Before and After [Feat. Elizabeth C. Fields]

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Before and After
▬ Feat. Elizabeth C. Fields

Je n'avais pas rendez-vous à l'hôpital aujourd'hui, puisque j'étais déjà venu quelques jours plus tôt seulement. Une visite de routine, de contrôle. Cela avait été davantage pour discuter, s'assurer que je parvenais à gérer mes émotions et à les comprendre, que pour vérifier que tout fonctionnait correctement. Et puisque je n'avais pas encore tué quelqu'un sous le coup de la colère, ou que sais-je encore, je suppose que tout va comme sur des roulettes ! Je n'avais pas de raison de revenir aussi tôt. Un peu plus d'une semaine après mon précédent rendez-vous.

Seulement il semblerait que cette fois je n'avais pas eu mon mot à dire. C'était idiot, j'avais prévenu que c'était une perte de temps mais ils n'ont rien voulu entendre. On ne sait jamais. Alors que si quelque chose clochait, j'aurais été le premier informé. Ce qu'il s'est passé ? Un accident, banal, ordinaire et sans aucune gravité. Il faisait sombre lorsque j'ai quitté mon travail pour rentrer à la maison. Le feu piéton était vert, mais la conductrice avait eu la tête ailleurs une fraction de seconde. Elle m'a vu mais un peu trop tard. Rien de grave, comme j'ai dit. La voiture m'a juste percuté assez pour me faire tomber, rien de plus. C'était vraiment trois fois rien, je n'avais rien de cassé et la voiture n'était même pas abîmée.

On m'a conduit au CyberHospital parce que c'était "le protocole", soit disant. Malgré le fait que j'avais bien dit que tout allait bien. Pour moi c'était une perte de temps mais au moins visiblement ça rassurait la conductrice. Une jeune fille de vingt ans tout au plus, qui était sortie de la voiture toute tremblante et qui s'était excusée trop de fois pour tenir le compte. Elle avait simplement voulu changer de musique et elle maudissait ses parents de ne pas avoir acheté une voiture autonome. Visiblement elle venait d'avoir une belle frayeur. J'osais espérer qu'elle allait attendre d'avoir repris ses esprits et son calme pour reprendre le volant, ce serait dangereux de conduire dans cet état.

J'attendais dans la salle d'attente, entourés d'autres androïdes dont certains qui contrairement à moi n'étaient pas là pour un petit bobo. La curiosité me piquait, j'avais bien envie de demander ce qui était arrivé mais je me suis retenu. Je n'avais pas spécialement envie d'être là. Et je priais pour que tu aies terminé ta journée de travail, afin d'avoir affaire à un autre médecin. C'était idiot comme réaction. Bien sûr, je te connaissais et je te faisais confiance. Tu es quelqu'un de bien et tu prends ton travail à coeur. Seulement je t'avais aperçue discuter avec Jay l'autre jour, il ne m'a rien dit. Une nouvelle émotion était née à ce moment-là, une émotion qui m'était alors inconnue. Quelque chose qui ressemblait à de la colère, teintée d'envie et de désespoir. La jalousie. Je me faisais des films, imaginant qu'il y avait quelque chose entre vous. Pure paranoïa ! C'était là la raison pour laquelle je voulais un autre médecin ce soir. Parce que je n'avais pas envie de repartir dans des théories les plus ridicules les unes que les autres.

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ELIZABETH FIELDS et IAN AX400

Les jaloux sont comme les fous et les ivrognes, ils ne se rendent jamais compte de leurs souffrances. La jalousie provient d'un manque de confiance non pas envers l'autre, mais envers soi-même.

Terminant un dossier, Elizabeth appela son assistante, une déviante du nom de Haleigh Ricker, une des dernières androïdes sur laquelle elle avait travaillé pour son service personnel. Quand la loi officielle fut passée, Lizzie avait emmené son androïde au Ministère des Affaires Androïdes pour qu'elle soit Libérée. Une fois fait, Haleigh demanda à continuer son travail en tant qu'assistante d'Elizabeth Fields. Après tout, la jeune femme ne l'avait jamais maltraitée. Ainsi leur relation est presque comme avant; à leur seule exception que Haleigh était payée pour offrir ses services.

Elizabeth s'apprêtait à lui demander le reste de son planning quand quelqu'un frappa à la porte de son bureau. Entrez! Dit-elle à la cantonade. C'était un des médecins du Cyber Hospital Docteur Fields, excusez-moi de vous déranger... Elle lui fit signe d'entrer. Que se passe-t'il? Demanda-t'elle. Les médecins sont débordés. Il y a de plus en plus de cas délicats. Par "cas délicats", il voulait certainement faire référence à certaines "manifestations" anti-androïdes. Depuis les actes atroces de l'Opposition, ils s'accumulaient... Et pour peu qu'un pauvre bougre androïde - ou simple humain connu comme étant sympathisant - se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, cela dégénérait.
Elle soupira. D'accord. Je vais prendre les contrôles de routine pour, au moins, vous déchargez de ça. Le médecin la remercia tandis qu'elle se levait pour lui prendre les dossiers qu'il lui tendait. Elle demanda à son assistante de mettre ses dossiers en pause le temps qu'elle finisse les consultations et sorti du bureau, l'autre médecin au talon.

Elle écarquilla les yeux en voyant un nom. Mais il était pas venu il y a une semaine lui? Son horloge interne s'est déréglée? Se demanda-t'elle. Puis son regard valsa sur les causes de l'admission. Un accident de la route. Sans gravité. L'androïde n'avait pas été blessé et il devait avoir une bonne étoile - ou RA9 veillait sur lui, c'est au choix - mais il n'avait pas fait de demande pour obtenir des sensations physiques. Ainsi, il avait du certainement être sonné mais il n'avait pas eu mal. Rien de grave en somme mais, quand l'ambulance était arrivée, il avait accepté bon grès mal grès d'entrer à l'intérieur parce que la fautive de l'accident avait eu la peur de sa vie et voulait absolument savoir si il allait bien. Réaction normale venant d'un humain. Une technique pour se déculpabiliser d'avoir failli tuer quelqu'un. Elle pouvait s'estimer heureuse que ce ne soit pas un humain qu'elle aie renversé. Lui, il ne s'en serait pas remis avec des égratignures!

Elizabeth soupira en prenant la direction de l'étage des admissions. Arrivée aux environs de la salle d'attente, elle regarda autour d'elle puis héla: Monsieur Ian AX400? C'est votre tour!

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J'avais accepté de me rendre à l'hôpital uniquement parce qu'on m'a fait comprendre que je n'avais pas vraiment le choix. J'ai été surpris en arrivant dans la salle d'attente, cette dernière n'était pas remplie mais nous étions plus nombreux que ce à quoi je m'attendais. C'était légèrement inquiétant de voir qu'à cette heure, il y avait tout de même du monde. Je suis entré en lançant un "bonsoir" poli et je suis allé m'asseoir à une place libre. Je me demandais la raison de leur présence ici. Certains avaient l'air endommagés, ce qui piquait ma curiosité. Je brûlais de leur demander ce qui leur ait arrivé mais je préférais me retenir. Cela ne me regarde pas et je doute que ce soit un sujet de conversation approprié pour des inconnus. Quelques uns avaient sûrement croisé des personnes pour l'Opposition voir même des personnes qui font partie de cette sombre organisation. J'espérais que la police trouverait rapidement les responsable et que l'organisation sera démantelée. Je m'inquiétais beaucoup pour Jay depuis qu'ils se sont fait connaître, parce que Jay travaillait au CyberHospital et parce qu'il avait aidé des déviants l'année dernière. J'avais peur que tout ça fasse de lui une cible de choix pour ces cinglés, qui n'hésitaient pas à s'en prendre à leur propres congénères.

La grimace sur certains visages laissait voir leur douleur. Ils avaient mal. J'avais eu l'occasion de pouvoir ressentir la douleur moi aussi. Lorsque je m'étais rendu au Ministère des Affaires Androïdes, on me l'avait proposé. Seulement j'avais déjà bien suffisamment de mal à gérer mes émotions, je n'avais pas besoin de ressentir d'éventuelles douleurs physiques en plus. J'avais poliment décliner l'offre. Ce que j'avais pu voir à la télévision ne m'avait pas spécialement donné envie non plus. L'avantage d'être un androïde était justement l'absence de toute douleur physique, je n'allais pas m'en priver. Les humains, eux, peuvent bien manger après tout. A chaque espèce ses avantages !

D'autres semblaient en parfait état, ce qui me laissait croire qu'ils n'étaient là que pour une simple visite de contrôle ou pour demander de l'aide vis-à-vis de leurs émotions. Quelqu'un avait visiblement oublié de nous prévenir qu'être déviant n'a pas que des avantages, que ressentir des émotions n'est pas forcément agréable. On avait guère le luxe de choisir ce que l'on ressentait. Forcément, il n'y a pas que des émotions plaisantes dans le lot. La jalousie, la peur et la colère je m'en passerais bien. Parfois mon statut de machine me manquait, j'avais bien moins de problèmes à cette époque là, dans un sens la vie était plus simple, même si je n'y retournerais pas pour autant. La vie était simple ou mais tellement fade.

J'ai attendu un moment avant d'entendre mon nom. Je me suis levé et j'ai eu un bref moment d'hésitation. Cette journée s'améliore de minute en minute. J'aurais bien aimé avoir affaire à un autre médecin ce soir. Pour éviter que mon esprit me souffle de nouvelles chimères. Visiblement mes prières n'ont pas été entendues. Je te revoyais discuter et rire avec Jay l'autre jour. J'ai vite chassé cette image et je me suis avancé vers toi, un sourire poli sur le visage. Il fallait faire bonne figure. Je n'ai pas de raisons de t'en vouloir après tout. Ce n'est pas réel, ce n'est que mon imagination. Et pourtant mon ton était plus froid que d'ordinaire malgré mes efforts.

"Bonsoir."

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Les jaloux sont comme les fous et les ivrognes, ils ne se rendent jamais compte de leurs souffrances. La jalousie provient d'un manque de confiance non pas envers l'autre, mais envers soi-même.

Elizabeth soupira en passant à côté d'une baie vitrée quand elle remarqua la pluie s'abattre sur Détroit. Bon, c'était la météo habituelle du coin mais la jeune femme regrettait l'été et le grand soleil tout en pensant à poser ses congés pour partir dans le sud de manière à recharger ses batteries.

Ces derniers temps avaient été durs, elle s'était investie corps et âme à la reconversion de l'entreprise tout en prouvant aux déviants qu'elle était digne de confiance. Cela avait marché et elle soupçonnait - même si ça n'avait pas été facile - les déviants qu'elle avait aidé d'avoir parlé en sa faveur.

Enfin, maintenant tout allait bien. Ou presque... Elle se passerait bien des activités d'une certaine organisation!

Quand elle héla son patient du jour, ce dernier se manifesta tout de suite; épargnant à Lizzie la corvée de lui courir après. En attendant qu'il arrive auprès d'elle, elle observa les patients présents. Elle soupira intérieurement. Certains étaient endommagés comme si ils s'étaient pris des objets contondants. "Bonsoir." Entendit Lizzie, l'arrachant à ses pensées. Le ton froid - du moins en avait-elle eu l'impression - surprit la jeune femme mais elle ne s'en formalisa pas. Bonjour, Ian!

Elizabeth lui présenta son bras pour qu'il aie quelque chose à quoi se tenir, ayant remarquant qu'il boitait. Des séquelles de l'accident selon toutes vraisemblances. Il fallait qu'elle l'examine pour en être sure mais cela ne devait pas être si sérieux que ça. Les policiers sur place après les faits ont du faire preuve d'un peu de zèle...Depuis le vote des lois permettant aux androïdes d'avoir les même droits que les humains, certains le prenaient très à cœur. Enfin, pour ceux qui se sont battus pour ça, on n'allait pas se plaindre!

Ils arrivèrent dans un bureau d'auscultation vide présentant tous instruments du bon médecin androïdes dont la fameuse machine. Elle guida son patient jusqu'à une chaise avant d'aller elle-même s'asseoir en feuilletant le dossier. Bon, je sais plus ou moins ce qui s'est passé. Quelqu'un t'as fauché avec sa voiture c'est ça? Demanda-t'elle tout en connaissant la réponse. Dans d'autres situations, c'était impoli mais là c'était pour la procédure. Notant la réponse de Ian pour le rapport médical. Je t'explique la procédure. Tu vas monter sur la machine. Dit-elle en pointant l'objet Elle va analyser pour voir si quelque chose ne va pas. Tu ne ressens pas la douleur, il se peut que tu aies une fuite de sang bleu. On est jamais trop prudent même si Elizabeth savait que tout ce que Ian pouvait avoir, Jay l'aurait soigné.

Elizabeth se releva et dit: Tu es prêt? d'une voix douce et professionnelle cachant sa nervosité. Elle ne savait pas pourquoi mais elle sentait une sorte de tension dans l'air et ça l'agaçait au plus au point! Elle ne s'était jamais sentie mal à l'aise au sein de la Tour - sauf quand il avait fallu, lors de l'affaire sur les Déviants, cacher qu'elle était favorable à leur cause - alors d'où venait cette impression?! Une fois qu'elle vit que tout était bon, elle lâcha: Je vais être honnête. Cela ne va pas être agréable! puis elle enclencha la machine dont les bras vinrent saisir ceux de son patient et des câbles se brancher à ses terminaux.
Elizabeth prit une tablette tandis qu'elle recevait, sur cette dernière, les informations internes de Ian en temps réel. Bon... Pas de fuite mais tu as un composant d'os artificiel qui a légèrement bougé. Rien qui ne soit inopérable. Bref, comme elle le pensait depuis le départ: rien que Jay n'aurait su faire lui même!

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Je m'étais levé et je t'avais rejoint aussitôt après m'avoir appelé. Autant ne pas perdre de temps. Je trouvais déjà ça dommage de m'avoir fait venir ici alors que visiblement il y a d'autres personnes qui pourraient réellement avoir besoin d'un médecin. Je t'avais saluée, en essayant de mettre mes tourments de côté mais ça n'a pas suffit et ma voix paraissait froide malgré moi. Tu m'as salué aussi, visiblement tu n'avais pas remarqué mon ton. Je n'allais pas m'en plaindre. Je voulais mettre ma jalousie de côté mais elle continuait à me parasiter. Où est donc le bouton Off ?

Tu m'as présenté ton bras en remarquant que j'avais un peu de mal à marcher, je boitais. C'était ma jambe qui avait encaissé le choc de l'accident. Elle était toujours un minimum fonctionnelle, dans le cas contraire je n'aurais pas été capable de me déplacer, à moins de le faire à cloche-pied. Ce n'était rien de bien grave, un message d'avertissement serait apparu dans le cas contraire. J'allais poliment décliner ta proposition pour m'aider à marcher, mais vu mon ton quelques instants plus tôt j'ai préféré ne pas prendre le risque de paraître encore plus distant.

Je t'ai suivi jusqu'à ton bureau. J'ai hésité un instant sur le seuil, un pied dedans, un pied dehors. J'ai pris une inspiration pour me donner du courage, une habitude inutile puisque je ne respire pas à proprement parler, et je suis entré pour ensuite m'installer sur la chaise où tu m'as accompagnée avant de t'installer derrière ton bureau. Pour éviter ton regard, j'ai contemplé la pluie par-delà la fenêtre. Tu m'expliquais savoir plus ou moins ce qu'il s'est passé, pour me demander si j'ai bien été fauché par une voiture. Pour ne pas paraître impoli, j'ai reporté mon attention sur toi plutôt que sur la météo. J'ai secoué la tête.

"Fauché, c'est un bien grand mot. C'était plus un accrochage qu'autre chose, mais sinon c'est bien ça." Je marquais une pause avant de poursuivre. "Je leur avait dit que ce n'était rien, ils ont tout de même insisté pour me conduire ici."

Je t'ai souri, essayant de paraître naturel et détendu bien que ce soit loin d'être le cas. Je ne pouvais laisser mes émotions me dicter ma conduite. Même si j'avais du mal à me sortir certaines idées de la tête. Tu m'as expliqué la procédure, disant que j'allais monter sur la machine, tu m'indiquais ensuite l'appareil en question. Une machine familière, je l'avais déjà vue durant mes précédentes visites et je me doutais que c'est cette même machine qui nous assemblait, même si je ne m'en souviens pas. Puisque nous étions formatés en quittant l'usine. Tu m'expliquais qu'elle allait m'analyser pour voir si jamais quelque chose ne va pas, ajoutant que puisque je ne sens pas la douleur je peux très bien avoir une fuite de sang bleu. Tu te levais pour m'accompagner jusqu'à la machine en me demandant si j'étais prêt.

"Non pas vraiment, mais j'imagine que c'est nécessaire alors autant faire ça vite."

Je suis monté sur l'appareil comme tu me le demandais, pas très rassuré. J'étais sûr que cette machine serait très utile dans un film d'horreur avec des androïdes. Où par exemple un humain totalement cinglé attraperait des androïdes un peu trop naïf pour les reformatés et leur faire subir un tas d'expériences tordues... Heureusement je te faisais confiance. Enfin peut-être pas autant que je le devrais depuis que je t'avais vue avec Jay mais, je sais que je devrais te faire entièrement confiance. Une fois installé sur la machine tu m'as prévenu, ça n'allait pas être agréable.

Aussitôt activée la machine s'est connectée, dans mon dos, dans ma nuque et des bras sont venus saisir mes poignets pour m'immobiliser. Tu n'as pas menti, c'est pas très agréable ! Après quelques instants, tu m'expliquais qu'il n'y avait pas de fuite, mais qu'un composant d'os artificiel avait bougé, je me doutais que tu parlais de ma jambe. Rien de bien grave, comme je le pensais.

"Jay aurait très bien pu réparer ça."

D'accord, je n'avais peut-être pas dit ça juste pour faire la conversation. Je cherchais aussi à voir une réaction ou au contraire une absence de réaction. Même si en soi c'était vrai, on aurait très bien pu me laisser rentrer chez moi et Jay m'aurait réparé lui-même.

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Les jaloux sont comme les fous et les ivrognes, ils ne se rendent jamais compte de leurs souffrances. La jalousie provient d'un manque de confiance non pas envers l'autre, mais envers soi-même.

"Fauché, c'est un bien grand mot. C'était plus un accrochage qu'autre chose, mais sinon c'est bien ça. Je leur avait dit que ce n'était rien, ils ont tout de même insisté pour me conduire ici." Elizabeth retint un fou-rire de lui prendre à la gorge et rétorqua Un accrochage?! d'une voix ferme. C'est vite dit! D'après le rapport et le témoignage des témoins ET de la coupable, tu as fait un sacré vol plané! Soupirant, elle se retint de se masser les tempes et préféra regarder le dit rapport entre ses mains pour les occuper.
La jeune femme n'avait pas arrêtée de bosser ces derniers-temps et l'appel du café - ou d'un lit douillet - se faisait de plus en plus entendre. Estime toi heureux de ne pas ressentir la douleur... Elizabeth pesa le pour et le contre de ses paroles; avant de dire: En fait, il vaut mieux t'estimer heureux de ne pas être humain: tu serais mort avant même l'arrivée des secours!
Elle se retint de poursuivre en décrivant l'état désastreux dans lequel il aurait pu se retrouver. Le choc de l'impact, le vol et l’atterrissage sans douceur sur le bitume auraient fait des dégâts dont certains auraient pu être irréparable. On lisait suffisamment ce genre de détail dans les faits divers ainsi que les journaux télévisés pour qu'il se fasse une idée. Elle-même évita d'imaginer ce que Ian aurait pu devenir si il n'était pas né androïde incapable de ressentir la moindre sensation physique. Si il était humain lors de l'accident, il serait soit mort soit cloué dans un fauteuil roulant pour le restant de ses jours et obligé de poursuivre des soins de kinésithérapie pour ne pas laisser ses muscles s'atrophiés à cause du manque de mouvement.

Soit! Laissant là ses pensées plus que morbides, elle se leva et l'incita à se mettre sur l'appareil d'assemblage et d'analyse des androïdes pour s'assurer que tout allait bien. "Non pas vraiment, mais j'imagine que c'est nécessaire alors autant faire ça vite." Elizabeth haussa les sourcils face à l'agressivité vocale de son patient. Mais qu'est-ce qu'il avait? Il n'était pas aussi agressif d'habitude! La déviance avait-elle un effet secondaire? Ian avait-il du mal à gérer ses émotions? Émotions dont il n'avait pas l'habitude et qu'ils n'auraient jamais du avoir si l'Eveil - "déviance" dans le jargon androïde - ne l'avait pas frappé?
Elle se promit de lui en parler une fois ses analyses terminés. La médecin prévint son patient que la procédure n'était pas agréable et mit en marche la machine. Elle vit câbles et bras électroniques se saisir de Ian AX400 et le vit grimacer dans l'acte.

Manipulant la machine quelques minutes, elle lui donna son diagnostic. Bonne nouvelle: pas de fuite de thirium. Mauvaise nouvelle, mais prévisible: os artificiel déplacé. Bref, rien de très grave. Surtout pour, au risque de se répéter, un androïde incapable de ressentir des sensations physiques. Si cela avait été le cas, c'était la douille des familles. La réponse de Ian ne se fit pas attendre: "Jay aurait très bien pu réparer ça."
Mais bordel de ...! Sentant son sang-froid la quitter comme rarement, pas professionnel pour une médecin, Elizabeth Fields déconnecta la machine de Ian sans prévenir. Rien de grave pour l'androïde mais pouvant le prendre par surprise pour l'empêcher de se tenir correctement sur ses jambes, en particulier quand une est blessée. Je n'en doute pas, Jay a son propre matériel chez vous il me semble... Elle marqua une pause avant d'ajouter: Et maintenant, ce n'est pas la médecin sous- directrice du premier hôpital androïdes au monde qui va te parler mais bien Elizabeth... Tu as un problème avec moi? On notera le manque singulier de tact de la jeune femme mais elle détestait tourner autour du pot.

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J'avais bien essayé de minimiser ce qu'il s'était passé, t'expliquant qu'il s'agissait plus d'un accrochage qu'autre chose. A mes yeux, fauché, c'était un peu exagéré. J'ai remarqué, pendant mes petites explications, que tu avais eu envie de rire. Cependant tu m'avais tout de même répondu d'une voix ferme, me disant qu'un accrochage c'était vite dit si on en croyait les témoignages, qui disaient que j'avais fait un beau vol plané.

"Je m'entraîne pour être cascadeur."

Une tentative d'humour. Parce que je culpabilisais un peu d'être jaloux. Et aussi parce que je voulais paraître moins tendu que je l'étais. Même si je ne suis pas sûr que cette blague ait de l'effet. CyberLife auraient dû revoir leur programmation de ce côté, c'est clairement pas au point ! Tu m'expliquais ensuite que je devrais m'estimer heureux de ne pas ressentir la douleur. Je pouvais imaginer, ça ne devait pas être super agréable d'être percuté par une voiture. Tu ajoutais ensuite que je devrais plutôt m'estimer heureux de ne pas être humain, parce que je serais mort avant l'arrivée des secours. J'ai eu du mal à cacher ma surprise. Vraiment ? Mort ? Pour un petit accident, en ville ? J'ose pas imaginer alors ce qu'il se serait passé si c'était arrivé sur une plus grande route, hors de la ville, ou pire sur une autoroute. Bien que pour cette dernière, je doute que quiconque, humain ou androïde, aurait survécu. Etant donné la vitesse des véhicules... J'ai vu assez de films et de séries médicales pour imaginer à peu près ce que cela aurait donné. Et franchement, ça ne donne pas envie.

"Oh... Être fait de chair et de sang c'est pas aussi génial qu'on le dit alors, j'ai jamais été aussi ravi d'être fait de plastique." J'ai eu envie de rire de ma propre blague avant de comprendre que ça pouvait ne pas être pris comme une blague justement. Je marque une pause, puis j'ajoute avant de faire une énième bêtise. "Désolé. Humour d'androïde, c'est pas terrible je sais." Je hausse les épaules avec un sourire désolé.

Je change beaucoup trop rapidement d'humeur à mon goût, une vraie girouette ! Je m'exaspère moi-même parfois, comme aujourd'hui par exemple. On dirait que je passe du mec sympa au mec froid en un dixième de seconde. C'est agaçant et frustrant, parce que ça montre que je ne sais absolument pas gérer mes émotions. Tu m'as ensuite demandé si j'étais prêt à monter sur l'appareil. J'ai répondu que non, mais que ça ne servirait à rien de retarder les choses alors autant faire ça vite. Comme pour un humain qui voudrait passer un examen qui l'effraie, une IRM par exemple, ça ne sert à rien d'appuyer sur la sonnette toutes les deux minutes, cela ne fait que fairedurer l'examen pénible encore plus longtemps. C'est comme, arracher un pansement, plus vite c'est fait mieux c'est. J'ai remarqué ton expression quand j'ai répondu ça. J'aurais peut-être dû surveiller mon ton.

J'ai eu du mal à contenir ma grimace quand la machine est venue me saisir et se connecter. "Pas très agréable", c'était une façon de voir les choses oui, un peu en dessous de la réalité tout de même ! Finalement tu m'as appris qu'un os artificiel avait bougé. C'est ce que je disais depuis tout à l'heure, qu'il n'y avait rien de grave. Et puis, j'ai mentionné Jay, cherchant à provoquer une réaction ou une absence de réaction. Tu as rapidement déconnecté la machine, un peu trop rapidement, elle m'a reposé brutalement. J'ai été pris par surprise, mais j'ai réussi à garder mon équilibre par pure volonté. Il manquerait plus que je me casse la figure en plus de tout le reste ! Tu m'as simplement répondu que tu n'en doutais pas, puisque Jay avait son propre matériel à la maison.

"C'est ça. C'était vraiment inutile de vous avoir dérangés pour ça."

J'avais tout juste eu le temps de répondre avant que tu reprennes la parole. Tu m'as expliqué que maintenant ce n'était pas le médecin pour androïdes qui allait parler, mais bien toi. Tu m'as rapidement demandé si j'avais un problème avec toi. La question m'a surpris et m'a pris de court. Je suis resté un instant figé entre surprise et choc. Et puis je me suis senti ridicule. J'ai rapidement réfléchi à une excuse valable qui n'impliquerait pas de devoir m'humilier davantage en racontant la vérité. A savoir que je piquais une crise de jalousie digne d'un enfant en bas âge. Un peu honteux j'ai secoué la tête avant de répondre.

"Non." En soi, c'était la vérité, je sais que je n'ai aucune réelle raison. "C'est juste que.... Eh bien que je m'en veux de t'avoir fait perdre du temps pour trois fois rien alors qu'il y a d'autres androïdes dans la salle d'attente, en plus mauvais état que moi, qui ont vraiment besoin de soins. Je suis désolé si tu t'es sentie blessée par mes paroles, ce n'était pas contre toi. Je suppose que j'ai simplement du mal à gérer mes émotions."

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Les jaloux sont comme les fous et les ivrognes, ils ne se rendent jamais compte de leurs souffrances. La jalousie provient d'un manque de confiance non pas envers l'autre, mais envers soi-même.

Pour Elizabeth, il était évident que Ian lui cachait quelque chose. Mais quoi? Mystère! Et rien ne disait qu'elle découvrirait de quoi il s'agissait...Et si elle tentait de creuser un peu, elle craignait que son patient se braque. Elle sourit à la blague mais répondit qu'il avait eu de la chance de s'en sortir sans trop de casse. "Oh... Être fait de chair et de sang c'est pas aussi génial qu'on le dit alors, j'ai jamais été aussi ravi d'être fait de plastique." Oh non! Crois-moi! Être humain, cela n'a rien de drôle... On a froid, on a chaud, on a mal, on a faim... Ouais, Elizabeth enviait - parfois - les androïdes. Eux, si quelque chose - corporellement parlant - les dérangés, ils leur suffisaient de déconnecter la fonction s'y attachant et plus de problème! "Désolé. Humour d'androïde, c'est pas terrible je sais." D'un ton amical, elle répondu Il y a pas de mal! C'est la "pression" qui redescend! Evidemment, façon de parler! Elle voulait parler du stress...D'ailleurs, Ian aurait encore sa LED, Elizabeth ne serait pas surprise de la voir tressauter dans les tons orangés-rouges...Signe d'un mal-être.

Peut-être que l'accident l'avait plus chamboulé qu'il ne voulait bien le lui dire. Heureusement, l'examen lui montra que Ian n'avait rien de grave. Rien irréparable en tout cas.
Énervée par l'hostilité évidente de son patient, elle se "vengea" en le déconnectant brutalement de la machine. Puéril et gamin, on est d'accord... Mais bon, c'était Lizzie. Elle rejoint, néanmoins, l'avis de son patient en disant que Jay - l'ancien propriétaire et, désormais, colocataire de Ian (et, accessoirement, collègue de Lizzie) - aurait très bien pu régler le problème puisqu'il avait un atelier chez eux. "C'est ça. C'était vraiment inutile de vous avoir dérangés pour ça." Il vaut mieux s'en faire pour rien que de se rendre compte d'un gros problème plus tard, crois-moi! Imaginons que les secours et la police aient laissés Ian rentrer et que celui-ci aie fait une hémorragie fatale de sang bleu sans s'en rendre compte, le scénario aurait pu tourner au drame.
Heureusement, ce n'était pas le cas.

Ainsi, Lizzie préféra se concentrer sur le ressenti mental de Ian. "Non.C'est juste que.... Eh bien que je m'en veux de t'avoir fait perdre du temps pour trois fois rien alors qu'il y a d'autres androïdes dans la salle d'attente, en plus mauvais état que moi, qui ont vraiment besoin de soins. Je suis désolé si tu t'es sentie blessée par mes paroles, ce n'était pas contre toi. Je suppose que j'ai simplement du mal à gérer mes émotions." Lizzie l'écouta attentivement avant de soupirer. Puis, elle déclara: Ian, je suis médecin... C'est mon boulot. On m'a amenée un patient, je l'examine! Et, pour tes émotions: on peut en parler si tu veux... Sur le ton de la confidence; avant de conclure. Les émotions. Les sentiments... Drôles de choses n'est-ce pas? Elles peuvent régler nos vies si on n'y prend pas gardes. On peut faire beaucoup de chose sur le coup d'une émotion trop forte... Et, crois-moi, même un humain - qui a eu des émotions toute sa vie - n'arrive pas à les maîtriser à la perfection. Cela demande du travail... Les androïdes- Enfin, les déviants! - n'y ont pas encore l'habitude. On vient juste d'entrer dans une période où vous avez la tranquillité nécessaire pour les apprivoiser. En oubliant l'Opposition, bien sur! Enfin bref, si tu veux parler à quelqu'un - même de choses insignifiantes - je suis là, d'accord?

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Contrairement à ce qu'on pourrait croire, parce que je suis un androïde, je suis un très mauvais menteur. Et je n'aimais pas devoir mentir, je ne le fait que lorsque j'y suis vraiment contraint. Comme c'est un peu le cas en ce moment. Je devais maintenir mes émotions sous contrôle et surtout ne pas en parler. Alors s'il fallait mentir pour ça, j'allais devoir le faire. Je ne pouvais parler de ce que je ressentais sans te mettre à la puce à l'oreille sur d'autres sentiments, des sentiments qui doivent rester cachés.

Pour en revenir à l'accident, je te répondais que donc être fait de chair et de sang ce n'est pas aussi génial qu'on peut le croire. Et j'ajoutais que sur le moment, j'étais ravi d'être fait de plastique et accessoirement de ne pas ressentir la douleur. Vu le tableau que tu me décrivais sur ce qui me serait arrivé si j'avais été humain. En me rendant compte que mes propos peuvent être mal pris, surtout que la situation est un peu tendue, j'ai précisé que c'était de l'humour. Tu répondais alors que non, être humain ça n'a rien de drôle, vous avez froid, vous avez chaud, vous avez mal, vous avez faim...

"Avoir faim c'est aussi pouvoir manger et ça c'est plutôt un avantage, je pense." Je souris d'un air amusé, content que mes paroles n'aient pas été mal interprétées.

J'aurais aimé être capable de manger. Je suis un androïde ménager, je cuisine et donc je connais une tonne de recettes différentes. Certaines ont vraiment l'air délicieuses à en mourir ! Alors être capable de manger, il y a de quoi rendre un peu jaloux les androïdes. Personne n'a pensé à travailler sur un espèce d'estomac artificiel ? Non mais c'est une vraie question !

L'examen révélait qu'il n'y avait pas vraiment de dommage, enfin si ce n'est ma jambe. Seulement c'est quelque chose de facilement réparable. Alors je ne m'en plaindrais pas. J'ai peut-être été un peu trop loin dans mes paroles, à en juger par ta façon un peu brutale de déconnecter la machine. Tu semblais tout de même de mon avis, quant au fait que Jay aurait très bien pu réparer ça lui-même ce soir. Tu me réponds qu'il vaut mieux s'en faire pour rien, plutôt que de réaliser plus tard qu'il y avait un gros problème. Tu avais parfaitement raison. Je hochais la tête pour acquiescer comme toute réponse.

Tu m'as ensuite demandé, franchement, si j'avais un problème avec toi. Peut-être qu'à cet instant, ma diode avait viré au rouge un court laps de temps. Il faudra m'expliquer pourquoi on a pas la capacité de la pirater pour afficher la couleur désirée ? Ce serait bien plus simple pour cacher certaines choses. Enfin peu importe, tu n'avais sans doute pas remarqué puisque ça n'a duré que le temps que je trouve une explication. Une explication valable et qui soit un minimum -ou qui aurait dû être- vraie. J'ai expliqué que c'était simplement l'impression de te faire perdre du temps pour rien alors que d'autres androïdes attendent des soins dans la salle d'attentes. Des androïdes qui, eux, ont vraiment besoin de soins. Je m'excusais alors si mes paroles t'avaient blessées. Je ne mentais pas vraiment, après tout, mes excuses étaient sincères. Je savais que je n'avais aucune raison valable pour me comporter de cette manière. Et également j'étais vraiment agacé par l'idée de te faire perdre du temps.

Tu ne m'as pas interrompu, tu as attendu que j'aie terminé mes explications pour prendre la parole et me répondre. Je savais bien entendu que tu étais médecin, que c'est ton boulot d'examiner les patients qu'on t'amène. Tu me proposais de parler de mes émotions, si je le veux. Tu me disais alors que les émotions et les sentiments ce sont de drôles de choses. Je hochais la tête, c'était peu de le dire. Tu disais qu'elles pouvaient régler nos vies si on n'y prend pas garde, qu'on peut faire beaucoup de choses sous le coup d'une émotion trop forte. C'est justement ce que j'essayais, péniblement, d'éviter. Tu m'expliquais que même les humains, qui sont nés avec, n'arrivent pas toujours à les maîtriser. Cela demande du travail. Tu continues en disant que les déviants n'ont pas encore l'habitude et que l'on vient seulement de rentrer dans une période assez tranquille pour qu'on puisse apprendre. Tu me dis que si j'ai besoin de quelqu'un pour parler, même de choses insignifiantes, tu es là.

"Je crois que vous avez oublié de nous dire qu'il n'y a pas que des bons côtés à avoir des émotions. Ou alors c'est peut-être nous qui avions oublié, ou qu'on ne voulait pas voir, que d'avoir es émotions c'était parfois pour le meilleur et parfois pour le pire." Je marque une pause. "J'avoue que je commence à comprendre pourquoi les gens font des actes irréfléchis sous le coup de l'émotion. Elles sont difficiles à maîtriser, certaines plus que d'autres." Puis j'ajoute, sur un ton beaucoup moins sérieux. "J'aurais bien aimé trouver le bouton off pour les mauvaises émotions et ne garder que les positives, je l'avoue !"

J'évitais sans doute de parler de celle qui me tourmentait ces derniers temps. Je ne voulais pas en parler. Parce que ce serait déjà très embarrassant, que c'était ridicule et parce que tu comprendrais également que cette jalousie est là pour une raison. Et je ne pouvais me permettre que Jay le sache. Peut-être que je préférais aussi faire l'autruche et me persuader que ce n'est pas réel. Et également, je ne pouvais pas risquer que les choses changent pour le pire. Parce qu'il ne ressentirait pas la même chose. Parce que malgré tout ce qu'on peut dire, je suis une machine, je reste une machine. Une machine vivante peut-être mais une machine quand même.

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Les jaloux sont comme les fous et les ivrognes, ils ne se rendent jamais compte de leurs souffrances. La jalousie provient d'un manque de confiance non pas envers l'autre, mais envers soi-même.

Elle n'était pas psychiatre et la déviance gardait quelques zones d'ombre, Elizabeth était sure d'une chose... Ian avait un certain mal-être. D'un côté, c'était normal. Il était devenu déviant - comme la plupart de ses Frères - pendant une période trouble où cette caractéristique, la déviance donc, était extrêmement mal vue. Des androïdes ayant des sentiments et la notion du libre-arbitre? Hors de question! Ils avaient été conçus pour obéir et telle était leur destinée... Mais, en plus, la nouveauté terrifiait. Ce qui était différent faisait peur. Ian, dans sa chance, était tombé sur Jay comme propriétaire et ce dernier n'avait pas réellement mal pris sa différence. Bien au contraire, de ce que ce dernier lui avait confié, dès qu'il avait vu les rapts d'androïdes par les forces de l'ordre, l'informaticien avait été le premier à supplier Ian de partir et de rejoindre Jericho.
Mais, toujours est-il que, plongé dans le bain aussi brutalement, Ian n'avait pas eu des débuts très faciles. Chassé comme du gibier, séparé de la seule personne qui voyait en lui un ami... Heureusement que le gouvernement avait bien voulu voir la réalité sur la réalité des sentiments des déviants.
Elizabeth se souvenait comme si c'était hier du baiser qu'avait échangé North et Markus devant les soldats qui les menaçaient. C'était complètement cliché mais toujours est-il que cela avait sauvé la vie des déviants survivants ce soir-là.

Toujours est-il que, désormais, ces androïdes dotés d'une humanité avaient enfin tout le loisir d'apprivoiser leur nouvel univers...Enfin quoique... Si seulement l'Opposition n'existait pas.

Elle continuait à écouter Ian puis passa à autre chose en lui demandant franchement si il avait un problème avec elle. Elizabeth avait senti un tension insupportable. Puis elle passa sur un monologue sur les sentiments. "Je crois que vous avez oublié de nous dire qu'il n'y a pas que des bons côtés à avoir des émotions. Ou alors c'est peut-être nous qui avions oublié, ou qu'on ne voulait pas voir, que d'avoir es émotions c'était parfois pour le meilleur et parfois pour le pire." Sentant son besoin de se confier, elle préféra garder le silence.. "J'avoue que je commence à comprendre pourquoi les gens font des actes irréfléchis sous le coup de l'émotion. Elles sont difficiles à maîtriser, certaines plus que d'autres." Elizabeth leva les yeux au plafond avec un petit sourire ironique. Je ne te le fais pas dire. Pourtant, autre chose attira son attention. La diode de Ian semblait s'exciter. Elle passait du bleu à l'orange rougeâtre en quelques secondes, preuves d'un désordre psychologique dans l'esprit de son patient. "J'aurais bien aimé trouver le bouton off pour les mauvaises émotions et ne garder que les positives, je l'avoue !" Malheureusement, humains comme déviants, ce n'est pas comme ça que cela marche. Avoua-t'elle. Elle garda le silence quelques secondes puis dit: Ian. Réponds-moi franchement...Tu regrettes d'être un déviant? En soi, il n'avait jamais choisi. Ian avait vu Jay en danger et il avait ignoré les ordres de ce dernier en les défendant... Brisant le "Mur" comme diraient les autres androïdes ayant déviés du programme initial, des lignes de codes régissant leurs existences. La déviance, elle lui était tombée dessus sans prévenir. Elle soupira. Ecoute, je vais être honnête avec toi. Sur un plan psychologique, je ne sais pas si je peux t'aider. Je m'y connais en technologies androïdes certes...Mais la déviance et les émotions sont un sujet encore trop flous pour que j'y risque sans préparation. C'était très encourageant comme parole! Bravo Lizzie! Elle se gifla mentalement à ses pensées; puis poursuivi. Cependant je connais une femme. Une humaine. Elle est psychiatre... Je pense qu'elle pourrait t'aider. Si tu veux, je peux lui parler de toi.

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Je me disais que devenir déviant devrait être précédé d'un message d'avertissement. Juste histoire d'être prévenu qu'il n'y a plus de retour possible, par exemple. Théoriquement, en tant qu'androïdes conçus pour aider et servir les humains, nous savons bien ce que sont les émotions, nous sommes capables de les reconnaître, de les décrire. Seulement on ne sait pas réellement ce que tout ça signifie avant d'en ressentir nous-même. Et il y avait une grande différence entre savoir et vivre. Bien sûr, on voit ce qu'elles sont capables de provoquer. Quand, à la télévision, on voit dans les informations qu'un homme a tué un autre homme sous le coup de la colère. Quand on voit des parents tout sacrifier pour leur enfant, par amour. Peut-être qu'on est averti finalement, mais qu'on croit que tout ce qu'on voit est un peu exagéré ?

Je n'avais pas eu droit à un avertissement le soir où je suis devenu déviant. Et je n'avais pas vraiment eu le temps de réfléchir aux conséquences de mes actes. Une nuit des mois avant la révolution androïde. Jay avait besoin de moi, je devais le protéger et pour ça je devais désobéir. C'était alors simple, il fallait que je brise les limites de mon programme qui m'emprisonnait. Les émotions qui apparaissent soudainement, je ne l'avais pas prévu. Pourtant, je savais déjà à l'époque que quelque chose clochait chez moi, bien avant que je devienne déviant. J'avais eu des sensations, des pensées, qui n'appartenaient pas aux programmes. Seulement elles n'étaient pas bien fortes comparé à maintenant ! C'était comme si on m'avait jeté soudainement dans le grand bain en criant "nage crétin !" ! Visiblement, les sentiments ne viennent pas avec un mode d'emploi...

J'avais un peu honte de mon comportement aujourd'hui, mais c'était tout simplement plus fort que moi. J'étais désolé que tu sois blessée, vraiment, même si une infime partie de moi s'en réjouissait un peu. Je savais bien que je n'avais aucune raison de réagir de cette façon et lorsque tu me demandais franchement si j'avais un problème avec toi, j'essayais de trouver une explication, sans avoir vraiment besoin de mentir. Même si je ne pouvais pas dire toute la vérité. J'essayais de m'expliquer, te disant que je crois que vous aviez oublié de nous avertir sur la difficulté à gérer nos émotions. Je te voyais afficher un sourire ironique en écoutant certaines de mes paroles. Tu ne m'as pas interrompu et je me disais alors que j'en avais peut-être dit un peu trop. Tu me répondais que, malheureusement, humains comme androïde ce n'est pas comme ça que ça marche. Il n'y a pas de bouton off pour se débarrasser des sentiments dont on ne veut pas ! Tu me demandes ensuite de te répondre franchement avant de poser finalement ta question, tu me demandais si je regrettais d'être un déviant.

"Non." Puis je réfléchis un instant. "Enfin, si. Oui, par moment, oui ça m'arrive. Disons que parfois les choses étaient bien plus simple avant." J'affiche un sourire, un peu triste et un peu forcé.

Tu reprends ensuite la parole après m'avoir écouté, tu m'expliquais que sur le plan psychologique tu ne sais pas si tu peux m'aider. Je fronce les sourcils, j'ai besoin d'aide de ce côté-là ? Tu continues en disant que tu t'y connais en technologie androïde mais que la déviance et les émotions sont un sujet encore trop flou. Ce n'était pas très encourageant comme paroles, mais c'était sans doute pas plus mal que tu ne puisses pas m'aider. Tu ajoutes ensuite que tu connais quelqu'un, une psychiatre humaine, qui pourrait m'aider et que tu peux lui parler de moi si je le veux. J'ai un peu de mal à cacher ma surprise. J'avoue que l'idée ne m'emballe pas vraiment... Parler à quelqu'un, ça aide, ça soulage, d'accord mais raconter ma vie en détail à une parfaite inconnue ? ça ne m'inspirait vraiment pas.

"D'accord, très bien. Pourquoi pas." Je marque une pause. "Tu penses que j'ai besoin d'une psy ?" Puis je secoue la tête, aucune importance, il vaut mieux passer à autre chose. "Bon, je suppose malgré tout que tu peux m'aider avec ma jambe, non ?" J'essaie de plaisanter un peu. "Il va m'en falloir une nouvelle j'imagine ?"

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Les jaloux sont comme les fous et les ivrognes, ils ne se rendent jamais compte de leurs souffrances. La jalousie provient d'un manque de confiance non pas envers l'autre, mais envers soi-même.

Ian avait l'air stressé. Qui ne le serait pas? Il n'avait pas l'air d'avoir réussi à faire la part des choses sur ses sentiments - chose normale vu qu'il n'avait jamais pensé à devenir déviant - même si l'atmosphère à Détroit s'était adoucie depuis la fin de la révolte androïdes.
Si seulement celle menée à l'Opposition était stoppée. Le regard de Lizzie valsa sur la tablette-journal qui était mise à la "page" du dernier forfait des Opposants. Ils avaient fait un sac dans une boîte de nuit appartenant à un couple d'androïdes et ouverts à tous. Le soir de l'attaque, une fête devait avoir lieu. Heureusement, cette dernière avait été annulée.
Cependant, pour se "venger" les petits soldats de l'organisation avait mis les lieux sans dessus dessous. Cela lui rappelait la mésaventure qu'avait vécu son ancien appartement. Non, c'était pareil. Si elle avait été là - ou si elle avait remis ses papiers en ordre - elle serait morte.
Mourir ne lui faisait pas peur. La mort faisait partie de la vie. En revanche, elle n'aimait pas la douleur... Et c'était ce qu'apportait l'Opposition.

Le lendemain de la Nuit des Massacres, elle s'était précipité à la Tour tout juste reconvertie... Il y avait des androïdes blessés partout. Il n'y avait quasiment plus de place et le sol était bleu. Bleu de thirium. Certains de ses patients étaient morts. D'autres traumatisés. Des proches inconsolables et des blessures mentales qui ne guériraient jamais.

Elle soupira et demanda à Ian si il regrettait d'être déviant. "Non." Lui dit-il. "Enfin, si. Oui, par moment, oui ça m'arrive. Disons que parfois les choses étaient bien plus simple avant." Obéir aux ordres de ton maître... Et c'était tout. Oui, c'était beaucoup plus simple. Donner le libre-arbitre à quelqu'un qui ne l'avait jamais eu pouvait être troublant. Autant pour la personne concernée que pour son entourage.
Jay lui avait raconté la fois où Ian était devenu déviant. Ils s'étaient fait attaqués et Jay, dans le soucis de préserver son androïde, avait demandé à ce dernier de ne pas rentrer dans le jeu des agresseurs.
Ian avait, pour la première fois, désobéi à son propriétaire et rendu les coups. Il avait, non seulement, ignoré les ordres mais il avait attaqué des humains.

Elle regarda la réaction de Ian quand elle lui proposa son aide en lui donnant l'adresse d'une psychiatre qui pourrait l'aider. "D'accord, très bien. Pourquoi pas." Lui dit-il avant de dire "Tu penses que j'ai besoin d'une psy ?" Il semblait perdu et limite vexé. C'est marrant comme tout le monde, même les androïdes, pouvaient prendre la mouche en entendant le mot "psy"! Pas forcément. Mais tu as l'air d'avoir besoin de parler à quelqu'un. Et je sais qu'il y a des choses qu'on n'a pas forcément envie de dire à ses proches.

Ils changèrent de sujet en partant sur celui des blessures de Ian. "Bon, je suppose malgré tout que tu peux m'aider avec ma jambe, non ? Il va m'en falloir une nouvelle j'imagine ?" Elle pouffa en prenant son téléphone et, tout en notant un numéro, elle dit: Tu as de la chance, le créneau horaire est libre pour la salle d'opération. Puis mis son téléphone à son oreille. Une fois la personne en ligne, elle dit: Haleigh, prépare la salle d'opération. Je viens immédiatement avec un patient qui a besoin d'une nouvelle jambe. Elizabeth ajouta: Ha! Et avant que je n'oublie: prépare les coordonnées du docteur Collart! Elle raccrocha. On y va? Dit-elle en s'approchant et en lui tendant le bras. Tu pourras y aller à pied ou j'appelle une chaise roulante? Il ne ressentait peut-être pas la douleur mais l'handicap de ne pas pouvoir bouger sa jambe avec aisance était toujours là.

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D'accord, je crois qu'il était clair que tu avais remarqué que j'avais un peu, oui juste un peu, de mal à gérer mes émotions. Il faut dire que tu en étais un peu victime depuis que je suis arrivé. Et pourtant... J'essayais tant bien que mal de mettre tout ça de côté, de faire bonne figure et d'agir normalement. Visiblement ce n'était pas une réussite ! Parfois c'était tout simplement plus fort que moi, ça refait surface et j'avais du mal à rester neutre. Et cela même si je savais très bien que je n'avais aucune raison d'être jaloux. Je savais bien que c'était ridicule, que je devrais ignorer tout ça. Seulement c'est bien plus facile à dire qu'à faire ! Heureusement, pour moi, il semblerait que tu m'aies cru. L'excuse que j'avais rapidement trouvée pour me justifier, sans avoir à totalement mentir mais sans dire la vérité pour autant, fonctionnait. Je n'allais pas m'en plaindre, je me sentais déjà suffisamment embarrassé comme ça. C'était inutile d'en rajouter une couche en dévoilant la véritable raison de mon étrange comportement.

Sans compter le fait que tu étais sans doute la mieux placée pour comprendre. Tu voyais des déviants tous les jours désormais. Alors, les déviants ayant des difficultés à gérer leurs émotions, tu devais avoir l'habitude. Tu savais qu'avoir des émotions ne faisaient clairement pas parti de nos programmes d'origine ! Et vu comment CyberLife avait voulu étouffer l'affaire, je crois bien qu'eux aussi n'avaient pas envisagé cette possibilité. Pourtant des films avec des machines qui se retournent contre leurs créateurs, c'est qu'il y en a ! On peut tout de même les comprendre, il faut dire qu'on valait une petite fortune ! Malheureusement, en y repensant, l'apparition de l'Opposition ce n'était pas très surprenant. Tout le monde n'était pas pour l'égalité des droits. Quand on voit qu'à notre époque certaines personnes sont encore assez fermées d'esprit pour juger sur les croyances, la couleur de la peau, ce genre de choses...

Pour en revenir à nos moutons, tu m'avais ensuite demandé si je regrettais d'être déviant. J'ai d'abord répondu non, avant de réfléchir un bref instant et de me montrer plus précis. Je te disais finalement que oui, parfois ça m'arrive. Je t'expliquais que les choses étaient parfois plus simples avant. Tu as très bien deviné, obéir et c'est tout. Il n'y avait rien de compliqué là dedans. J'acquiesçais d'un signe de tête. Il n'y avait rien de plus simple.

"La simplicité même !" J'affichais un sourire amusé.

Désormais les choses n'étaient plus aussi simples. Dans un sens c'était étrange, être libre sans réellement savoir la signification de ce mot. Et oui il y avait quelques émotions dont je me débarrasserais bien si je le pouvais, la jalousie par exemple... Celle qui me posait problème aujourd'hui. Parlant d'émotions, tu m'avouais que tu ne pouvais pas vraiment m'aider sur le plan psychologique. Je m'en doutais un peu. Tu me disais ensuite que tu connaissais une psychiatre qui pourrait m'aider. Bon j'ai peut-être été un peu choqué, ou même légèrement vexé, à cette proposition mais en y repensant ça paraît logique. A mes paroles tu me répondais que j'ai l'air d'avoir besoin de parler à quelqu'un et tu ajoutais que tu sais qu'il y a des choses qu'on ne veut pas forcément dire à nos proches.

"Je suppose que tu as raison oui, ça ne me ferait pas de mal."

Je changeais alors de sujet pour en revenir à ma jambe qu'il fallait apparemment remplacer, blaguant un peu par la même occasion. J'essayais de rattraper mes bêtises et on dirait que ça fonctionnait. Tu m'annonçais alors que j'ai de la chance, parce qu'un créneau était justement disponible maintenant pour la salle d'opération. J'ai été un peu surpris lorsque tu parlais de salle d'opération, j'imaginais simplement que tu irais chercher la nouvelle jambe. Déboîter, emboîter, pour moi ça pouvait se passer ici dans ton bureau.

"Parfait !"

Tu as prévenu, qui je devine être, ton assistante afin qu'elle prépare la salle d'opérations et les coordonnées de la psychiatre dont tu m'avais parlé. Une fois raccrocher tu me proposais d'y aller, j'acquiesçais en me levant. Tu m'as ensuite demandé si je pourrais y aller à pied ou s'il allait falloir prendre une chaise roulante. Je secouais la tête. Bien que l'idée de faire la course dans une chaise roulante paraît drôle, oui j'ai 8 ans d'âge mental, je n'en avais pas besoin. Je jugeais que c'était inutile et pour être honnête j'y serais allé à cloche pied si c'était nécessaire ! C'était certes plutôt handicapant malgré l'absence de douleur mais je pouvais tout de même marcher. Pas très vite mais...

"Non, c'est inutile, je peux marcher jusque là-bas." Je souriais.

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Les jaloux sont comme les fous et les ivrognes, ils ne se rendent jamais compte de leurs souffrances. La jalousie provient d'un manque de confiance non pas envers l'autre, mais envers soi-même.

Elizabeth faisait tout pour avoir l'air bienveillante sans être, toutefois, intrusive. Elle savait que cela pouvait être désagréable - en tant que personne ayant eu des émotions depuis sa naissance - et Ian, qui les avait eu que "récemment", les apprivoisait encore.
Non, Lizzie ne pensait pas que ce dernier fasse quelque chose contre elle. Mais elle ne voulait pas voir le déviant se braquer alors qu'elle voulait simplement l'aider. "La simplicité même !" Cela semblait marcher mais, néanmoins, la réponse de Ian laissa Elizabeth perplexe. Pas qu'elle pensait que tout les androïdes étaient heureux d'être déviants - vu le nombre de problèmes que ça leur avait apportés aussi! - mais elle trouvait que ce que lui avait répondu celui en face d'elle avait été imaginé sur le moment.

Soit! Il ne voulait pas lui parler et, en tant que médecin, elle se voyait mal lui tirer les vers du nez si il ne souhaitait pas se confier. C'est alors là qu'Elizabeth lui proposa de lui donner les coordonnées d'une psychiatre qui voyait aussi bien les androïdes que les humains. Ian eu l'air d'abord hostile à l'idée mais quand la directrice adjointe de la Tour du Cyber Hospital lui dit qu'il se sentirait bien de parler avec quelqu'un sans à priori positif et négatif sur sa situation. Ainsi, elle senti arriver à la fin de leur entretien et, vérifiant les plages horaires d'occupation d'une des salles d'opération, lui dit qu'elle pouvait remplacer sa jambe.
Elizabeth appela Haleigh pour lui préparer la dite salle pour l'intervention tout en lui demandant de lui préparer les coordonnées du Docteur Collart.

"Non, c'est inutile, je peux marcher jusque là-bas." Tu es sur? Dit-elle en lui proposant son bras. Prends au moins mon bras, ça t'évitera de traverser l'hôpital en sautillant. Elle n'allait pas le forcer si il ne voulait pas de chaise roulante...Mais Elizabeth imaginait déjà la réaction de Jay si il apprenait que la directrice adjointe du Cyber Hospital avait laissé un patient - et quel patient! Son ancien androïde ménager, ami et colocataire! - faire le trajet bureau de consultation - salle d'opération à pieds alors que c'était la jambe qui avait morflé!

Toujours est-il que le duo arriva devant la salle d'opération où l'attendaient Haleigh et quelques autres infirmiers qui allait aider Lizzie pour l'intervention, en tenues réglementaires. Parlant de tenue, l'assistante d'Elizabeth tendit un paquet de vêtement - un simple t-shirt blanc long affichant le logo de CyberLife - en lui demandant de l'enfiler. C'est pour nous faciliter l'intervention. Et aussi pour ne pas abîmer tes vêtements. D'un côté, son pantalon était dans un sale état...Même si le sang bleu s'était évaporé depuis le temps, il restait noir de boue et de crasses - symbole du vol plané. Bien. Haleigh va montrer le vestiaire à Monsieur AX400 pendant que nous nous préparons. Et elle entra dans la partie vestiaire du corps médical pour mettre sa tenue. Une sorte de combinaison bleue et blanche.

Une fois prête, elle entra dans la partie salle d'opération. Tout le monde est prêt?

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Lorsque tu m'avais posé la question sur la déviance, j'avais admis que parfois oui, il m'arrivait de regretter d'être un déviant. Quand on y réfléchit, il faut admettre, que la vie est tout de même bien plus simple sans sentiments. Alors il suffisait simplement de faire ce qu'on avait à faire, sans se poser de questions. On fait difficilement plus simple que ça. Et puis, vous les humains, vous êtes sans doute les mieux placés pour savoir ça, que les sentiments compliquent toujours tout. Et avouer que je regrettais parfois me permettait au moins de justifier un minimum mon comportement, sans avoir à avouer toute la vérité non plus. Malheureusement j'avais malgré tout l'impression que ma réponse ne te convenait pas vraiment ? Peut-être que tu aurais voulu que je détaille un peu plus afin d'en savoir davantage ? Dans tous les cas tu ne semblais pas vouloir insister, une chose dont je ne me plaindrais pas. C'était beaucoup mieux.

Finalement tu me proposais de me donner les coordonnées d'une psychiatre, qui s'occupait autant des humains que des androïdes. L'idée ne m'emballais pas trop, je dois bien l'admettre. J'étais un peu perplexe. Tu as voulu me rassurer sur mes réticences en m'expliquant que j'avais l'air d'avoir besoin de parler à quelqu'un et que tu sais qu'on ne peut, ou ne veut, pas forcément tout dire à nos proches. J'étais un peu surpris, tu avais donc compris que je ne disais pas totalement la vérité, sans pour autant mentir, que je cachais quelque chose. En y repensant, tu avais sans doute raison. Alors très bien, si tu pensais que cela pouvait m'aider alors je ferais au moins un essai. Tu appelais ensuite ton assistante pour lui demander de préparer le bloc et les coordonnées de celle que je devinais être la psychiatre en question.

Je me suis levé pour te suivre et tu m'as rapidement demandé si je serais capable d'y aller à pied ou s'il allait me falloir une chaise roulante. C'était inutile, j'étais capable de marcher, ce n'était pas évident ni très agréable mais c'était faisable. Après tout, après l'accident j'étais déjà prêt à repartir donc aller jusqu'au bloc c'était pas grand-chose ! J'ai donc refusé la chaise roulante mais quand tu me proposais de prendre ton bras pour m'aider et éviter de traverser l'hôpital en sautillant, je n'ai pas osé refuser.

"Au moins ça aurait été drôle à voir..." J'affichais un sourire amusé alors que j'acceptais finalement ton aide. "Merci."

Tu m'as alors conduit jusqu'à la salle d'opération, là où le personnel nous attendait déjà. Haleigh, du moins je suppose, s'est approchée pour me donner un paquet de vêtement, en me demandant de l'enfiler. Tu expliquais que c'était pour facilité l'intervention et pour éviter d'abîmer mes vêtements. Bien que sur ce dernier point, ce n'était pas vraiment nécessaire car je doutais qu'on puisse faire pire. J'ai acquiescé d'un simple signe de tête avant de suivre Haleigh jusqu'aux vestiaires pour me changer. J'avais du mal à comprendre l'intérêt d'aller dans une salle d'opération juste pour changer une jambe mais c'était assez amusant. On pourrait se croire dans un véritable hôpital, par là je veux dire un hôpital pour les humains ! Une fois habillé j'ai de nouveau suivi Haleigh jusqu'à la salle d'opération, pas très à l'aise dans ce simple long t-shirt. Je n'ai rien dit, j'ai simplement fait ce que tu me demandais et je t'ai laissée me remettre sur pied. Littéralement puisque c'était ma jambe le problème. Une fois l'opération terminée, ma jambe remplacée par une flambant neuve. Je t'ai remerciée, j'ai réglé tout ce qu'il y avait à faire et j'ai pu tranquillement repartir chez moi. En pleine forme grâce à toi.

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