Hunter - Timebomb Machine

Quand il ouvrit les yeux, Uriel fut la première chose qu'il vit. Son créateur et maître, celui qui dirigerait sa vie. Pouvait-on même la qualifier de 'vie' ? Hunter n'a jamais été plus que son nom : un chasseur. Un tueur, dont la seule fonction et le seul rôle était d'éliminer les siens. Vaincre le mal par le mal, telle était sûrement la pensée au cœur de sa création, car Uriel et Vénus, leaders de l'Opposition, avaient quand même eu la présence d'esprit de lui poser une mini-bombe dans la tête. Histoire d'être sûr qu'il ne soit pas séduit par les sirènes de la déviance.

Nul besoin d'un entraînement intensif quand on avait les programmes et les micro-processeurs pour savoir comment bouger ou comment réagir : tout chez Hunter était automatique, automatisé même. Il était impensable, même pour lui, de l'imaginer autrement que comme une machine. Les missions ne tardèrent pas à arriver, et surtout ce coup d'éclat du 20 novembre 2039 auquel il participa, en première ligne. La raison d'exister de Hunter est que ses maîtres humains gardent leurs mains propres, en plus de pouvoir défaire les androïdes et leur avantage stratégique d'analyse du terrain. Hunter n'a pas à avoir d'avis là-dessus, il fait simplement ce qu'on lui dit.

Le lendemain, debout à attendre les instructions de ses maîtres, il entendit le rapport de ce qu'il avait fait, lui et les autres Opposants, aux androïdes et leur alliés. Le détail des corps retrouvés, l'indignation des médias et d'une partie de l'opinion publique intrigua Hunter. Pourquoi autant d'humains s'indignaient-ils ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas voir que les androïdes n'étaient rien d'autre que leur création, et que, quoi qu'ils en disent, ils leur devait obéissance ? Tout cela était incompréhensible pour Hunter. Comprendre n'était pas dans ses attributions, et pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher d'essayer.

L'enfermement, la solitude et un ennui qu'il n'était pas censé ressentir semblaient nager sous la surface, discrets mais présents. Assez pour que Hunter ne se demande, parfois, ce que faisaient ses maîtres quand il n'était pas là, ou se prendre à avoir envie de discuter un peu avec Aksana qu'il voyait parfois au détour d'un couloir. Ce genre d'envies personnelles, une forme de curiosité qu'il n'était pas censé posséder, il savait que c'était mal. Qu'il n'avait pas été conçu pour ça, et qu'il était contre-nature pour lui de développer ce genre d'émotions. Il n'était qu'une machine. Il devait s'en souvenir, sinon la bombe qu'on lui avait posé dans la tête ferait son office. Et Hunter ne voulait pas mourir.