situation et je me repris calmement en te demandant par quoi tu voulais commencer. Et à toi de me répondre de choisir. Je haussais les épaules, je choisissais souvent dernièrement. En guise de réponse, je t'offris mon plus beau sourire et je te pointais l'extérieur. La subtilité n'était pas mon ami présentement, mais je ne m'en souciais pas, j'avais trop de plaisir à jouer ce jeu. Tu voulais savoir ma décision ? Je n'étais pas vraiment certain que tu aimerais ce que je choisirais réellement.

Je terminai mon assiette, après ma légère crise d'anxiété, et Ariadne vient desservir la table. Je te demandais ensuite si tu souhaitais retourner à la maison ou continuer la soirée à l'extérieur. Tu spécifias qu'il était trop tard pour le théâtre. Je te crois bien sûr ; tu as sûrement lancé une recherche rapide pour t'informer des heures de représentations. J'aimais bien le théâtre, mais j'ose croire qu'il faut s'organiser d'avance pour une telle activité. Tu me proposas ensuite le cinéma. Avec la journée de malheur que j'avais vécu aujourd'hui, je paris que le cinéma prendrait en feu lors de la représentation… ou quelque chose du genre. Était-ce une bonne idée d'y aller ? Si nous voulions être tranquille, nous avions notre petite collection de films à la maison. Je me voyais bien emmitouflé dans une grosse couverture, chocolat chaud à la main et maïs soufflé sur les genoux. Je te ferais une place volontiers dans mon nid, si tu désires me rejoindre. Je chassai ses images de mon esprit, pas de chance que ça arrive, anyway.

Tu précisas ensuite que le cinéma n’était pas un choix dans la liste que j’avais dressé. Je ris à tes paroles, tu n’avais pas tort. J’avais fait une énumération rapide, j’avais sans doute oublié cinq cent mille autres activités que je voulais faire avec toi. Si tu ne voulais que t’en tenir à ma liste, il avait peu d’option possible.

« Le cinéma c’est bien ! Si je me souviens bien, il y a le film dont tout le monde parle, celui qui est numéro un au box-office. » Je pris quelques secondes pour réfléchir, je ne me souvenais plus du titre de ce film. Je me concentrais de nouveau sur toi. Tu avais spécifié la liste, alors comment ne pas faire un commentaire ? « Si tu veux te fier à la liste, ça nous laisse, deux options. Et je ne crois pas qu’une promenade dans un tel temps est recommandée ! » Je ris. « Enfin… à y repenser, je ne serais pas contre. »

Je me levai de ma chaise, me préparant pour partir. Nous pouvons toujours choisir de la suite des choses en chemin.